Le week-end d’ouverture du festival Moving in November était marqué par une forte horizontalité du public et une déconstruction franche des relations entre la scène et la salle. Après le choc de Work Body de Michael Turinsky, nous avons glissé dans le regard éblouissant de ce labyrinthe qui était présenté dans la très chic Kunsthalle d’Helsinki.
Maze, en anglais « le labyrinthe », ramène immédiatement à deux autres mots : amazing et glaze. Quel regard portons-nous sur l’incroyable ? Et si l’incroyable se nichait quelque part entre « l’entre-deux » et « l’ensemble » ?
Nous voici au milieu d’une salle de musée. Un personnage peint par Miriam Cahn nous regarde, au milieu d’autres œuvres plutôt abstraites. Et partout, au sol, on voit des câbles tisser des liens entre des sculptures et des formes. Cela va jusqu’à la figure d’une grosse pierre, de conques en bois, d’aplats en matière argentée, de petits instruments à deux cordes inventés, jusqu’à un personnage assis, sans bras, muni de pieds immenses.
Au bout des fils, on trouve la musicienne Julia Giertz et, tout près de nous, assise sur un banc, la danseuse Marie Topp, toute de bleu vêtue, chaussée de sandales marron. La terre et le ciel ? Sans aucun doute.
Marie pose son geste, oui, son geste au singulier et pourtant très pluriel. Assise, le dos bien droit, elle lève le bras à la perpendiculaire et place son regard vers une direction. Sa main pourrait saluer, mais elle s’arrête avant, elle se concentre sur le poids de l’air, elle fait entrer sa peau et son écoute dans la densité de ce qui l’entoure et les vibrations du son.
Le public est autorisé à se lever, à déambuler, à s’asseoir par terre, à s’allonger, à boire un thé en bord de performance. Il est libre, et pourtant, au départ, personne ou presque ne cherche à bouger, fasciné par la puissance de concentration de Marie.
Cela ressemble en tout point au travail sur la respiration de Myriam Gourfink, la chorégraphe française de la lenteur. Comme elle, elle campe un duo alliant l’expansion du souffle et la musique arythmique électroacoustique. La musicienne envoie des signaux électriques qui font résonner les éléments posés au sol. On entre précisément dans le mouvement des glandes salivaires, et dans les élévations du buste qui tangue au rythme des inspirations et des expirations.
Puis, le temps avançant, la pièce dure deux heures, le public devient acteur de ce labyrinthe de l’écoute. Il se déplace, se pose ailleurs, parfois pile en face d’elle, pour tenter d’attraper le Graal, c’est-à-dire qu’elle pose ses yeux dans vos yeux. L’échange prend alors une autre dimension, d’une intensité considérable.
Le corps devient lui aussi un transmetteur, un vecteur du son. On le sent, il y a un travail très précis sur le minimalisme du mouvement et sur le fait de vider la musique de toute mélodie dans l’objectif de toucher à l’essence d’une mise en commun de nos écoutes et de nos émotions.
The Maze est aussi fascinant que déroutant, c’est à cela que sert un labyrinthe, non ? Sauf qu’ici, on ne se perd pas, on se retrouve.
Mis à plat, les éléments décrits semblent arides, et pourtant, c’est tout le contraire qui advient, les deux artistes nous accompagnent dans ce flux en formes de boucles évolutives, qui font de l’apparition de quelques mots ou d’un poing qui se serre un événement d’une puissance rare.
The Maze est enveloppant, en plus d’être infiniment élégant.
Maze on ruotsalaisen koreografin Marie Toppin ja säveltäjä Julia Giertzin teos, joka esitettiin Helsingin Kunsthallessa Moving in November -festivaalilla. Teos tutkii kuuntelemisen ja kehon välistä suhdetta, hitauden ja läsnäolon voimaa. Kahden tunnin aikana yleisö kutsutaan liikkumaan, istumaan tai makaamaan tilassa, jossa ääni, hengitys ja liike sulautuvat yhteen. Maze on meditatiivinen ja herkkä labyrintti, jossa ei eksy, vaan löytää itsensä uudelleen.
Moving in november se tient jusqu’au 16 novembre à Helsinki
Visuel : ©JABLONSKI MOSTYN