« À l’avenir », la nouvelle pièce radieuse de Didier Caron
par Rose McCloud-Lieber25.07.2025
Dans le cadre du Off d’Avignon, Didier Caron présentait au Théâtre du Chien qui fume sa nouvelle pièce, À l’avenir.
Lorsque Lucas annonce à sa famille, les Letellier, qu’il veut devenir président des États-Unis, il n’obtient pas la réaction escomptée. Entre des parents qui ne croient pas en lui et une tante obnubilée par ses propres problèmes, il n’y a que son grand-père qui semble l’encourager à sa manière.
Une introspection familiale
En une heure trente, on assiste à une introspection familiale totale. Les rêves de Lucas font réfléchir chacun·e des membres de la famille sur leurs vies, leurs relations, leur passé et leur futur. À l’avenir permet de brosser intelligemment les portraits de différentes générations et de différentes personnalités, de la jeune businesswoman qui s’interroge sur les relations qu’elle n’arrive pas à créer avec autrui au grand-père médecin et alcoolique qui revient sur des parties sombres de son passé, en passant par le couple de parents en pleine crise. Flirtant par moments avec une psychologie des personnages un peu facile, Didier Caron réussit néanmoins toujours à rebondir avec finesse sur chacune de ses idées, menant un spectacle réussissant à être à la fois intéressant, drôle et émouvant d’un bout à l’autre.
De l’humour bien placé
Au milieu d’une atmosphère parfois assez dramatique, le public rit souvent à gorge déployée. Le spectacle commence et finit notamment avec les imitations de la SNCF les plus drôles que vous entendrez au théâtre, et chaque personnage – que les comédien·ne·s incarnent toustes avec justesse – réussit à avoir son sens de l’humour bien à lui ou à elle, ses répliques tranchantes ou ses blagues percutantes.
Un spectacle sur la transparence
Dans À l’avenir, tout est visible, dans le fond comme dans la forme : le passé des personnages nous est dévoilé au fur et à mesure, de même que leur intériorité ; et dans la mise en scène, tout se voit également. Les comédien·ne·s ne sortent jamais réellement du plateau : iels se changent derrière un portant de costumes présent au centre de la scène, et même le metteur en scène est toujours là, installé à un bureau à cour, participant par moments au spectacle en faisant des annonces « officielles » dans son micro, allant de celles de la SNCF à celles annonçant les changements de temporalités pour expliquer le passé des personnages.
Un spectacle sur l’ambition
Le sujet principal de la pièce est l’ambition. Le fils en a trop, le père pas assez – ce qui désespère la mère -, la tante l’a mal placée et le grand-père, lui, a été empêché dans la sienne à la naissance de ses enfants. À l’avenir nous fait réfléchir à ce que signifie être ambitieux à tout âge, ce que signifie communiquer au sein d’une famille et surtout cherche à montrer un besoin constant d’équilibre. Et le fait avec justesse.
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
Visuel : © Thierry Touzeau
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