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13.11.2024 → 15.11.2024

« Chaos Ballad », le sordide sublimé de Samir Kennedy à la Ménagerie de Verre

par Amélie Blaustein-Niddam
15.11.2024

Il y a des spectacles, et il y a les spectacles de Samir Kennedy. Ce sont des expériences dont on ne se remet jamais vraiment. Toujours dans le cadre des Inaccoutumés, mais cette fois-ci également à l’occasion du festival Danse Dense, le performeur redonne à voir sa précédente pièce, Chaos Ballad, un huis clos solitaire, mélancolique et entêtant aux allures de boucles infinies.

Un « clown-pédé-triste »

Le mois dernier, nous découvrions enfin le travail de Samir Kennedy. Son nom était sur toutes les bouches de la communauté performative depuis plus d’un an, quand il avait joué au Théâtre de Vanves. La pièce The Aching et  le film Réunion portaient sur les deuils et nos fantômes. Nous apprenons que Chaos Ballad, créé en 2022, est un hommage à la chanteuse country Patsy Cline, qui a failli mourir une première fois dans accident de voiture pour finalement succomber à un accident d’avion à 90 ans. Samir Kennedy nous accueille dans un espace en bordel, le sol parsemé de détritus. Les objets présents sur scène nous sont tous familiers : un micro-ondes, une bouilloire, des déchets éparpillés, des papiers de bonbons, une poupée et plusieurs instruments de musique – un clavier, un vieux piano, un violon électrique. Le public est, lui aussi, parsemé, soigneusement dispersé. Le gradin est annulé, nous sommes autour de lui, mais pas exactement. Nous sommes, nous aussi, des rejeté.e.s, voyeurs et voyeuses de cette misère émotionnelle. Et puis il y a lui, une présence inouïe : un personnage désabusé, vêtu d’un slip troué et d’un porte-jarretelles rouge, qui n’est attaché à aucun bas, mais scotché à sa jambe avec du sparadrap blanc. Son visage est celui d’un clown triste. Il devient, citons-le : «Samir Campaign, le pire des clowns pédés tristes. »

Ultra-moderne solitude

On l’observe errer, presque absent de lui-même. Concrètement, ce spectacle est presque un concert. Samir Kennedy chante, et on le sait même très bien. Il va faire de tout bois, ou plutôt de tout ustensile, un instrument. Il enchaîne ainsi les morceaux de musique, leur donnant un rythme, un rythme extrêmement régulier, extrêmement maîtrisé. On comprend très vite que dans ce spectacle, il n’y a aucune improvisation, que tout est soigneusement écrit. Car oui, montrer le désordre demande beaucoup, beaucoup de rigueur. Et donc, pendant une heure, nous le suivrons dans une journée sans fin, qui semble être une boucle en perpétuelle répétition. Nous le voyons évoluer dans sa triste vie solitaire, du matin – on imagine – jusqu’au soir. Il suscite parfois le rire, parfois la tristesse, souvent un mélange des deux. La pièce est d’un sordide merveilleux. Ce n’est pas nouveau de faire du beau avec du laid, du grandiose avec du petit. Mais avec Samir Kennedy, c’est son talent qui surprend, sa présence hypnotique, sa capacité à créer des images jamais vues. Non, nous n’avions jamais vu une sorte de Roi-Soleil en vrac, chaussé de chaussures bruyantes augmentées de cuillères en métal.

« Crazy »

Souvent, en regardant cette performance, on a envie d’en voir plus, de rester ancré dans ce qui se déroule sous nos yeux, de ne pas le lâcher. On aimerait l’accompagner, le sauver, lui dire qu’il n’est pas seul, que nous sommes là, prêts à partager un burger avec lui – mais un bon cette fois. Car le sordide de ce spectacle se niche dans les moindres détails, jusqu’à cette nourriture misérable. On peut y voir une critique du capitalisme ou du consumérisme, ou un constat sur l’horrible condition humaine. Nous, les humains du XXIe siècle, souffrons fréquemment de n’avoir comme unique interlocuteur que l’ombre de nous-mêmes. Kennedy accumule tous les symboles possibles pour les démonter, les détruire, pour en faire des déchets, pour se transformer lui-même en déchet. Il y parvient en partie. Mais malgré son rôle misérable, il reste un grand seigneur. Il semble désormais impossible pour le milieu de la performance de l’oublier. Samir Kennedy a fait une entrée fracassante dans le monde du spectacle vivant, et il n’est pas près d’en sortir.

Visuel : © Samir Kennedy

 

Les Inaccoutumés : jusqu’au 23 novembre, à la Ménagerie de Verre, 12 rue Léchevin, 75011, Paris.

 

Danse Dense : du 13 novembre au 6 décembre 2024, lieux divers.