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« 504 », le retour au bled de Mohamed El Khatib au Grand Palais

par Amélie Blaustein-Niddam
15.06.2025

Un musée ferme et un autre ouvre. Le Centre Pompidou s’installe dans le tout rénové Grand Palais pour une programmation d’été aussi grandiose que l’or qui pare les grands escaliers. Depuis ce week-end, c’est Mohamed El Khatib qui a ouvert le bal avec une rétrospective de cinq de ses pièces, dont une exposition : Notre musée.
La pièce d’ouverture, 504, est une plongée dans les souvenirs de celles et ceux qui ont roulé des jours pour un retour vers un pays perdu.
Un documentaire sensible, en résumé — c’est-à-dire une pièce de Mohamed El Khatib.

 

« Le livre de ma mère »

Imaginez une rangée de bagnoles garées sous la verrière, et devant elle un gradin de 400 places. Ce sont soit des Peugeot 504, soit des Renault 12. Et elles sont toutes très customisées. D’ailleurs, avant et après le spectacle, on a le droit d’y entrer. L’une est un ciné-club, l’autre un autel. L’une contient des dizaines de cassettes audio, une autre des bouquins, comme celle-là où un Coran surplombe Le Livre de ma mère d’Albert Cohen. Et il y a celle-là qui déborde de valises, de vaisselle, et même d’une cuisinière, le tout bien ficelé sur le toit. C’est à bord de ces caisses bien vintage, mais increvables, que des familles entières faisaient, très entassées, « la route du bled », c’est-à-dire un rituel annuel allant jusqu’au port de Marseille pour rejoindre le Maroc ou l’Algérie.
Mais nous allons un peu vite là ; peut-être, avant de vous parler du spectacle, faut-il vous rappeler ce qui caractérise l’œuvre de Mohamed El Khatib.

« Une Renault 12, c’est comme ta mère, elle ne t’abandonnera jamais »

Cet artiste se place dans le champ du théâtre documentaire qu’on a vu naître de façon massive au tout début du XXIe siècle. En 2012, on le découvre, alors inconnu, dans le OFF d’Avignon, dans la micro-salle de La Manufacture. Sa mère vient de mourir, et pour faire son deuil, il lui dédie un spectacle, Finir en beauté, que vous pourrez voir du 24 au 26 juin. Alors qu’elle s’éteignait, il l’a filmée, et il nous l’a montrée. Et on a ri avec elle, et on a compris avec lui ce que tous ceux et toutes celles qui perdent leurs parents ressentent : que l’humain se niche dans les pacotilles du quotidien, et qu’on peut être dévasté devant un geste oublié.
Pour ne pas oublier, Mohamed fait des spectacles au matériau très réel. Jamais de fiction, que des « vrais gens ». Il a le don de rassembler les bons témoins, de les articuler ensemble, pour que le documentaire devienne un spectacle.
On l’a vu rendre hommage au RC Lens, car sa famille s’est installée là-bas, ça s’appelle Stadium et vous pourrez le voir du 20 au 22 juin. On l’a vu redonner le sourire à des vieux et vieilles enfermé·e·s dans un Ehpad, dans La Vie secrète des vieux, qui abolissait le tabou sur la sexualité des plus de 70 ans — vous le verrez à partir du 19 juin. On l’a vu aussi, entre autres, traiter du deuil impossible des parents qui enterrent un enfant, ou des enfants qui découvrent que leurs parents sont aussi des êtres indépendants.
Voilà, c’est tout ça, Mohamed El Khatib. Maintenant, revenons au spectacle d’ouverture de cette rétrospective, qui s’appelle avec humour Le Grand Palais de ma mère.

« Une voiture sans musique, c’est un cimetière »

À bord de la mythique Peugeot 504, des familles maghrébines faisaient la « route du bled », le rituel du retour pour les vacances d’été au Maroc ou en Algérie. 504, c’est l’histoire racontée par celles et ceux qui l’ont vécue, de cet exil avec option retour.
Qui dit théâtre documentaire, dit témoignage. Mohamed a recueilli ceux des Maghrébins de Marseille et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le résultat est une pièce en deux parties : d’abord des témoignages directs, qui s’extraient des voitures, puis un film qui tisse le récit de ce « nomadisme pendulaire estival ». Alors, tour à tour, ils et elles sortent de leur Peugeot ou de leur Renault pour raconter ce trajet semblable à celui de leurs voisin·e·s.
D’abord, il fallait empaqueter bien plus que ce qu’une voiture peut supporter, histoire de « présenter bien », de montrer le bon côté de la France. Et puis, il fallait entrer dans la voiture, enfant, voyager dans le coffre ; plus grand, les genoux dans les talons. Et puis, il fallait rouler, passer la douane, défaire le paquetage miraculeux, le refaire du mieux possible, puis embarquer, puis débarquer, puis refaire le chemin retour, et recommencer l’année suivante.

504 est un pan d’histoire contemporaine qui raconte l’été routier en direction de Marseille, des années 60 aux années 90. On entre dans un intime familial, qui montre la distribution des tâches entre les mères et les pères, qui nous plonge dans la version des souvenirs — par essence différente — selon qu’on était au volant ou à l’arrière. Il montre le racisme, bien sûr, des flics ; il montre surtout la nostalgie et la douleur d’un entre-deux. Cette sensation d’être chez soi, ni ici ni là-bas.
On aurait aimé passer plus de temps avec les passagers bien vivants devant nous, entendre encore plus de témoignages. Finalement, la pièce est un peu trop rapide pour nous entraîner dans les jours et les jours de trajet, et peut-être retarder le moment du ciné-club.
C’est un spectacle qui, comme à son habitude, prouve la dextérité d’El Khatib à rendre magique le vivant ; qui donne une envie folle d’écouter Oum Kalthoum, et surtout de passer tout son mois de juin au Grand Palais.

 

504 est à voir les 15, 27 et 28 juin à 20H30. Le spectacle est suivi d’un dj set.

Informations et réservations 

Visuel : (c)Yohanne Lamoulère