Dans une performance qui invite les spectacteurices à entrer dans une forme méditative, la chorégraphe canadienne semble vouloir écouter les morts dans un retour organique à la terre.
Nous sommes bien plus dans une installation que dans un spectacle. Le public entoure « la scène », un immense cadre recouvert d’un tapis de danse noir. Nous sommes assis.e.s de part et d’autre, un gradin subsiste, mettant volontairement à l’écart une partie des spectateurices. Donc, certain.e.s sont partie prenante au plus près, les autres sont un peu plus en posture de voyeur.
Durant les trois quarts de la pièce, nous respirons. Mais pas n’importe comment. Les deux artistes nous invitent à faire comme elles. Nous reproduisons à l’identique les « om » qui partent de la bouche ouverte pour vibrer le long de l’œsophage avant de se finir lèvres scellées. C’est extrêmement agréable. On ferme les yeux, on écoute les vibrations.
Ce faisant, elles décalent complètement l’idée de regard. On ressent plus qu’autre chose.
Dans la pénombre, on voit les corps se dessiner, Imara Bosco entièrement nue, huilée, et Momo Shimada juste en apparence, qui porte un body chair, on le comprendra plus tard.
La danse arrive en fin de chemin, une fois que les damné.e.s ont retrouvé la surface et la faible quantité de sable encore disponible. Et là, c’est la surprise. La force de Momo Shimada est imprévisible. Elle danse break, s’appuie sur sa tête ou sur son dos pour parcourir l’espace tel un fœtus à terme qui gesticule coincé dans l’utérus de sa génitrice.
We learned a lot at our own funeral est une expérience très étrange, à vivre plus qu’à voir.
Prix : 5 à 25 €
Visuel : @Montpellier Danse