Dans le temple belge du Off d’Avignon, entendez le Théâtre des Doms, Marie Devroux s’attaque au capitalisme dans une conférence performée, classique et efficace.
Marie Devroux nous attend seule en scène, assise à une table. Sur la table, il y a un petit verre d’eau et un tout petit piano. Il y a aussi deux chaises et un grand écran, sur lequel, rapidement, elle projette des explications sous forme de gribouillis. Le sujet est une mission : venir à bout du capitalisme par « d’autres moyens ». Mais voilà, quels moyens ? Très vite, les propositions se heurtent à des réflexions du type : « Ça ne marchera jamais ». Et si, au lieu de se résigner, on prenait au sérieux les paroles de gens très sérieux sur la question ?
Bientôt rejointe par Aminata Abdoulaye Hama, Leïla Chaarani, Ferdinand Despy et Sasha Martelli, à coups de « coucou » très rigolos lancés au public, elle met en place une leçon de militantisme par l’exemple. Les propositions n’ont rien de foutraques : salaire à vie, réduction du temps de travail, entraide renforcée, etc. Sans glisser dans le participatif, la pièce nous donne des moyens simples de rejoindre la lutte, comme signer une pétition ou participer à une caisse de grève.
Sans angélisme, Marie Devroux met en scène les limites de son projet. À petite échelle, tuer le capitalisme semble possible. Mais au-delà d’un certain nombre, comment éviter que l’humain ait envie de garder le pouvoir pour lui seul ? Elle ne souhaite pas faire la Révolution toute seule, mais rappelle que le moindre geste, la plus petite prise de conscience peut empêcher la « catastrophe » d’advenir. La pièce se tient quelque part entre la réunion de section et le théâtre. Même si le quatuor nous amuse souvent avec ses jeux de regards un peu ahuris, la pièce souffre de quelques longueurs : l’heure vingt-six annoncée traîne un peu et se délite sur une fin un peu facile.
Du 5 au 26 juillet à 21h45 (relâche les 9, 16 et 23), au Théâtre des Doms, durée 1h26.
Le Festival d’Avignon se tient jusqu’au 26 juillet. Retrouvez tous nos articles dans le dossier de la rédaction.
Visuel : © affiche