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Gaël Santisteva : « Ce qui m’intéresse dans le spectaculaire, c’est justement ce qui ne se voit pas  »

par Lisa Galstian
24.04.2025

Du jeudi 22 au dimanche 25 mai, le festival Jogging du Carreau du temple revient en courant.  À cette occasion, nous avons rencontré Gaël Santisteva qui présentera son Talk Show les 23 et 24.

Comment est née l’idée du Talk Show ?

 

C’est venu assez naturellement, comme un constat évident à un moment charnière. Ça faisait déjà un moment que l’envie de faire mon propre travail scénique tournait dans ma tête. Et puis j’ai eu 40 ans. Je ressentais quelque chose de nouveau : mon corps n’était pas usé, pas encore trop limité physiquement, mais il y avait une forme de lassitude. Pas une fatigue au sens médical, mais une usure plus subtile. Une fatigue de la démonstration. De cette exigence de continuer à bien faire, d’impressionner encore. Quand on vient du cirque ou de la danse, on apprend à faire parler le corps. À le rendre lisible. À répondre à cette attente de virtuosité. Et puis un jour, ce langage-là commence à s’essouffler. Pas par manque de forme, mais parce qu’on sent que ce n’est plus là que ça se passe. Ou qu’on l’a trop fait. Alors j’ai eu envie d’un espace où l’on puisse juste dire les choses. Avec les mots cette fois. Un endroit sans obligation d’être spectaculaire. Où l’on puisse simplement s’exprimer. Sans chercher à séduire. Sans chercher à prouver. L’idée s’est installée comme une évidence, et elle ne m’a plus quitté. J’ai commencé à imaginer une forme, à construire une production. Talk Show est né comme ça. C’était la première fois que je me lançais dans un projet que je portais seul, du début à la fin. Et après quinze ans à chercher la performance et l’expressivité dans le mouvement, j’avais peut-être besoin de ça : rester un peu immobile, écouter, parler. Laisser le corps tranquille, au moins un moment, rire de ça, et voir ce que ça raconte. Très vite, j’ai eu envie de ne pas le faire seul sur scène. De partager ça avec d’autres. L’équipe s’est composée petit à petit, avec des personnes croisées sur ma route, de près ou de loin, et qui me semblaient avoir des choses à dire et de l’humour, de la distance. La première version a été créée avec Julien Fournier, Mélissa Von Vépy, Ali Thabet et Angéla Laurier, qui est décédée l’année dernière. Je suis très heureux de pouvoir continuer à faire vivre ce projet avec d’autres. C’était l’idée dès le départ : que le cast puisse évoluer. Seule condition pour rejoindre le plateau : avoir fait du cirque un métier et avoir plus de 40 ans.

 

Pourquoi avoir choisi ce format de « plateau télé imaginaire » ?

 

Je me suis dit que si on voulait vraiment parler de tout ce dont on avait envie, il fallait un cadre. Et un bon cadre pour ça, c’étaient des micros, des câbles, des chaises… un format « plateau télé ». Mais en vrai, je n’avais quasiment rien comme moyens. Alors c’est devenu un plateau très dépouillé – juste des micros et des chaises – d’où cette idée d’imaginaire. On faisait « comme si », et ça suffisait à ouvrir un espace.

Puis en poussant un peu les choses, en jouant avec les codes de la télé-réalité, j’ai eu envie d’ajouter des voix masquées, des perruques, des lunettes de soleil… Un dispositif qui permette de prendre un peu de distance, de se déplacer dans un autre endroit. Et là, tout d’un coup, ça devenait possible de dire des choses plus intimes, plus transgressives, avec une vraie liberté.
Pendant la création, on a exploré tout ça. On a passé des heures à parler dans les micros. C’était assez jouissif, vraiment. Parce qu’en fait, dès qu’on parle dans un micro, ça change tout. Ça donne une forme de légitimité. Comme si le simple fait que ce soit amplifié rendait la parole plus valable, plus écoutée, plus « spectaculaire » quelque part.

Et comme justement, ce que je voulais, c’était bousculer un peu cette idée-là – sortir du spectaculaire physique pour aller vers quelque chose de plus frontal, de plus sensible – eh bien ça m’a paru juste. Pour moi, qui ai passé des années à faire des acrobaties, de la danse, c’était une sorte de rupture. Un changement de langue. Un basculement nécessaire.

 

Il y a une part importante d’improvisation dans votre spectacle. Le public peut-il influer sur ce qui se passe sur scène ? Comment gérez-vous cette part d’imprévisibilité ?

