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Une intégrale de « Tosca » chez Deutsche Grammophon

par Helene Adam
24.04.2025

La parution de ce Tosca enregistré à l’auditorium de la Santa-Cecilia de Rome, était très attendue et la prestation du ténor Jonathan Tetelman, en Cavaradossi, tient ses promesses, tout comme le sombre Scarpia de Ludovic Tézier. La Tosca d’Eleonora Buratto allie beauté du timbre et grâce de l’interprétation tout en restant un peu en retrait face à ces brillants partenaires.

La rareté des intégrales « studio »

Fière de son nouveau ténor « maison », Deustche Grammophon n’hésite pas à présenter cette nouvelle intégrale de Tosca en mettant son nom en gros caractères, reléguant de ce fait ceux des interprètes de Tosca et Scarpia en rôles secondaires. Le procédé est très discutable, mais classique pour attirer le chaland et incontestablement, le brillant Jonathan Tetelman vaut le détour et justifie à lui seul, la sortie de ce titre.

Le deuxième atout de cet enregistrement – et pas des moindres – est l’orchestre symphonique de l’Académie nationale de la Santa Cecilia de Rome et son excellent auditorium qui permet de réaliser un véritable travail en studio, soigné, débarrassé de tout bruit parasite, tout en gardant le grain inimitable de l’interprétation que possèdent les artistes soigneusement sélectionnés pour cette entreprise. On vit, on aime, on craint, on espère, on tue, on meurt avec classe, talent et véracité dans ces célèbres arias, duos, qui racontent une histoire tragique dont l’héroïne est une diva magnifique qui ira au bout de son destin avec panache. Et pour une fois c’est elle qui assassine son bourreau, l’abominable Scarpia, chef de la police, et tentera – en vain – de sauver de la mort le beau et idéaliste Cavaradossi, peintre et révolutionnaire.

 

Et, s’il se joue des dizaines de Tosca de par le monde tous les ans, si de nombreuses captations vidéo « live » ont conduit à pléthore de DVD illustrant les multiples interprétations de ces dernières années, l’intégrale en CD est devenue rare et le dernier Tosca remonte à une vingtaine d’années déjà.

Nous ne sommes plus à l’âge d’or de l’enregistrement studio, ni de la publication d’intégrales d’opéra, si on excepte bien sûr le travail remarquable fait par le Palazzetto Bru Zane et le label Opera rara, avec des œuvres rares, oubliées et ressuscitées. L’académie nationale de la Santa Cecilia occupe une place de choix parmi les intégrales d’opéras ainsi enregistrées ces dernières années dans son auditorium, pour ce qui concerne les titres classiques, notamment sous la houlette de son ancien directeur Antonio Pappano : en effet, de Madame Butterfly en 2008 à Turandot en 2023 avec la fin intégrale composée par Alfano, en passant par Aida ou Otello, des enregistrements de référence ont marqué la décennie passée.

 

Cette fois, toujours dans les mêmes conditions d’excellence, c’est Daniel Harting qui dirige l’orchestre pour cette nouvelle intégrale. Le chef d’orchestre britannique n’a pas le talent opératique exceptionnel de Pappano et a donc tendance à valoriser l’aspect orchestral au détriment de la montée dramatique et théâtrale. Mais il livre un travail soigné, inspiré qui respecte les chanteurs et accompagne leurs exploits avec efficacité.

Une belle Tosca, mais…

Eleonora Buratto ne manque pas de talent, le timbre est beau et l’agilité vocale incontestable, elle possède le rôle dans toutes ses nuances et incarne une Tosca plus intimiste, presque chambriste, peu extravertie. Son interprétation ne manque pas de charme et l’on apprécie ses longues phrases musicales, ses notes filées, la délicatesse de ses ports de voix, mais, comme c’était déjà le cas à Munich lors du festival de l’été dernier, il lui manque ce grain de folie qui va conduire la « diva » à tuer son agresseur et à tenter de sauver son amant.

 

Eleonora Buratto est une soprano dont la notoriété est davantage associée au bel canto qu’au répertoire italien plus tardif avec grands orchestres, même si elle a été remarquée et saluée dans Madame Butterfly sous la direction de Kiril Petrenko au festival de Pâques de Baden Baden.

Elle vient d’enregistrer un CD solo intitulé Indomita (Indomptable) où elle s’illustre avec réussite dans Donizetti, Bellini, le jeune Verdi, ces Imogène, Lucrezia, Anna Boleyna et autre Mina (du très rare Aroldo) étant tout à fait adaptées à sa belle technique du belcanto.

 

Mais Tosca, composée par Puccini au début du siècle dernier, est d’une tout autre facture et exige, non pas seulement l’agilité vocale, mais ce qu’on appelle le style lyrico-spinto (ou lyrique dramatique), c’est-à-dire la capacité à pousser la note au-dessus d’un gros orchestre qui n’est plus un simple accompagnement, mais joue sa propre partition en quelque sorte, sans lésiner sur les crescendos richement instrumentés.

Il est vrai que ces dernières années, Tosca est distribué à des voix lyriques belcantistes qui veulent toutes s’essayer à l’un des rôles emblématiques du répertoire, mais cela donne des résultats un peu frustrants surtout en comparaison avec les grandes voix qui s’illustrent en parallèle dans ce rôle, telles Anna Netrebko, Sonya Yoncheva ou Sondra Radvanovsky (et Anja Harteros qui a malheureusement quitté le circuit).

