L’acteur Redwane Rajel raconte au Théâtre Paris Villette le rôle salvateur du théâtre.
Un banc rouge, trois miroirs et une servante. Tel est l’espace dans lequel évoluera Redwane Rajel. Une étroitesse à l’image de sa cellule à la prison du Pontet, où il a passé deux ans à l’isolement. Un temps infini, qui laisse tout loisir à la dépression de vous envahir.
C’est Redwane lui-même qui nous raconte son histoire : il est désormais sorti de la prison où il a rencontré, lors d’un atelier théâtre, Olivier Py, qu’il nomme simplement Olivier. Son récit commence toutefois par le commencement, avec son enfance bercée par sa tante mediathécaire, toujours prête à faire jouer de petites scènes à son neveu. Vient ensuite l’horreur de la prison et, finalement, la rédemption, avec cette rencontre décisive, qui fit du taulard un acteur.
La mise en scène d’Enzo Verdet use de tous les objets à disposition de l’incarcėré : la servante se fait compagnon de fortune autant que réverbère, tandis que la silhouette de l’acteur se reflète à l’infini dans les glaces qui font face au public, symbole de l’enfermement autant spatial que temporel, avec ces jours qui ne semblent jamais avancer.
Le texte, coécrit par Redwane Rajel et Bertrand Kaczmarek, pêche certes par moments par quelques accès de lyrisme un peu facile ; il parvient néanmoins à transmettre les émotions de cet homme qui semblait vouer à l’échec.
Surtout, la programmation de ce spectacle au Théâtre Paris Villette donne à ce moment un air de rituel : le théâtre accueille en effet, tous les ans, le festival Vis-à-Vis, qui permet à chacun et chacune de voir des pièces de théâtre créées en prison. Ainsi, les mots de Redwane Rajel acquièrent dans cet espace si chargé sentimentalement une connotation particulière.
À l’ombre du réverbère, texte de Redwane Rajel et Bertrand Kaczmarek, mise en scène d’Enzo Verdet. Au Théâtre Paris Villette jusqu’au 23 novembre.
Visuel : Claire Gaby