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10.03.2025 → 11.03.2025

Orphans, au ban de la raison

par Noé Raoulx
10.03.2025

Un type s’est fait planter dans la rue. Là, juste en bas, devant chez Ian. Sous vos yeux presque, enfin pas loin, pas là là, mais pas loin. Il faudrait appeler la police. Faisons-le. De ce pas. Oui, il faudrait faire quelque chose quand même, qui sait ce qui pourrait lui arriver ? Pourquoi devrait-on le laisser crever là ? Pourquoi ? 

C’est un crime presque pas fait, c’est un t-shirt floqué d’un aigle énorme et ridicule, c’est une critique acerbe des acoquinements racistes dans notre chère Amérique ; c’est Orphans. 

Sommaire 

Musique assourdissante. En deux temps trois mouvements les comédiens alignent quatre planches et posent un plateau sur des tréteaux. Silence. 

Le couple s’apprête à passer à table, ils ont quelque chose à fêter mais un type couvert de sang s’avance vers eux. Il regrette instantanément, voudrait que la pièce n’ait jamais commencée et qu’il puisse repartir comme si de rien n’était ; ne vous dérangez pas surtout, j’ai aidé ce gamin blessé tout à l’heure, non non, non merci pas de verre, enfin d’accord un rien de blanc, un rien… Et maintenant il est là. Avec le sentiment de malaise latent qu’accompagne sa présence. Que faire ? Cette question dont la réponse évidente apparaît d’entrée de jeu aux trois personnages se heurte à un frein inexplicable ; appeler au secours, déléguer ce cadavre du coin de la rue aux autorités, oui, mais… Et s’ils le soupçonnaient, avec tout ce rouge sur ses vêtements ? C’est mon frère après tout, et il est si malchanceux… 

S’ensuit un ballet répétitif de petits renoncements, un raisonnement tronqué qui finit, à force de boucles, par admettre puis par commettre l’inacceptable. 

 

 

Les rhinocéros sont des bestioles magnifiques

Le système déployé dans cette pièce est un fusil à un coup ; le drame a déjà eu lieu dans des circonstances troubles, mais l’on voit venir d’assez loin les différentes révélations qui en dévoilent les circonstances exactes. Tout l’enjeu réside dans une mécanisation du système de pensée des personnages, dans un ensemble de petites machineries de rien qui s’enclenchent les unes après les autres à mesure que des interactions dérisoires les élancent. Cet aspect robotique emprunte à Lagarce ses épanorthoses et autres figures d’itérations dans le texte, présentant trois voix qui passent leur temps à buter sur elles-mêmes et à n’avancer qu’avec douleur vers la prochaine conclusion, vers la prochaine concession. Les deux premiers tiers de la pièce s’écoulent alors en une (assez longue) tergiversation quant à l’appel ou non des forces de l’ordre et de tous les scénarios les plus improbables qui pourraient affecter ce frère couvert du sang d’un autre mais évidemment innocent. Toute la scénographie se règle enfin sur la mise en valeur de ces raideurs ; Jolente De Keersmaeker, le directeur du petit groupe de corps (composé pour cette pièce d’Ibtissam Boulbahaiem, d’Atta Nasser, d’Haider Al Timimi et de Keersmaeker lui-même) choisit de garder le plein contrôle sur leurs mouvements, et cherche la plupart du temps à codifier les larges distances qui les séparent, à appuyer leurs étreintes à l’extrême. Que tout sonne faux, voilà l’enjeu. On sait, ils savent, mais ils poursuivent, l’engrenage est déjà lancé, à quoi bon l’enrayer ? 