 

Eleonora Buratto nous offre une Tosca irréprochable, sobre et recueillie, mais face aux deux magistrales interprétations masculines de ses comparses, l’assortiment laisse un peu à désirer. Il aurait fallu une Tosca de la même eau…qui n’aurait pas ces aigus un peu pincés qui ne se déploient jamais totalement même si l’air le plus lyrique (et le plus valorisant), le fameux « Vissi d’arte » est tout à fait réussi. Et dans les relations amoureuses passionnées avec Cavaradossi, si elle traduit bien cette passion pour le beau cavalier dans son expressivité, la voix reste trop « petite » pour se confronter au timbre magistral du ténor. C’est sans doute encore plus discutable dans l’affrontement avec Scarpia malgré un final solo très convaincant et particulièrement émouvant. La voix manque de puissance et de largeur et apparait étriquée face à ses partenaires et c’est dommage.

Jonathan Tetelman et Ludovic Tézier, le choc des titans

Avec le Cavaradossi de Jonathan Tetelman, on entre dans une autre dimension du chant lyrique. Le ténor s’empare du rôle avec la fièvre qui convient, où transparaissent tout à la fois l’héroïsme et l’amour, le courage et la passion, dessinant un superbe portrait du peintre.

Dès le « Recondita armonia », c’est le peintre exalté face à la beauté de son portrait et de l’original, qui s’exprime sans fard, sans sophistication inutile, mais avec tendresse, d’une voix souple et énergique qui varie les couleurs, manie les nuances avec aisance et séduit aussitôt l’auditeur.

Son duo avec Angelotti, incarné par l’efficace Giorgi Manoshvili tout à fait dans le ton, puis avec Tosca, montre avec justesse, le personnage encore naïf et romantique de l’acte 1. L’acte 2 le voit à son meilleur, tant il peut aisément se glisser dans le rôle du révolutionnaire idéaliste et intrépide, prouvant avec un « Victoria » d’anthologie, sa capacité à aborder des pages dramatiques du répertoire italien, mais, à l’acte 3, il réussit sans mal à devenir ce rêveur qui chante son regret de mourir dans un très beau « Lucevan le Stelle » même si on retiendra l’ensemble de la prestation plutôt que ce seul air où il pourra encore progresser dans la nuance.  Mais ne chipotons pas, car c’est bien la totalité d’une véritable incarnation qui séduit profondément.

Nous attendons, non sans impatience, son futur Don Carlo à Berlin, une prise de rôle dans Verdi dont chacun espère une nouvelle illustration de l’infant, à sa manière, ce qui est la marque des grands.

 

Une Tosca réussie comprend évidemment également un brillant Scarpia et avec un Ludovic Tézier en pleine forme vocale, nous sommes servis. Il a la puissance et le beau timbre qui siéent au personnage dont il campe, à son habitude, un portrait plus contrasté que nombre de ses collègues barytons, ce que nous apprécions chez lui.

Cette forte personnalité qui le caractérise s’exprime tout particulièrement lors de l’acte 2 où il varie l’expressivité cruelle du « méchant » avec les fêlures de l’homme qui peine, avec Tosca, à obtenir ce qu’il désire plus que tout au monde. Et contrairement peut-être à son premier Scarpia entendu il y a onze ans à l’Opéra Bastille, insuffisamment cruel à notre goût, il exprime là tout le fiel du personnage imbu de son pouvoir absolu, notamment dans le radical « Tre sbirri… una carozza » de son « arrivée » sur scène à la fin de l’acte 1 où il impressionne tout comme dans le radical affrontement final avec Tosca, « Tosca, finalmente mia » (et il meurt fort bien même au disque).

Nous avons là à nouveau confirmation de la place centrale qu’occupe Ludovic Tézier dans toute une série de rôles de barytons tant dans le répertoire français qu’italien.

Belle réalisation

Outre Angelotti, les autres rôles secondaires sont également magistralement interprétés comme il se doit dans une intégrale de qualité : le sacristain de Davide Giangregorio a une voix dansante et enjouée, presque juvénile ce qui surprend agréablement dans ce rôle plutôt attribué à des basses finissantes, tout comme le Spoletta du ténor Matto Macchioni qui s’affirme avec efficacité et subtilité face à Scarpia dans le très bel échange de l’acte 2,  tout comme le Sciarrone du baryton Nicolo Ceriani.

Il faut également souligner les beautés orchestrales notamment lors du très beau prélude de l’acte 3, et saluer celles des chœurs de la Santa-Cecilia dans le Te Deum de l’acte 1, lors du « Nemo male, Egli e la » où ils retentissent au loin en arrière-scène pendant l’interrogatoire de Cavaradossi (quelle belle scène !) ou lors de l’acte 3.

Cette Tosca prendra sa place dans une discographie « studio » devenue rare sans marquer durablement cependant du fait du choix d’interprètes trop disparates dans le style et les intentions en ce qui concerne les deux rôles principaux et c’est dommage.

Il constituera cependant une belle carte de visite pour le ténor Jonathan Tetelman.

Tosca : un CD Deutsche Grammophon

 

Avec Eleonora Buratto, Jonathan Tetelman, Ludovic Tézier…
Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
Coro dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia
Direction : Daniel Harding

 

Visuels : © Musacchio, Pasqualini / MUSA