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Tournée « Forgotten arias » : Philippe Jaroussky s’est arrêté à Paris pour notre plus grand plaisir

par Helene Adam
28.11.2023

La tournée actuelle de Philippe Jaroussky avec le Concert de la Loge de Julien Chauvin, s’intitule « Forgotten arias » et nous conduit sur les chemins des nombreux opéras « oubliés » ou très peu connus du 18ème siècle, époque où le génie de Haendel ou Vivaldi, a éclipsé les nombreux autres compositeurs d’opéras seria. Le contre-ténor était dimanche soir au Théâtre des Champs-Elysées. La salle était comble et la performance enthousiasmante.

Les multiples variations sur les livrets de Metastasio

Après avoir sorti un très bel enregistrement éponyme, le contre-ténor français, à la chevelure désormais gris argenté, a parcouru de nombreuses villes – dont Munich, Hambourg, Dresde – au cours d’une tournée de promotion autour de ces airs et ouvertures (ou « sinfonia »), qui ont été joués dans toute l’Europe de l’époque, avant de nous faire le plaisir de venir à Paris. Philippe Jaroussky est une star, au moins en Allemagne et en France. Il est l’un des rares chanteurs à remplir les salles à Paris sur un récital. Et il a pu vérifier une fois encore, l’indéfectible attachement du public parisien qui le fête depuis vingt-cinq ans et est toujours particulièrement chaleureux à l’égard d’un artiste généreux qui ne déçoit pas et sait intelligemment se renouveler.

À l’instar de Cécilia Bartoli, il n’a de cesse d’aller rechercher des partitions oubliées dans le riche domaine lyrique du baroque, spécialisé cette fois dans ces arias moins virtuoses et plus graves des multiples œuvres de compositeurs comme Hasse, Ferrandini, Valentini, Traetta ou J.C Bach, qui ont tous eu comme support les livrets du maitre du genre, le poète italien Pietro Metastasio. Celui d’Artaserse par exemple, prince et roi de Perse, ami d’Arbace, a été mis en musique par 108 compositeurs différents, entre 1730 et 1806.

Jaroussky, l’élégance naturelle de l’homme et du chanteur

Et c’est le Demoofonte de Johann Adolf Hasse, créé en 1748 à Dresde, qui ouvrait le bal avenue Montaigne, avec la sinfonia magnifiquement interprétée par le Concert de la Loge et son énergique violon/chef d’orchestre Julien Chauvin, un bel ensemble baroque qui joue debout, donnant dynamique et élan à ce morceau en trois mouvements : allegro très brillant, andante langoureux puis presto accéléré ouvrant le dramma per musica.

 

L’élégance et le charisme chevillés au corps, le séduisant Philippe Jaroussky entre alors en scène pour un récitatif et deux airs extraits de Demoofonte. Comme tout un chacun, le grand compositeur Hasse, imprimait sa marque musicale particulière sur un texte que Antonio Caldara avait déjà mis en musique quinze ans auparavant. Cette époque prolifique voyait des compositeurs accomplis illustrer les plus grands livrets du poète italien en s’appuyant sur les stars du chant pour se garantir un succès public. Hasse avait écrit le rôle de Timante pour le célèbre castrat Giovanni Carestini, alors vieillissant, lui ménageant donc des plages musicales confortables, évitant de trop solliciter la virtuosité extrême. Ces belles pages permettent à Philippe Jaroussky de faire un début de concert tout à fait remarquable et d’entamer après le récitatif, un « Sperai vicino il lido », aria qui valorise une voix plus mûre, plus noble aussi, avec de beaux écarts de notes particulièrement réussis, un doux legato rêveur précédant une accélération de notes avec appoggiatures et montant dans les aigus encore facilement, harmonieusement accompagné par l’orchestre. L’air suivant « Misero pargoletto », porte son poids de tristesse mélancolique, admirablement prosodié par notre artiste en évolution vocale et qui montre la richesse de son medium, sa belle technique en legato, et la qualité de son interprétation restée intacte. Il possède désormais un très beau grave qui le conduit dans la tessiture du ténor, abandonnant le falsetto pour poitriner davantage, et il arrive que la rupture de registre soit audible, mais dans l’ensemble, cela lui donne une nouvelle image très séduisante.

Julien Chauvin et le Concert de la Loge en partenaires accomplis

La sinfonia de Catone in Uttica de Leonardo Leo donne à nouveau un très bel aperçu du talent de Julien Chauvin et de sa formation, qui creuse son sillon avec succès parmi les multiples orchestres baroques spécialisés dans telle ou telle période. Ce Catone in Uttica a été créé à Venise en 1728, avec le castrat le plus célèbre de l’époque, le fameux Farinelli qui chantait Arbace, c’est le morceau le plus « ancien » présenté lors de cette soirée.

