Présentée au Centre Pompidou, saluée à Cannes où elle a reçu le prix de la Meilleure œuvre immersive, NOIRE, le manifeste antiraciste et féministe de Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud, d’après le texte de Tania de Montaigne s’installe à Avignon ,du 12 au 18, dans le cadre du festival Aires Numériques du Grenier à Sel. L’occasion rêvée ou plutôt cauchemardesque de plonger dans la réalité de Claudette Colvin pour ne plus jamais l’oublier.
Savoir n’est pas comprendre. Comprendre, c’est ressentir. Et pour ressentir, encore faut-il que le récit vienne vous chercher au bon endroit. Par le corps, les nerfs, la gorge. C’est exactement ce que propose Noire, création immersive de Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud, d’après Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin de Tania de Montaigne. Une œuvre qui bouscule les cadres de la transmission historique. Ici, on ne regarde pas. On entre. On traverse.
Claudette Colvin a 15 ans lorsqu’elle refuse de céder sa place à une passagère blanche dans un bus de Montgomery. Neuf mois avant Rosa Parks. On connaît la suite : le geste de l’une a changé le monde, celui de l’autre a été effacé. Trop jeune, trop noire, trop pauvre, trop enceinte. Elle ne cadrait pas. Ce n’était pas la bonne figure.
Noire choisit de la faire réapparaître, littéralement. En utilisant un dispositif de réalité augmentée (HoloLens 2, lunettes et casque à conduction osseuse), les artistes nous plongent au cœur de l’Alabama ségrégationniste des années 1950. Un bus, un banc, une fontaine séparée, des portes assignées. Des personnages en hologramme grandeur nature. Et surtout, Claudette. Muette, mais présente. Comme une réminiscence qu’il ne serait plus possible d’oublier.
L’expérience est physique. On se tient à ses côtés, on entend son silence, on sent le racisme systémique ronger l’espace. Le texte de Tania de Montaigne, limpide et tranchant, porte la narration. Le récit progresse, et avec lui la violence, sociale, politique, communautaire. Claudette connaissait Rosa Parks, elle a croisé Martin Luther King. Mais c’est elle qui fut arrêtée, et qui plaida non coupable. Une première. Personne n’avait osé.
Noire n’est pas un simple spectacle ni un gadget technologique. C’est un acte militant, un devoir d’histoire. En restituant la mémoire de Claudette Colvin, elle remet au centre celles et ceux qu’on a voulus invisibiliser, en particulier une jeune femme noire dont la jeunesse et la maternité ont effacé le courage. C’est un appel à revisiter nos récits, à entendre la complexité des luttes antiracistes et féministes au cœur des mouvements pour les droits civiques.
Au grenier à Sel, du 12 au 18 juillet dans le cadre du festival Aires Numériques.
13 séances par jour : 10h – 10h45 – 11h30 – 12h15 – 13h – 13h45 – 14h30 – 15h15 – 16h – 16h45 – 17h30 – 18h15 – 19h
Durée : 40 minutes
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