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Une « Italienne » déchaînée fait pénétrer l’ouragan Rossini dans le théâtre des Champs-Élysées

par Paul Fourier
19.06.2025

Des opéras « buffa » de Rossini, il en est peut-être un qui se distingue par la folle conjonction d’une musique parfaite et d’un burlesque accompli. Mais pour ce faire, il faut que L’Italienne à Alger soit porté avec perfection. Marie-Nicole Lemieux et son équipe n’ont pas lésiné sur la tâche pour y parvenir.

Qui n’a jamais écouté L’Italienne à Alger de Rossini (1813) peut être pris d’un vertige à la première écoute, tant Rossini et Angelo Angelli, son librettiste, ont porté loin le concept du délire lyrique. En 2025, l’on passera évidemment sur les « turqueries », très en vogue en ce début de XIXe siècle, autant que sur les pratiques polygames de Mustafà… et cela d’autant plus facilement que notre âme d’enfant n’aura aucun mal à tout pardonner à cette farce totalement absurde.

Outre le fait que la musique soit parfaite – l’on n’hésitera pas à dire que L’Italienne est, de ce point de vue, probablement, et plus encore que Le Barbier de Séville qui viendra en 1816, le chef-d’œuvre bouffe de Rossini -, cet opéra bénéficie d’un livret littéralement désopilant.

Est-ce l’urgence de l’écriture (27 jours dit-on) qui produisit un tel condensé de délire traduit par les invraisemblables situations « matrimoniales », les expressions (« Oh ! Quel museau »), les titres inventés, « Kaïmakan » et « Pappatacci », ainsi que par la musique ponctuée tantôt de vocalises folles, tantôt d’absurdes onomatopées, pour aboutir au plus mémorable des finales (celui de l’acte I) que Rossini ait écrits.

Toujours est-il que cet acte I (peut-être plus que l’acte II qui accuse une petite baisse de régime) est un modèle absolu dans lequel défilent les différents protagonistes et leurs airs, écrits avec une plume totalement acérée.

 

C’est donc rapidement que nous avons pu apprécier le talent des interprètes présents, à commencer par les deux impeccables duettistes féminines, frappées par la disgrâce du Bey – Manon Lamaison en Elvira et Eléonore Pancrazi en Zulma -, vite rejointes par l’excellent Alejandro Baliñas Vieites en Haly (issu de la troupe de l’Opéra de Paris, tout comme le remarquable Mikhail Timoshenko en Taddeo).

 

Ce qui frappe immédiatement avec l’ensemble des seconds rôles, c’est outre leur adéquation vocale (puisqu’à une exception près, elles et ils bénéficient d’un solo) le jeu naturel et débridé avec lesquels chacun.e endosse son personnage avec outrance, mais néanmoins, sans ridicule, signe que ces jeunes chanteurs bénéficient aujourd’hui d’une très belle formation dramatique.

Ils le prouveront d’ailleurs dans l’extraordinaire et drôlissime septuor de la fin de l’acte I (ainsi que dans d’autres scènes de groupe) par une coordination sans faille, appuyée sur la direction affutée de Julien Chauvin à la tête du concert de la loge.

 

De l’ensemble de la distribution, seul le Mustafa de Nahuel Di Pierro n’a pas immédiatement montré son adéquation naturelle avec la vocalité rossinienne, ce qui se ressent dans son air d’entrée. Cela ne l’empêchera pas, par la suite, de montrer un indéniable talent comique en Pappatacci.

S’il est, en revanche, un rossinien « pur jus », c’est Levy Sekgapane en ce moment également dans Le Barbier de Séville à l’Opéra de Paris –, un Lindoro qui nous a gratifié.e.s dès le premier acte d’un « Languir per una bella » idéal de phrasé, de souplesse, de demies-teintes, agrémenté d’aigus appréciables, suivi d’un duo avec Mustafa où il a démontré la facilité de son chant syllabique. En seconde partie, il nous offrira une cavatine de Lindoro « Oh! come il cor di giubilo » tout aussi exemplaire.

 

Mais, reconnaissons-le, celle qui a le plus donné de sa personne, en n’hésitant pas à verser dans l’outrance, c’est l’Isabella totalement extravertie de Marie-Nicole Lemieux qui a d’abord déboulé les pieds nus (il faut dire que son bateau venait de faire naufrage…).

Et l’on ne pouvait s’en plaindre, tant l’attitude et la voix aux belles harmoniques (et aux graves naturels) ont adhéré à un chant finalement distingué et aux dialogues ciselés sur mesure (Ah ces « Quel museau ! ») par Rossini et Angelli.

Durant toute la soirée, la chanteuse québécoise (qui fêtait hier soir ses 25 ans de carrière et s’est offert un triomphe en fin de représentation) a démontré son adéquation avec cet opéra bouffe, mettant son inépuisable énergie tout à son service, même lorsqu’elle osait outrepasser bien des limites de la clownerie, lors de son « Amici, in ogni evento (…) Pensa alla patria ».

S’il était, grâce à elle et à ses acolytes, une façon de terminer la saison de bonne humeur et d’oublier, l’espace d’un instant, l’épouvantable actualité, nous leur devons mille mercis pour nous avoir ainsi emmenés sur les rivages imaginaires de l’Algérie en nous rappelant aussi  agréablement, le génie burlesque de Rossini.

Visuels : © Cyprien Tollet