 

Début calme et posé pour l’air suivant extrait de la Clémenza di Tito de Michelangelo Valentini, créée en 1753 à Bologne, où Jaroussky nous offre un magnifique adieu de Sesto à Vitelia, « Se mai senti spirarti sul volto », tout à la fois tranquille et profondément émouvant, avec des écarts de notes qu’il maitrise parfaitement malgré la difficulté, et quelques trilles et vocalises superbes qui semblent s’envoler vers l’infini dans cette salle à l’acoustique toujours un peu sèche, mais où le contre-ténor a aussitôt conquis l’auditoire.

 

Le récitatif  « Dove son? Che m’avenne? » puis l’aria, « Gemo in un punto, e fremo » du rôle Licida de L’Olimpiade de Tommaso Traetta, créée à Saint Petersbourg en 1773, est à l’inverse très animé et pris assez rapidement pour refléter l’urgence exprimée dans cette scène de folie, le trouvent un peu moins à l’aise avec un timbre parfois un peu grinçant, l’air nécessitant un peu plus de l’ampleur vocale qu’il a un peu perdue avec le temps. Mais son agilité à passer de l’aigu au grave justifie amplement les ovations qui suivent ce magnifique morceau de bravoure.

 

Et nous restons dans l’Olimpiade, mise en musique cette fois par Andrea Bernasconi et créée à Munich en 1764, avec le premier air très enlevé de la deuxième partie, celui d’Aminta « Siam navi all’onde algenti » et ses très belles vocalises magistralement exécutées même si l’on entend parfois quelques légères fêlures dans le timbre du contre-ténor, vite oubliées dans une prestation globalement très maitrisée, y compris quelques diminuendos souverains vers des piano superbes (mais un dernier grave poitrinant avec saut de registre un peu gênant dans l’harmonie générale de l’air). Et là encore l’accompagnement de Julien Chauvin et du concert de la loge est admirablement sculpté autour de la prestation de Jaroussky.

L’indicible émotion d’une cantate

Mais c’est avec la superbe cantate de Giovanni Battista Ferrandini, l’une des 24 arias qui datent de 1758, « Gelido in ogni vena », que Jaroussky atteint l’Olympe de la beauté lyrique. La voix, qui garde son mystère et sa délicieuse fragilité, est alors juchée sur un fil aérien et gracieux, qui nous transporte hors du temps avec l’accompagnement doucement scandé par les cordes dans un dialogue entre violons. Le texte exprime la douleur d’un père responsable de la mort de son fils et Jaroussky entièrement enveloppé par son personnage, nous donne une de ces interprétations inoubliables dont l’art vivant a le secret et qui permet de reconnaitre les génies. Le public ne s’y trompe pas d’ailleurs qui lui réserve la plus belle de ses ovations.

 

Saluons aussi ce très bel interlude assuré par le violon de Julien Chauvin à la tête de sa formation pour la sinfonia periodica de Niccolo Jommeli, dont le concert nous propose l’allegro et la chaconne. L’ultime aria du programme sera du même Jommeli. Il s’agit du « Fra cento affanni » d’Arbace, extrait de Artaserse où la virtuosité reste centrée sur le plus beau registre du contre-ténor son medium, celui de l’alto, avec quelques incursions en legato et appogiatures dans les aigus. Particulièrement à l’aise dans cette partie de sa tessiture, Jaroussky nous offre de très belles phrases musicales et des montées/descentes éblouissantes, dans cette ritournelle qui tout en respectant le genre « aria » de l’époque, fait déjà une part belle à l’orchestre.

 

Et c’est aussi un air extrait d’Artaserse, mis en musique par Johann Christian Bach cette fois (1760), qui précède ce dernier, le « Per quel paterno amplesso » d’Arbace, cet adieu tout à la fois ému et martial où, à nouveau, l’orchestre se fait entendre dans une partition beaucoup plus complexe.

Jaroussky super star

Ovationné par la salle, Jaroussky qui garde toujours cette simplicité de ses débuts, propose deux bis joyeusement accueillis : le « Vedrò con mio diletto » de Vivaldi et l’air d’Eurydice de l’Orphée de Gluck, héros qu’il avait incarné -rappelle-t-il- dans la mise en scène de Robert Carsen ici même.

 

Merci à lui et à Julien Chauvin d’avoir su nous faire découvrir ou redécouvrir autant de trésors de la multiplicité musicale de l’opera seria au 18ème siècle. Ils ont sorti ensemble en octobre un CD chez Erato sous le même intitulé qui comprend les airs de ce concert et quelques autres.

Les projets de Philippe Jaroussky, outre la fin de cette tournée passionnante, comprennent aussi la redécouverte d’un Orfeo oublié, celui de Antonio Sartorio, créé à Venise en 1672, que le contre-ténor va diriger cette fois, du 8 au 16 décembre, pour quelques représentations mises en scène par Benjamin Lazar à l’Athénée Louis Jouvet.

Nous y serons !

Visuel principal : © Simon Fowler, Théâtre des Champs-Elysées

 

CD Forgotten Arias – Philippe Jaroussky – Julien Chauvin, le Concert de La Loge – Sortie en Octobre 2023 chez ERATO