 

 

Valeur actuelle 

Cette pièce, dont le texte se date à plus de 10 ans (rappelons que Denis Kelly l’édite en 2009) trouve dans les évènements les plus récents un écho glaçant ; les progrès historiques d’un conservatisme américain (mais pas que) prêt à excuser quelques accidents de parcours pour peu qu’ils soient racisés permet l’installation de la pensée mécanique décrite précédemment, sa pérennisation dans les mœurs. Pourtant, les personnages ne semblent pas ‘ultra’, ils rejettent les idéaux nauséabonds qu’on pourrait intenter à un tel acte quand ils apparaissent au hasard des dialogues ; le tueur lui-même s’en dédit en apparence. Sclérosée par la peur, la classe moyenne ici dépeinte se regarde sombrer dans une dialectique de la déshumanisation qu’ils génèrent et auto-entretiennent autant qu’ils la reçoivent du monde extérieur. Cette construction fonde ses bases sur un point précis : la banalisation de l’horreur et de la violence, la dédramatisation de ces dernières qui se mettent à intervenir intempestivement en plein milieu des conversations, parfois sans autre but que d’appuyer des arguments fallacieux ou insignifiants. Parfois sans aucun but tout court. Pour rien. Puis, malgré cette décomplexion et à l’image de l’ensemble des sociétés occidentalisées, le couple s’applique consciencieusement le bandeau sur les pupilles et serre aussi fort que possible pour ne pas réaliser qu’ils baignent déjà dans un sang qu’ils voudraient propre ; forts de la croyance enfantine qui stipule que fermer les yeux fait disparaître le monstre, ils s’efforcent admirablement à prendre sans trêve le parti du frère, pourtant indubitablement coupable depuis son premier pas sur scène. Ce mouvement de refus du réel couplé à son inlassable retour contient et congestionne toute la critique adressée par l’auteur à la société dans laquelle il réside, et dans laquelle, malheureusement, nous devons bien admettre résider avec lui. 

 

 

Qui est-il ? 

Reste l’identité de la victime, dans laquelle se cristallise la question la plus pertinente de la pièce ; quid de l’autre ? Tant que l’individu est absolument indistinct, qu’il est un être humain comme vous et eux, l’avis général est orienté vers son secours. Mais, après quelques progrès qui suggèrent qu’il puisse être un criminel, qu’en est-il ? Si la présence du frère sur les lieux aboutissait à sa condamnation, alors qu’il a seulement voulu aider ? Le visage de l’autre est transfiguré à mesure par l’auteur, pour que nos sentiments à son égard varient ; mais jamais son image n’est arrêtée, elle demeure, à l’instar du crime, mouvante. Jusqu’au dernier acte. Dans un précipité de répliques et un monologue final opéré par un narrateur jusqu’ici absent des débats, la forme se vidant de sa vie sur le bord d’un trottoir prend contour et fonction, mais surtout ethnie. Le crime devient subitement absolument injustifiable, purement gratuit et résultant d’un racisme qui ne cherche plus vraiment de prétextes pour se déployer. C’est une condamnation lourde de l’auteur, mais aussi et surtout une prise de conscience finale que dans l’autre réside quelqu’un. 

Ces belles paroles méditées, la pièce est victime d’un étrange coup de vieux ; pour actuelle qu’elle soit, extrêmement en phase avec les dynamiques politiques américaines d’aujourd’hui, les procédés qu’elle emploie sont déjà vus et revus et la morale assez évidente. Je m’amusais précédemment du rapprochement d’avec la pièce d’Ionesco, mais il me semble que le progrès vis-à-vis de ce texte de référence réside dans un simple retournement de manteau pour faire échouer le langage là où l’auteur absurde l’asservissait. Quant au trait raciste donné aux évènements, rappelons qu’on tuait des arabes avec détachement dans L’étranger en 1942, et même si Meursault n’essayait pas alors de s’en excuser ses semblables l’excusaient d’office, à la manière des protagonistes désarmants de Kelly. La pièce maîtrise ces aspects à n’en point douter (et du reste le jeu de la troupe est très convaincant dans la dimension mécanique désirée), mais n’apporte rien de neuf. On restera quelque peu sur notre faim, nous n’aurons à nous mettre sous  la dent que l’espoir vague qu’un engrenage finira par sauter tout en étant convaincu qu’il n’en sera rien. On ne s’ennuie pas, l’huile est celle des tragédies puisqu’après tout on connaît déjà la fin, mais la perte de toute élément de surprise et le piétinement perpétuel des dialogues gâche quelque peu l’expérience. 

 

Si malgré tout vous vouliez vous insérer dans les mâchoires de ce système de pensée à poulies et cordes, retrouvez la compagnie au théâtre de l’Aune d’Aix en Provence les 10 et 11 mars !  

visuel : © Kurt Vandereist