Au Centre chorégraphique de Rennes et de Bretagne, en un jour de neige, le chorégraphe, plasticien et performer que l’on apprécie tant nous convie à une hypnotique balade en forêt. Une véritable merveille à vivre allongé.e.s.
Avec Bouncing Universe in a Bulk, iel jouait avec le nombre et les contraintes, faisant évoluer des danseur·euse·s dans une mare d’huile. Avec Ciguë, iel donnait à son spectacle les accents intrigants d’un poison. Mais pour Deep are the Woods, iel laisse la lumière occuper le devant de la scène.
Cette fois, la danse se passe d’interprètes humain·e·s. Nous sommes d’abord invité·e·s à pénétrer dans une antichambre où l’on nous demande de nous déchausser et de déposer nos effets personnels. Une fois les consignes d’usage données, nous entrons dans une pièce où un point lumineux nous attend. On nous invite alors à nous allonger, marquant ainsi le point de départ de l’expérience.
Le ballet commence, et il est éblouissant. Rapidement, nous devenons les acteur·rice·s de ce spectacle, piqué·e·s par une curiosité presque enfantine. Ces lumières dansent, d’une manière résolument contemporaine. Les lignes se croisent, s’ouvrent, se dissipent, s’aplatissent. Par moments, elles ne sont plus qu’une mer de brume ou un horizon lointain. Nous, spectateur·rice·s, passons d’une posture à l’autre : nous nous levons, nous nous recouchons, nous nous asseyons en tailleur. L’expérience flirte avec la méditation, mais l’élégance suspendue de l’ensemble nous maintient connecté·e·s à l’extérieur.
Quand le soleil décline, la forêt s’embrase de rouge avant de se draper de bords blancs, nous enveloppant encore davantage dans cette intensité feutrée et confortable. Comment écrire et composer la lumière de cette manière ? Comment prévoir un tel parcours du soleil ? C’est tout simplement magique, à la fois futuriste et intemporel.
Cette plongée dans une beauté contemporaine fait du silence un·e allié·e et du temps une matière élastique qui résonne particulièrement bien avec le froid glacial de ce 21 novembre 2024 à Rennes. Cette plongée dans ces bois numérique à tout d’un feu de bois allégorique.
Le festival du TNB se poursuit jusqu’au 23 novembre
Visuel :©Bara Srpkova