S’il y a bien un cirque que l’on ne présente plus à Paris, c’est bel et bien le cultissime Cirque Électrique ! Depuis 30 ans, ce lieu rayonne de cabarets, de performances enflammées et de moments suspendus qui en font un espace de contre-culture majeur. Pour son anniversaire, le Cirque Électrique a accueilli la fusion de deux superbes collectifs (DepressOund et Symphonies Dissonantes) pour un Cabaret Désaxé complètement explosif.
Après sa naissance en tant que Fanfare Décadente aux Arènes de Nanterre en 95 et de nombreux déplacements sur le territoire national, le Cirque Électrique pose chapiteaux et caravanes à la Porte des Lilas (Paris 20è) en 2005.
Cela fait désormais 15 ans que le chapiteau rouge emblématique du cirque attire les regards Porte des Lilas, et 30 ans que le Cirque Électrique et ses équipes proposent des espaces d’espoir, de vie, d’interrogations où les arts hybrides et l’électro-punk-rock se conjuguent et se subliment.
Plus qu’un espace de spectacles, le Cirque Électrique est un lieu de vie populaire qui fait battre son plein à la vie de quartier tout en permettant aux habitant.e.s de venir profiter de la terrasse et du jardin urbain.
À peine un pied posé dans l’arène du Cabaret Désaxé, les sourires se dessinent et les visiteureuses alternent entre l’espace en plein air, le Big Top et le Nouveau Tigre. À l’extérieur, un marché d’art est installé pour le week-end : on retrouve l’artiste plasticienne Jano et ses sublimes risographies, les habits upcyclés de Olga Phalm Studio, les portraits d’Alexandrine Elle ou encore des stands de maquillage, de sérigraphie et de coiffure à prix libre. Sublimé, le public évolue au rythme des spectacles plus époustouflants les uns que les autres.
Mais si vendredi, le soleil couchant éclairait encore l’ambiance familiale de fin d’après-midi, quelques heures après la sortie du Bal des Putes, la décadence de la fête battait son plein dans un mélange de créatures chimériques déguisées et maquillées pour l’occasion, au rythme trash des groupes punk et techno du Nouveau Tigre. La pluie du samedi n’a été qu’un détail de cette fête tant attendue. Au cœur de cette organisation, c’est la bienveillance de l’autogestion qui rayonne par les équipes du cirque et une tribu de bénévoles aux bracelets jaunes.
Entre spectacles, émotions et concerts, le Cabaret Désaxé a tenu sa promesse et nous en a mis plein la vue !
Au travers d’une lettre d’amour à la communauté des travailleureuses du sexe (TDS), cinq performeuses nous offrent deux heures de spectacle fait pour et par les TDS Kata Loba, Djombo Godess, Olivia Verner, Malena et La Baphomette ; un spectacle où toutes les émotions traversent l’assemblée. Tout du long les cris fusent : encouragements, surprises, joies, tout se mêle sous le chapiteau.
S’il est clair que l’intime est politique, elles nous le prouvent dans des discours puissants au travers desquels elles témoignent de leurs expériences, heureuses ou malheureuses, nous sensibilisant sur le manque de législation française concernant cette profession.
Dans un spectacle pluridisciplinaire où pole dance, solo de corde de feu, chants, strip-tease, entre autres, se dévoilent sous nos yeux, les cinq TDS métamorphosent le chapiteau en un lieu de pouvoir où elles récupèrent leurs corps, leurs récits et leurs sexualités.
Debout, le public applaudit avec émotion et frissons cette sublime proposition artistique et humaine dont on retient la puissance, mais aussi la tendresse radicale du regard sorore, fier et encourageant les unes envers les autres.
Visuel : capture d’écran Instagram Symphonies Dissonantes.
Les prochains spectacles au Cirque Électrique :
Chromarium du 16 au 20 avril
Les déesses de la fesse du 23 au 26 avril
et tant d’autres à découvrir sur leur site !
Les instagram des artistes du Bal des Putes : Kata Loba, Djombo Godess, Olivia Verner, Malena et La Baphomette