Pour cette 9ᵉ édition de GRAND REPORTERRE, c’est la metteuse en scène Angélique Clairand (Théâtre du Point du Jour) et la journaliste franco-sénégalaise Coumba Kane (le Monde Afrique) pour nous proposer un retour historique et humoristique sur la «France-Afrique ».
Un ruban rouge barre la scène avant que la pièce ne commence. Le premier geste nous dit tout : couper le cordon. Comme une inauguration, comme une libération. Angélique Clairand et Coumba Kane, accompagnées des comédiens Quentin Alberts et Kadiatou Camara entrent sur une scène encombrée par les cordes et du linge à étendre -le linge sale laissé par la colonisation ?
Dans une performance dense, riche en information, les metteuses en scène interviennent sur un plateau aux allures journalistiques, reprenant point par point l’histoire des relations entre la France et ses anciennes colonies africaines devenues indépendantes. Centrant les propos sur les dirigeants et les chefs d’État, le point de vue est clair : d’un côté comme de l’autre, il ne s’agit pas d’essentialiser les peuple, mais bien de soulever des questions : quel regard nos dirigeants ont-ils portés sur ces pays pour qu’un sentiment «anti-France» se dégage lors de soulèvements actuels (comme cela a été le cas en août 2023 au Mali, au Niger).
Par cette performance représentée seulement deux jours et montée en quelques semaines, Angélique Clairand et Coumba Kane avaient une intention claire : proposer une interprétation des événements récents déroulés en Afrique et du ressentiment ressenti. Un mot revient particulièrement celui de « dignité ». Mais l’humiliation est montrée habilement : il ne s’agit pas de dégrader, mais bien de rire des dirigeants français, de leurs contradictions, de leurs scandales autant que les dirigeants africains qui ont participé à ce néocolonialisme par leur corruption.
Ainsi, la performance devient aussi un outil pédagogique dont on peut se saisir, parfois grinçant et crispant, mais surtout drôle et mordant.