À Metz, le Passages Transfestival dessine des lignes de front artistiques où se rencontrent et se subliment création, transdisciplinarité et luttes historiques et contemporaines. Avec comme étendard « Liberté o futuro », les équipes du festival et la programmation offrent un souffle rafraîchissant, nourri par la vision contemporaine du directeur Benoît Bradel, qui fait de Metz un carrefour où la vie bat et se bat.
Passages, c’est un mot qui évoque les seuils, les ponts, les traversées. À Metz, c’est devenu un festival qui fait de la transdisciplinarité non pas un mot-valise, mais une direction artistique forte. Théâtre, danse, concerts-performances, installations, prises de parole ou formes hybrides : ici, aucun art ne surplombe l’autre, tous se rencontrent, se conjuguent et s’élèvent. Le tout dans une volonté de décloisonner, de décoloniser nos esprits et nos scènes, de déranger les catégories — esthétiques, culturelles, politiques.
Sous l’impulsion de Benoît Bradel, le festival assume cette volonté de dépasser les frontières, de mélanger. Et ça se ressent. Dans les salles, sur les plateaux, dans les rues mêmes de Metz où l’on peut voir des œuvres de l’artiste Gê Viana, exposée dans la sublime galerie Octave Cowbell pour l’exposition Terra Pretta, aux côtés d’Uýra Sodoma. Les spectacles, Monga, Un champ brûlé – entre autres – témoignent tous de cette volonté de changement et de mise en valeur. Nous n’assistons pas insensibles aux performances, nous sommes traversé.es, parfois déstabilisé.es, mais surtout subjugué.es Et c’est à cet endroit-là de croisement de l’art, de l’humain que tout opère.
Ce que Passages réussit à faire à Metz n’est pas seulement important à l’échelle locale, c’est également un geste puissant et nécessaire tant sur le plan national qu’international. Le festival offre un espace où se rencontrent artistes russes en exil, performeuses brésiliennes, créatrices afrodescendantes, voix queer et voix dissidentes. Et cela ne relève pas de l’invitation ponctuelle : c’est le cœur battant du festival.
C’est un territoire qui s’élargit, un espace de respiration pour les récits qui habituellement suffoquent. Pour les langues et les corps qu’on muselle ailleurs. Ce festival est une fête, où les luttes prennent forme dans les corps, les paroles, les silences, les tissus, les musiques…
Passages Transfestival laisse une trace, et ce depuis déjà 29 éditions. Il insuffle de quoi penser et repenser notre monde, mais surtout de quoi vibrer.
visuel :
©affiche du festival
©Lilia Zanetti