Dans le cadre de la Sélection Suisse, Soraya Leila Emery est invitée à présenter sa dernière création, Turn On, aux Hivernales, le CDCN de la ville.
Tout commence très bien. Les danseuses nous invitent à monter sur scène, pour celles et ceux qui le veulent, et commencent à interagir avec les volontaires.
Elles leur posent des questions sur leur consentement. « Acceptez-vous que je vous touche ? », « Puis-je vous prendre la main ? », « Est-ce que tu serais d’accord pour que je pose ma main sur ton cœur ? », ce genre de phrases, quand même très jolies. « Est-ce que tu serais d’accord pour qu’on s’allonge au sol ? » Et puis, doucement, le geste se met en place.
La danse s’installe entre les danseuses et les amateurs et amatrices du jour. On voit un duo se faire, s’allonger au sol, commencer à poser un geste léger. On comprend.
Au milieu de la scène, il y a un énorme décor en mousse, comme des coussins enchevêtrés les uns dans les autres. Rose pâle, un peu layette. On est comme dans un boudoir. Et le sujet de la pièce , on comprend vite, va être le désir, l’envie de manger l’autre, de l’avaler, de le dévorer, de le prendre dans son corps. Le décor se transforme en salon et en chambre. On est à la maison, il est temps de danser cette envie folle de l’autre.
On adore l’idée. Surtout le début, qui est étonnant, performatif à souhait. Et puis vient la danse, qui, pour le coup, nous déçoit pas mal. Elle est extrêmement sportive, engagée, et souffre du même écueil que Delirious Night, de Mette Ingvartsen : cette idée que l’énergie peut suppléer à l’écriture du mouvement.
Alors que dans la partie performance pure, interaction, débordement avec le public, les interprètes, pour le coup, sont au parfait endroit. On regrette donc que ce spectacle évolue vers une monstration un peu… un peu facile, d’un mouvement qui viendrait dire que la sororité l’emporte sur le désir. Que s’écouter les unes les autres pourrait éviter de grands drames.
Donc, sur le fond, Turn On est un spectacle sympathique. On passe un bon moment. L’interaction avec le public est particulièrement bien pensée. Mais on regrette que l’inventivité du spectacle se soit arrêtée là.