Performance

« Do you know this song », la berceuse participative de Mallika Taneja à Uzès

par Amélie Blaustein-Niddam
09.06.2024

L’artiste indienne était auréolée d’une belle attente au festival La Maison Danse. Malheureusement, la pièce, censée être de la performance pure, ne quitte jamais sa perspective récréative

Mallika Taneja est une artiste à suivre. Sa pièce Be Careful évoquant le discours de femmes sur la ‘sécurité’, a fait une grande tournée internationale. Elle multiplie les interventions comme Woman Walk at Midnight, Sex Chat Room et une initiative artistique appelée Lost & Found. Activiste, féministe, son arrivée en France, après le beau succès que la pièce Do you know this song a reçu au Kunstenfestivaldesarts, mettait tous les projecteurs sur elle.

Alors, tout commence plutôt bien. Installé en bi-frontal, le public est séparé d’un espace de scène comme un podium, fin et long. Elle est là, en jean et blouse brodée et elle installe minutieusement une petite centaine de poupées de chiffon de fortune. Elles se résument à un bout de tissu sur un fragile socle en fil de fer. L’image est superbe.

On entend une chanson, qui s’appelle « SoJaRE ». C’est une berceuse traditionnelle indienne. Elle dit : « Endors-toi, mon amour, erre au pays des rêves, mon amour, retrouve tous ceux que tu as perdus, abandonne-toi dans le bonheur, fonds-toi en eux rejoins-les, retrouve tous ceux qui te boudaient, prélasse-toi dans leurs bras, fonds. »

Le sujet de la pièce est là : elle cherche à arriver à retrouver ceux qu’elle a perdus, se fondre en eux, ou bien les fondre en elle, pour enfin arriver à se prélasser.

Pour y arriver, Mallika Taneja se sert de nous dans une approche très littérale. Elle fait de nous sa « famille », et nous apprend des chansons et des invocations.

L’idée est belle et infiniment pertinente. Oui, il faut vivre avec ses morts et ses fantômes dans une paix possible, il faut faire en sorte qu’ils ne nous hantent pas, mais au contraire nous apaise.

L’idée est claire.

Mais, la performance, qui devrait être une cérémonie qui nous transcende, se perd dans son étirement. Elle ne dure pas si longtemps, deux heures, mais l’exercice ne tient pas sur toute la durée de la pièce. La performance s’épuise au point de disparaître et devient un moment de chant collectif très amateur, parfait pour les enfants qui s’amuseront de la voir manipuler toutes ses poupées qui, comme on l’apprendra, détiennent un secret dans leur tête, mais ce secret n’est pas assez intéressant pour nous subjuguer. Or, son matériel et son sujet, pourtant totalement universel – tout le monde meurt –, ne nous parvient pas. Cela reste très en surface, et malheureusement, l’apaisement recherché n’est jamais atteint.

Le festival La Maison Danse Uzès continue jusqu’au 9 juin.

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