Muriel Gaudin a écrit l’histoire d’Elsa. Elsa a tout pour être heureuse. Un mari, une fille, une maison, un jardin, un amant. Elle décide d’héberger Malik, mineur venu d’Afrique. La pièce riche de sens est à découvrir à La Reine Blanche dans la mise en scène de Pierre Notte.
Muriel Gaudin explique : « Ce projet est né d’une expérience personnelle. Mon compagnon, mes deux enfants et moi avons accueilli pendant deux ans un jeune migrant. Cette situation (une nouvelle personne qui entre dans un foyer, qui plus est un adolescent) m’est vite apparue comme une source de questionnements et de surprises. J’ai découvert dans cette histoire des fonctionnements étranges, mêlés d’altruisme et de repli sur soi, de générosité et de peur…»
Elsa a tout ce qu’il faut pour être heureuse. Un mari, une fille, un travail, une maison, un joli jardin … et un amant. Elle décide d’héberger Malik, mineur isolé venu d’Afrique. Les bonnes intentions submergent la petite famille et son mari, autant que sa fille, ne peuvent qu’être d’accord. L’aventure sera exaltante, le mélange des cultures fonctionnera à merveille. Les a priori aussi. On voudrait croire à une société occidentale perdue et chétive qu’un sang neuf débarquant d’Afrique viendra sauver. C’est l’air du temps. Dans un jeu de duperies et d’égoïsmes, les intrigues font se mêler autant que s’entrechoquer. Malik, vecteur de cohésion, sera aussi vecteur de division et chacun (on pense à Théorème) se révèle tel qu’en lui-même. Les hommes sont fragiles et pathétiques, les femmes sont volontaires, mais au prix du conflit et de la douleur psychique.
Le premier ravissement nous vient du décor plastique et mutant qui dit l’ambiguïté du propos. La mise en scène de Pierre Notte se construit autour de ces meubles transformistes et d’un rythme soutenu. Les comédiens sont formidables de vérité.
Au plateau, un musicien ponctue, accompagne et soutient le trait. La pièce ressemble à un roman d’aventures urbain. Le public reste captivé. Il découvrira que se combine toujours à l’amour, la haine, et aux bonnes intentions un invisible instinct de mort.