 

Oui, l’improvisation est bien présente, mais dans un cadre assez défini. Ma posture est celle d’un modérateur. Donc quand ça dérape – et parfois ça dérape, ou ça floppe – après un petit vertige, je peux recadrer la discussion, ou faire glisser le moment d’inconfort vers un autre questionnement. Il faut voir la pièce pour comprendre comment ça fonctionne réellement.

Cette part d’inconnu, liée au fait que je ne sais pas toujours à l’avance ce que vont dire les invité·es, est plutôt grisante. Surtout parce qu’elle est vécue avec simplicité, sans chercher à en faire une démonstration, mais dans un esprit proche, presque confidentiel.

Quant au public, il n’est pas censé intervenir de façon directe. Mais ça arrive. Je ne peux pas tout dévoiler, mais oui, il y a des moments où une prise de parole du public devient possible. Si elle surgit, si elle a sa place, on la prend.

 

Pourquoi ce besoin de mettre la lumière sur les coulisses du monde du cirque ?

 

Je crois que ce qui m’intéresse dans le spectaculaire, c’est justement ce qui ne se voit pas. J’aime l’idée qu’on puisse voir comment fonctionne un tour de magie – pas pour le casser ou le ridiculiser, mais parce que ça révèle autre chose. Une forme de poésie contradictoire. Le moment où le truc est dévoilé, et que malgré tout, il continue à produire son effet. Et souvent, on découvre que c’est quasi rien, ça me touche.

C’est aussi une manière, pour moi, d’accepter la banalité du réel. De reconnaître que la vie, la mienne en tout cas, n’est pas faite que de moments exceptionnels. Et de faire avec ça. D’en tirer une forme de philosophie de l’acceptation.

Le cirque, le spectacle, c’est ce que je connais. C’est proche. Tous ces artifices, cette mise en scène, cette esbroufe – que j’aime aussi, profondément. Mais c’était le médium idéal pour tenter un renversement. Parce que derrière tout ça, il y a quelque chose à déplacer, une sorte de vide effrayant.

Je pense que le milieu du show-business, du music-hall, du divertissement, dont le cirque fait partie, a quelque chose de magique. Mais il est là aussi pour nous endormir. Comme les drogues, l’alcool, les réseaux sociaux. Comme tous les dérivés de la fête. On peut passer sa vie à s’anesthésier avec de la beauté, du fun, des discussions légères… et puis à un moment, on regarde derrière tout ça. On regarde là où il n’y a pas grand-chose et on l’accepte ou pas.

Est-ce que c’est thérapeutique ? On dirait…

 

Que dit le Talk Show sur la réalité des vies d’artistes de cirque ?

 

Probablement la même chose que sur n’importe quelle autre vie. C’était ça aussi, l’envie derrière ce spectacle : qu’on puisse faire des analogies, avec d’autres métiers, d’autres façons d’exister. Je crois qu’après vingt ans de pratique dans une discipline, quelle qu’elle soit, on en voit les contours. On sent les limites, les répétitions. Et on cherche des manières de continuer autrement. Avec le cirque, cette question arrive plus vite, parce que le corps fatigue. On n’a pas toujours l’air vieux, mais on commence à sentir que ça baisse. Il faut se déplacer, se réinventer, parfois plus tôt qu’on l’avait imaginé.

Et c’est là qu’il y a une friction intéressante. Un tiraillement entre l’élan initial et la réalité du temps qui passe. Parce que le cirque, c’est souvent un choix qu’on fait très jeune, avec beaucoup d’instinct, de passion. Et puis un jour, on se retrouve adulte, mature (soi-disant), et on se dit : tiens, c’est étrange ce que j’ai construit. Pas forcément un regret, mais une prise de conscience.

Ce qui me touche, c’est que cette sensation – ce décalage entre ce qu’on a choisi et ce qu’on vit – n’est pas propre au cirque. Elle peut résonner ailleurs. Dans beaucoup de métiers, on se sent mis de côté à un moment, écarté plus vite que prévu. Il y a une attente de performance constante, et quand le geste ralentit, on se demande quelle place il nous reste.

Alors Talk Show parle du cirque, mais il parle surtout de ça : ce moment de bascule où l’on regarde son parcours et qu’on tente, tant bien que mal, de faire encore quelque chose de vivant et d’unique.

Vendredi 23 mai à 20h et samedi 24 mai 2025 à 17h, au Carreau du Temple.

Informations et réservations

Visuel : © Alice Piemme