Dans le cadre du cycle TransDanses de l’Espace des arts de Chalon-sur-Saône, nous avons découvert la pièce de Justine Berthillot et Mosi Espinoza On ne fait pas de pacte avec les bêtes quelques jours après sa première au Cirque-théâtre d’Elbeuf.
Cette proposition théâtrale, acrobatique et chorégraphique est l’adaptation scénique ou, si l’on préfère, la transposition d’un film en cours d’achèvement réalisé par le couple artistique, vu à l’issue de la représentation, tourné lors d’un voyage exploratoire en forêt amazonienne péruvienne. On comprend mieux par les images et les entretiens de ce court métrage vidéo que par les monologues joués live les enjeux de la pièce.
Les prises de vue aux sources du fleuve Amazone présentent ce qu’il reste encore de nature dans la région ainsi que des témoignages de personnages et de personnalités faisant partie de la population amérindienne. Deux buts distincts sont poursuivis par Justine Berthillot et Mosi Espinoza. La mission relève d’une part de l’étude sociologique, anthropologique, ethnographique et, de l’autre, de la mise au point et du rodage des numéros circassiens destinés à une création produite par différents établissements culturels français, offerts en primeur aux enfants et aux villageois de la province d’Arequipa.
Sans le film, On ne fait pas de pacte avec les bêtes ne serait qu’une pièce d’agitprop de plus, agrémentée, certes, d’un décor pittoresque, typique, coloré, fabriqué pour les besoins de la cause humanitaire ou politique à Elbeuf. Un spectacle de plus, d’une durée d’une heure vingt-cinq. Du théâtre à l’italienne mis en scène de manière traditionnelle. Où, par conséquent, le contenu prime sur la forme. Référence est faite non seulement à leur documentaire, mais également à deux longs métrages de fiction de Werner Herzog : Aguirre, la colère de Dieu (1972) et Fitzcarraldo (1982).
Le premier traite de l’expédition de Pizarro à la conquête du Nouveau Monde pour le compte du roi d’Espagne, contrariée par la mutinerie d’Aguirre, qui cherche, lui, l’Eldorado en descendant l’Amazone ; le deuxième est le rêve d’un exploitant du caoutchouc décidé à construire un opéra à Iquitos, en pleine forêt péruvienne… La réalité contemporaine est tout autre, les natifs estant en justice depuis des dizaines d’années contre la Marine pour récupérer le territoire occupé par l’armée, vivotant dans des conditions misérables, mais tenant à préserver leur langue, leur culte et culture chamaniques en phase avec la nature. Celle-ci est symbolisée sur scène, côté cour, par un monticule figurant un volcan en activité : le Machu Picchu.
Visuel : Justine Berthillot dans On ne fait pas de pacte avec les bêtes © Julien Piffaut