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Performissima : une anthologie de la performance

par Amélie Blaustein-Niddam
28.06.2024

Caterina Zevola est une programmatrice artistique franco-italienne. Après avoir occupé le poste de chargée de programmation culturelle au département de arts performatifs au Palais de Tokyo et celui de coordinatrice des résidences au CN D, Centre National de la Danse, aujourd’hui Caterina Zevola est responsable de la programmation arts vivants au Centre Wallonie Bruxelles à Paris. Nous l’avons rencontrée à Venise pour échanger autour de Performissima, son prochain festival qui se tiendra de 12h à minuit le 18 octobre.

Est-ce que vous pourriez me raconter ce qu’est Performissima ?

Performissima est le nouveau festival des arts performatifs, qui se tiendra au Centre Wallonie-Bruxelles le 18 octobre prochain. Ce festival naît d’une volonté de remettre au centre la performance telle qu’elle était au début de ses expérimentations dans les années 60 et 70, et de la détacher des imaginaires du spectacle vivant.

Ce festival est né d’une envie, d’un constat, d’une volonté partagée avec ma directrice Stéphanie Pécourt. L’idée était de rassembler un grand nombre de professionnel.le.s de la performance provenant du monde entier pour un ensemble de séquences performatives, une accumulation performative dans un format tout nouveau, et tout particulier, celui des marathons performatifs de 12 heures. Effectivement, Performissima, pour cette première édition, se déroulera de midi à minuit non-stop. Nous avons souhaité inviter à peu près une cinquantaine d’artistes provenant de 15 pays différents, principalement d’Europe, mais aussi de New York, des Philippines, de Thaïlande et d’autres pays.

Est-ce que vous pourriez définir ce qu’est la performance ? Comment avez-vous sélectionné les artistes ? Y a-t-il déjà des noms que l’on a pu voir en France, ou pas loin ?

La chose importante et particulière, c’est que la performance peut être beaucoup de choses à la fois. Pour cette première édition de Performissima, nous nous sommes concentrés sur des formes hybrides et transdisciplinaires, des formes qui n’appartiennent pas à des cases spécifiques, donc aussi l’impossibilité de trouver des adjectifs propres. Un autre détail important est la non-reproductibilité de la chose. Ce festival se veut comme une œuvre collective. Il y aura huit espaces de jeux, «stages», activés de manière spécifique, simultanément et avec un rythme défini par la dramaturgie même du projet.

L’idée est de proposer non pas des spectacles, mais la poétique des artistes invité.e.s. Nous avons invité les artistes non pour acheter des spectacles comme c’est souvent le cas dans les festivals, mais pour convier des êtres humains – les artistes – pour leur permettre de céder une partie de leur poétique au public. Ils et elles proposeront chacun.e une séquence performative, et toutes ensembles ils et elles composeront une partition commune.

Est-ce que ce seront des créations in situ, ou y a-t-il déjà des œuvres existantes qui seront transposées dans votre festival ?

Il y aura les deux. Il y aura des séquences extraites d’œuvres précédentes, des séquences d’œuvres en cours, et des séquences issues des carnets de notes, d’erreurs et de choses laissées de côté par les artistes. Il y aura aussi des mélanges. Par exemple, Mercedes Dassy va mélanger les personnages de sa précédente trilogie pour en faire un personnage hybride qui habitera un des « espaces de jeux » pendant 20 minutes. Certains artistes sont connus, passés déjà par la France, d’autres sont émergents. Certains viennent d’ailleurs, comme Barnett Cohen de New York, qui performera en France pour la première fois, ainsi que des artistes italiens et danois. L’idée du festival, c’est la proposition d’un moment suspendu, durant lequel on voit une accumulation performative. Il s’agira d’une véritable revendication pour le statut de la performance, qui est de moins en moins développé au sein des institutions, surtout françaises/parisiennes. L’idée est de constituer une anthologie de la performance en 2024, et les nombreux artistes que nous avons contactés ont tous répondu de manière favorable. Ils et elles m’ont tous fait part de la nécessité de cette invitation, car nous constituons un espace de sécurité et de liberté pour ces artistes, pour qu’ils et elles puissent montrer les extraits poétiques de leur choix. Il s’agira d’une occupation artistique, comme on le faisait dans les années 1970 dans les universités. Cette fois, ce sera dans un lieu institutionnel. 

Vous avez parlé de la performance comme non reproductible. Le festival, lui, a-t-il vocation à l’être ? 

Tout à fait. C’est la première édition d’un festival qui se veut annuel. Le public aura un rôle particulier en choisissant librement ce qu’il souhaite voir et circuler librement. Il n’y aura pas de parcours pré-dessiné. Il dessinera sa propre histoire performative. Nous avons déjà tissé un grand nombre de partenariats avec des instituts culturels tels que l’Institut culturel suisse, Pro Helvetia, les Goethe-Instituts, et la Maison du Danemark, l’Institut culturel italien, la Lituanie et beaucoup d’autres… Le festival se tiendra également au Centre culturel serbe, nos voisins du 131 rue Saint-Martin.

Pour les prochaines éditions, nous espérons nous développer dans d’autres centres culturels, pour tisser un lien, un réseau. Nous avons aussi invité deux écoles : l’école des Beaux-Arts de Paris et l’école de La Cambre à Bruxelles, avec des jeunes diplômé.e.s qui participeront également.

Visuel : © Chiara Kurtovic

Centre Wallonie-Bruxelles
127-129, rue Saint-Martin – 75004 Paris

 

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