Critique : STOMP et ses percussions cultes au Théâtre Bobino

Un spectacle « cult »…

15 millions de spectateurs et plus de 10 000 représentations en 30 ans. Créée à Brighton en 1991 par Luke Cresswell (percussionniste) et Steve McNicholas (comédien, musicien et auteur), la troupe originale de Stomp composée de huit artistes, six hommes et deux femmes, a fait salle comble partout dans le monde, de Hong Kong à Barcelone, de Dublin à Sydney, de New-York à Paris. Leur spectacle est une nouvelle forme à part entière : avant tout percussif, le tout est chorégraphié et écrit avec humour. Le décor : un lieu de travail où se trouvent balais, casseroles, tonneaux de plastique, éviers, poubelles en fer et en plastique, tubes métalliques… les tonneaux deviennent des batteries et les corps des instruments rythmiques. Les objets ne sont plus que des prétextes à faire de la musique, principe qui génère une originalité folle.

Qui se renouvelle formellement

En 2023, les artistes ne sont plus les mêmes, des séquences sont retirées, d’autres ajoutées avec de nouveaux objets (charriots, pneus gonflables…). Mais l’esprit reste le même, ainsi que la difficulté : chaque numéro demande une synchronisation parfaite, en plus d’un très haut niveau sportif et d’endurance physique.
Dans cette version particulièrement, on se rapproche du cirque : harnais, jonglage, clownerie, danse parfois acrobatique, claquettes… les performeurs sont des artistes complets à l’énergie débordante et communicative. Le public est également pris à parti : après le bouquet final du spectacle qui mélange divers morceaux et objets des épisodes précédents, comme dans le dernier mouvement d’une symphonie, l’un des percussionnistes n’hésite pas à nous faire reproduire des rythmes assez compliqués, et il dirige les derniers applaudissements.
Un grand nombre de spectateurs semblent avoir vu l’ancienne version du spectacle : lorsque c’est le cas, loin de s’amoindrir, l’émotion est décuplée. En effet, on meurt d’envie de retrouver les numéros qui nous ont marqués, amusés, et l’on éprouve en même temps la hâte de se laisser surprendre par les nouveautés. Mais paradoxalement, ce spectacle nous apprend qu’on n’est jamais autant (agréablement) surpris que par ce à quoi l’on s’attend.
Sur le chemin du retour, dans le métro, on voit un enfant essayer de taper des pieds et des mains comme les phénomènes qu’il a vus sur scène, et ses parents lui répondre dans le même langage…

Est-ce qu’un spectacle n’est pas réussi lorsqu’il nous donne envie de rejoindre les artistes ?