À la Briqueterie, le festival de danse aux accents pluridisciplinaires s’est ouvert avec une nouvelle pièce du chorégraphe Vincent Thomasset où l’on traîne avec humour dans nos addictions les plus actuelles.
Au plateau il et elles sont trois : Arianna Aragno, Julien Gallée-Ferré, Claire Haenn. Il et elles ont des oreillettes dans les tympans et, face à elles et lui sont disposés des écrans de télé dont nous ne voyons pas le contenu.
La pièce se met en marche, et là, on se marre fort. L’idée est efficace en diable. Il s’agit d’une heure de scroll rapide sur TikTok ou sur les réels d’Instagram. Comme dans votre vraie vie, on passe d’une séance de yoga, à un tuto de gaming sur Fortnite, ou à une séance d’ASMR.
C’est délirant à souhait. Pour les interprètes, devenus des marionnettes, l’exercice est délicieux. Ils ne savent ce qu’ils vont jouer qu’au moment où le son et l’image apparaissent. Cela impose à leur corps un léger contre-temps qui rend l’exercice assez clownesque, tout rempli de raideurs volontaires.
On retrouve le Vincent Thomasset que l’on adore, celui qui, bien avant que cela ne soit tendance, malaxe la voix comme un matériel chorégraphique. Depuis plus de dix ans, il aime voir comment la pop culture se glisse dans les corps. Il a souvent questionné la perception, et s’est amusé des faux-semblants, comme dans Bodies in the Cellar, les Protagronistes, les Lettres de non-motivation et Ensemble, ensemble. Avant le début de l’épidémie, il avait amorcé un tournant avec le délicieux Carrousel, en tiraillant d’un bout à l’autre de la corde le libre et le contraint.
Vidéo-like est en ce sens une pièce qui rassemble tout ce parcours qui est allé de la performance à la danse pure pour, aujourd’hui, allier les deux dans une forme très actuelle.
C’est délicieux et très juste de voir le trio mettre en voix et en gestes toutes les vidéos que nous croisons à nos heures perdues.
Le festival les Excentriques ne fait que commencer, allez-y !
Vidéo-like sera du 12 au 16 mars à la Maison des métallos.
Visuel ©Laars and co