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08.11.2024 → 19.11.2024

Une « Bohème » cinq étoiles à l’Opéra de Monte-Carlo

par Paul Fourier
13.11.2024

Le plus sûr moyen d’apprécier encore et toujours La Bohème, c’est d’avoir une distribution éclatante et une direction idéale. Avec Anna Netrebko et Marco Armiliato à la tête d’une équipe homogène et talentueuse, le public a été plus que gâté !

Le centième anniversaire de la mort de Puccini sera commémoré dans quelques jours, le 29 novembre. Il est donc logique que les œuvres du maître soient célébrées dans toute l’Europe. À cette occasion, certaines maisons d’opéra exhument des chefs-d’œuvre oubliés, comme Edgar à Nice, d’autres préfèrent jouer les valeurs sûres. Et La Bohème en est incontestablement une. Mais pour encore capter l’attention du public avec cet opéra si souvent donné, il faut avoir de sérieux atouts. L’Opéra de Monte-Carlo, sous la direction de Cecilia Bartoli, a certes, en ce mois de novembre, une pièce maîtresse, la grandissime star Anna Netrebko. Mais ce serait injuste de réduire la réussite de la soirée à elle seule tant le plateau et la fosse ont également brillé.

S’il en est un qui a, d’emblée, attiré la lumière dès le début du spectacle, c’est Yusif Eyvazov. Certains « n’aiment » pas son timbre et ce n’est, clairement pas, cette représentation qui les fera changer d’avis. Quoi qu’il en soit, le ténor rappelle vite, ce soir, ses indéniables qualités d’acteurs et affiche, insolemment, son exemplaire projection. Selon l’action, il s’autorise des nuances bienvenues et son « Che gelida manina » est, non seulement, d’une grande distinction, mais est ponctuée par de longues notes parfaitement tenues. Dans le duo d’amour avec Mimi, les deux chanteurs sont suffisamment complices pour savoir maîtriser leurs imposantes voix et jouer d’un lien qui n’existe (peut-être) plus dans la « vraie vie » des deux partenaires.

 

Lorsque Netrebko pénètre en scène, sobrement élégante dans une petite robe simple, on prend vite conscience que cette petite robe va idéalement symboliser ce que va être la prestation de la diva. Ce n’est rien de dire que la Netrebko de La Bohème ou de La Traviata relève aujourd’hui de souvenirs qu’il est toujours plaisant de se remémorer. Car, depuis plusieurs années, la chanteuse s’est attaquée à des rôles ardus tels ceux de Lady Macbeth, de Turandot et plus récemment d’Abigaille qui mettent sa voix devant autant de défis. Il n’était donc pas interdit d’être dubitatif de ce qu’allait être cette Mimi compte tenu de cette évolution. Et si surprise il y eut, ce fut le constat que la voix naturelle qui, là, n’a pas besoin de forcer, sait encore parfaitement se lover dans la tessiture de Mimi. L’on pourrait même dire que l’on avait l’impression que Netrebko revenait à ses fondamentaux, qu’elle pouvait, le temps de quelques soirées laisser de côté ces innombrables tensions qui font de chacun de ses rôles actuels une performance, mais constitue aussi un risque à moyen terme sur l’intégrité de son organe. Son « Mi Chiamano Mimi » est de miel et, à l’acte III, une fois la fête terminée, la soprano transmet, avec un Donde lieta usci al tuo grido » lumineux, une émotion palpable alors qu’elle s’apprête à quitter Rodolfo et apprend par sa bouche sa maladie. En toute fin d’opéra, elle saura alléger sa voix et jouer de son registre aigu pour nous transporter de la plus belle manière. Il reviendra alors à Yusif Eyvazov de porter l’estocade par un « Mimi » qui, dans un sanglot, aura fini de nous faire fondre.

Pour continuer dans l’excellence, Musetta était incarnée par Nino Machaidze à la voix opulente, mais suffisamment souple pour le rôle. Les aigus sont, certes, un peu tendus, mais la chanteuse possède le tempérament de la cocotte pulpeuse et emplumée qui se pavane au deuxième acte, mais se montre totalement en amie aidante aux actes suivants. C’est elle qui prendra le relais de Netrebko dans le rôle de Mimi pour la dernière représentation, et l’on a aucun doute sur le fait qu’elle ne sera pas loin d’y briller autant que sa consœur.

 

Et s’il en fallait encore pour prouver que la distribution avait été impeccablement constituée, on ne pouvait qu’apprécier le Marcello de Florian Sempey à la voix sonore et au jeu non moins débridé que celui de son compère Rodolfo, aussi virevoltant au premier acte qu’attentionné au troisième. Quant à l’air du manteau (« Vecchia zimarra, senti ») interprété par Colline, en toute fin d’opéra, il aura profité de la chaude et distinguée voix de Giorgi Manoshvili. Quant à Biagio Pizzuti (Schaunard), s’il n’a pas eu l’occasion de briller autant que ses partenaires d’atelier, il aura été tout aussi exemplaire.

Jean-Louis Grinda a conçu un spectacle sans grande imagination, mais propice aux sorties familiales. Il use des vidéos à bon escient (dont une étonnante en fin d’acte I permettant de descendre de la mansarde dans la rue parisienne), mais ne s’écarte jamais de l’imagerie conventionnellement attendue. Si l’acte de Momus qui fait un clin d’œil à la libération de Paris s’avère embouteillé par les trop nombreux figurants (dont des danseuses style « moulin rouge » assez inutiles), celui de la barrière d’enfer est, au contraire, d’une simplicité bienvenue avec neige et porteuses de pain de rigueur. On se serait, en revanche, bien passé du très long intermède saisonnier entre l’acte III et l’acte IV où l’on retrouvera les décors du début.

Comment faire complètement briller une Bohème (même avec d’excellents chanteurs) ? En ayant un grand chef !

Et Marco Armiliato est l’un des meilleurs actuels dans ce répertoire tant sa battue vive soutient l’action et que les couleurs qui émanent de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo sont à la hauteur de l’incroyable richesse de la partition. Sautillant à l’acte I, le ton devient ostentatoire au deuxième, puis d’une belle sobriété dans la neige de la barrière d’enfer. Enfin, à l’acte IV, la direction se pare d’une grande sensibilité pour accompagner Mimi dans ses derniers instants.

 

En deux jours, nous avons pu aborder Puccini par son versant le plus méconnu (Edgar) et, avec cette Bohème, par le plus acclamé. L’un comme l’autre aura brillé, pour des raisons différentes. Pour peu que Puccini, par un heureux miracle, puisse regarder les célébrations de son centenaire, il aura, grâce à ces productions, se dire qu’il a enchanté bien des générations.

Visuels : © OMC – Marco Borrelli