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Théâtre des Champs-Élysées : une belle soirée Vivaldi avec son opéra fétiche « Farnace »

par Helene Adam
09.10.2025

Emiliano Gonzalez Toro, I Gemelli et une magnifique distribution remplie de bonnes surprises, nous ont enchantés pour ce rare Farnace de Vivaldi qui brille de mille feux dans le monde du baroque. Une soirée accueillie chaleureusement par un public de connaisseurs.

Les multiples versions d’un chef-d’œuvre

Comme il était de coutume au dix-huitième siècle, le thème de Farnace a été repris par de multiples compositeurs pour près d’une vingtaine d’opéras différents. Beaucoup de ces opus ont été composés sur la base du même livret, écrit par Antonio Maria Lucchini, et mis en musique la première fois en 1724 par Leonardo Vinci.

Mais le plus célèbre est incontestablement l’enfant chéri du prêtre roux qui en fit son opéra fétiche et connut un immense succès durant les premières années de sa création. Vivaldi aimait tant ce Farnace qu’il en composa plusieurs versions, variant notamment les tessitures distribuées dans les différents rôles.

Il  connut par la suite une éclipse importante et était relativement oublié jusqu’aux représentations puis à  l’enregistrement de Jordy Savall avec le Concert des nations dans les années 2000.

C’est donc avec un immense plaisir qu’on le retrouvait hier soir au Théâtre des Champs-Élysées sous la houlette d’Emiliano Gonzalez Toro qui, avec sa formation I Gemelli, propose toujours un spectacle de très grande qualité.

Le public a été saisi par la beauté de l’œuvre ainsi magnifiée et par l’ensemble de ses interprètes avec quelques découvertes fort réjouissantes pour le mélomane toujours avide de découvrir d’étonnants nouveaux talents !

Dramma per musica, pour reprendre l’appellation donnée à l’opéra italien lors de ses premières apparitions au Seicento (dix-septième siècle), le Farnace de Vivaldi est une œuvre brillantissime. Elle requiert un nombre respectable d’interprètes différents, tous rompus à la pyrotechnie vocale fort développée de l’époque où, sans relativiser la trame dramatique, la virtuosité est de mise. Et il ne manque pas d’arias acrobatiques et étourdissantes, symbole des passions, avec leurs nombreux da capo (reprises de la même phrase dans des styles variés), de duos impressionnants, de styles différents, et même d’intelligents récitatifs assez courts, mais très importants dans l’économie générale de l’œuvre. Sans oublier la sinfonia, l’ouverture purement instrumentale de l’opéra et les quelques courts interludes ou introductions des arias.

Trio infernal et haine implacable

Avec ce splendide Farnace, Vivaldi est revenu à Venise qu’il avait quittée durant quelques années pour contrôler la création de ses diverses œuvres à travers l’Italie et répondre aux commandes de Louis XV friand des sérénades du « violon de l’Italie » à la Cour de Versailles. Farnace est créé au Teatro San Angelo en 1727.

Outre le fait que le Farnace de Vivaldi se situe à un tournant de l’opera seria qui se structure de plus en plus, il faut souligner les effets orchestraux originaux mettant en valeur les cordes dans une rythmique impressionnante en contrepoint des voix et l’incursion de deux cors valorisés par la partition.

C’est l’aspect le plus sombre du drame qui est là exploité de manière saisissante.

L’histoire est celle d’un trio infernal à la réconciliation impossible, puisque la haine entre les trois est basée sur un sens de l’honneur irrépressible.

Vaincu par Rome, le roi du Pont, Farnace, exige ainsi dans une scène d’une terrible violence que sa femme tue leur propre enfant puis mette fin à ses jours pour s’épargner la honte de la captivité et du déshonneur tandis que Berenice s’allie au vainqueur Pompeo pour éliminer son gendre. Pompeo, Berenice et Farnace se vouent une inimitié implacable qui tient en haleine le spectateur tandis que d’autres personnages importants interviennent enrichissant l’action. Ainsi en est-il de Tamiri, épouse de Farnace et fille de Bérénice, soumise, mais fière, hautaine et droite, l’un des plus beaux portraits de femmes de l’art lyrique, qui fut interprétée à l’époque par la muse de Vivaldi, la cantatrice Anna Girò, surnommée La Mantovana.

