L’attente était immense face à l’arrivée du jeune metteur en scène de 26 ans, Mario Banushi, au Festival d’Avignon. Son Mami, en hommage à toutes les mères qui l’ont élevé, se révèle être une collection d’images problématiques sur le fond et la forme.
Quand l’image se fait sur le plateau, nous commençons à douter. Nous découvrons de la terre au sol, un lampadaire et une maison en torchis. Il y a déjà du son qui se fait entendre et, malheureusement, il sera omniprésent dans une littéralité étouffante. On entend au loin un chien qui aboie. Puis viennent les images. Et immédiatement, elles convoquent des monuments de l’histoire de la performance. La question n’est pas de savoir s’il a vu ou non ces icônes de la culture du spectacle vivant. Lui a vécu à Athènes, comme Dimítris Papaïoánnou à qui, plus tard, il emprunte les corps qui souffrent. Pour le moment, nous voyons un fils changer la couche de sa mère. L’image est très ancrée dans la culture européenne. Elle appartient à Romeo Castellucci, qui, dans Sur le concept du visage du fils de Dieu, montrait la déliquescence du corps humain de la sorte, à part que le vieux corps était celui d’un homme.
Mario Banushi délivre une pièce dans la plus pure tradition du théâtre d’objet performatif. C’est-à-dire que les objets sont des corps. Il les pose sur la scène, les met en mouvement, et on les regarde évoluer. Les dos s’arquent comme dans une pièce de Peeping Tom et les voiles transparents entourent les marié·es comme chez Angélica Liddell. Citer les artistes, faire matière à partir des autres, n’est pas un problème en soi. On a même vu, au sein de ce même festival, Olga Dukhovna expliquer sa méthode d’upcycling chorégraphique. Il est logique que de jeunes metteurs en scène – Banushi n’a que 26 ans et cette pièce n’est que sa troisième – aient intégré des collections d’images et les fassent leurs.
Là où nous arrêtons de lui trouver des excuses, c’est dans son hypersexualisation des corps. Ici, nous voyons des corps, toujours nus ou en train de se déshabiller. Il y a une séquence de nu dans un aquarium, fesses en vue, qui n’éclaire en rien le sujet des enfants élevés par des femmes, sans père, qui est au centre de la proposition. Il en va de même dans une séquence de séduction réduite à de l’aguichage simpliste : regard en dessous, admiration dans le sourire. Les femmes creusent leur dos alors que, dans cette histoire, elles le courberaient plutôt. Il essaie de montrer toutes les étapes de la vie d’une femme, de la jeunesse à la mort, sans y parvenir.
Dans l’ensemble, Mami souffre de son manque de modernité, de références appuyées et de stéréotypes de genre trop soulignés pour en faire un grand spectacle de performance. Il cherche à faire de très belles images, mais ses choix de lumières dorées, appuyées par la bande-son illustrative, finissent par faire rempart entre nous et le beau sujet de la pièce.
في عرض « Mami »، ينقل ماريو بانوشي صورًا مسرحية قوية تعتمد على أجساد تُستخدم كأشياء، لكن العرض يغرق في تكرار مفرط للصور والاقتباسات المألوفة من تاريخ الأداء.
تفتقر المسرحية إلى الحداثة، وتلجأ إلى التمثيل المفرط للجسد الأنثوي دون مبرر درامي واضح، مما يُضعف موضوعها الأساسي حول العائلة والأمومة.
رغم الجمال البصري، فإن الصوت المرافق والإخراج المبالغ فيه يمنعان الوصول إلى جوهر العمل.
In Mami, Mario Banushi creates striking stage imagery rooted in object-based performance, where bodies become materials.
However, the piece suffers from overused references, excessive stylization, and unjustified sexualization, weakening its central theme of motherhood and absence.
Despite its visual ambition, the heavy sound design and golden lighting form a barrier between the audience and the emotional depth of the work.
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
Visuel : ©Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon