Le festival Transforme est le nouveau festival de la Fondation d’entreprise Hermès, il se tient au Théâtre de la Cité internationale jusqu’au 2 décembre. Nous y avons vu Tout l’univers, l’installation du plasticien Xavier Veilhan et du scénographe Alexis Bertrand. Cosmique !
Assis en quadrifrontale autour d’une structure modulable, tramée de fils, de tubes et de sons, nous assistons à une expérience tout d’abord totalement plastique. Ce mobile version géante est un temple de lumière. Les lignes de néons sont la signature clé d’Yves Godin, cet artiste qui éclaire depuis si longtemps le spectacle vivant. Le voici du côté de l’art contemporain pur. Cette œuvre est une installation pure, activée par des manipulateurs et manipulatrices de cordes qui vont faire bouger de façon chorégraphique ces barres plus raides qu’un dos chez Merce Cunningham. Le ballet s’opère au son d’abord des oiseaux, puis d’autres animaux, avant de quitter la terre, au-delà de notre système solaire.
Ève Risser, installée auprès d’un piano préparé, et Jérôme Tuncer, assis non loin d’un tourne-disque, vont tous les deux donner le LA à cet univers-là. Il est drôle finalement, il chante avec décalage et humour toutes les paroles très sérieuses des scientifiques. Amené de la sorte, notre statut de petit pois (et encore, on est sympa) au centre de l’univers en perpétuelle expansion n’est plus déprimant, il devient léger. Elle chante, il sample. À un moment même, les projections (de météorites ?) au sol prennent des allures de dancefloor interstellaires. C’est drôle, c’est électrique, et finalement pas si sérieux !
Si l’installation de Xavier Veilhan et Alexis Bertrand est déjà en tournée, vous pouvez tout de même continuer à voir les spectacles programmés dans le cadre de Transforme au Théâtre de la Cité. Ne ratez pas Black Lights, le manifeste féministe de Mathilde Monnier qui avait renversé le Cloître des Carmes du Festival d’Avignon. L’immense chorégraphe s’empare de la série H24 d’Arte pour la traduire en corps parlés. Cette militante à la beauté et à l’énergie urgentes est à voir du 29 novembre au 2 décembre. En même temps ou presque, vous pourrez découvrir le travail, également à la croisée de la danse et du théâtre, d’Hélène Iratchet, déjà repérée par les Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis (qui d’ailleurs s’offrent en ce moment une extension automnale nommée Playground et dédiée au tout public). La chorégraphe qui sera associée pendant trois saisons au CCN de Toulouse présente Les Délivrés les 30 novembre et 1er décembre.
Visuel : Vue de la représentation au TNB (Rennes) le 14 novembre 2023