On y trouve également en bonne place, le prince de sang royal Gilade, capitaine de Bérénice, Aquilio, le préfet des légions romaines et Selinda la sœur de Farnace.

L’issue de tout ce complexe chassé-croisé rempli de colère et de haine, est positive comme le veut la tradition de l’opera seria et tout se termine dans l’harmonie et la sagesse, conclusion qui évoque la période des Lumières naissante.

L’équipe I Gemelli

Comme pour la plupart des représentations scéniques de I Gemelli, l’ensemble des instruments et des chanteurs forment une équipe unie et très soudée, qui nous offre un véritable spectacle très astucieusement mis en espace par Mathilde Étienne, en étroite collaboration avec Emiliano Gonzalez Toro, à la fois chef d’orchestre, animateur et interprète du rôle-titre de Farnace. Après le Teatro Real le 27 septembre dernier et avant le Victoria Hall de Genève le 12 octobre prochain, Farnace faisait donc escale avenue Montaigne.

On apprécie toujours ce savoir-faire très séduisant, qui nous permet d’aborder la longueur d’une œuvre baroque avec un si grand plaisir qu’on est presque déçu quand cela s’achève sur un ensemble à cinq particulièrement brillant.

L’Ensemble I Gemelli, excellent dans la sinfonia d’ouverture, se lance vaillamment à l’assaut d’une partition assez complexe et d’une grande richesse, accompagnant brillamment les arias et assurant un magnifique continuo durant les récitatifs.

Chacun des chanteurs, costumés et jamais immobiles, a à cœur d’incarner son personnage et à l’aide de quelques accessoires emblématiques, de jouer les saynètes au-delà des incontestables performances vocales nécessaires.

Dénicheur de talents, Emiliano Gonzalez Toro aime à dire qu’il adore, avec Mathilde Etienne, se lancer dans la recherche de partitions perdues ce qu’il fit avec bonheur concernant le Seicento et quelques compositeurs oubliés comme Chiara Margarita Cozzolani dont il enregistra les Vêpres (1650) en 2024. Notons qu’il avait incarné Aquilio dans une sorte de Première mondiale de la septième version de Farnace, celle dite de Ferrare que Vivaldi avait composée en 1738, mais qui ne fut jamais jouée de son vivant. L’enregistrement chez Virgin date de 2011.

Pour ce Farnace, Emiliano Gonzalez Toro choisit la troisième version (sur sept), celle qui a été donnée au Teatro Omodéo de Pavie en 1731. En effet Vivaldi avait à sa disposition dans ce théâtre un des meilleurs ténors de l’époque, Antonio Barbieri, pour lequel il transposa le rôle-titre initialement écrit pour la voix de contralto de Maria Maddalena Pieri, spécialiste des rôles travestis.

Emiliano Gonzalez Toro, ténor et chef d’orchestre

C’est donc cette version, qui distribue le rôle-titre à un ténor, que nous avons entendue hier soir et l’on ne peut que s’en réjouir puisqu’elle introduit l’un des plus beaux airs de la soirée, « Gelido in ogni vena, scorrer mi sento il sangue », situé à l’acte II, où Farnace pleure son fils mort, magistralement interprété par Emiliano Gonzalez Toro qui, à sa manière sobre et harmonieuse, nous a donné l’une des très fortes émotions de la soirée. Cette « aria d’ombra » est l’une des plus belles pièces de l’opéra, qui exprime la déploration d’un être cher disparu apparaissant comme un fantôme. Et si l’auditeur exercé reconnait un air du Siroe, re di Persa du même Vivaldi, c’est que le compositeur, pour honorer son interprète de Pavie, a réintroduit ce morceau déjà composé en 1727. Et puis la beauté de la mélodie évoquera également irrésistiblement le froid hiver des Quatre saisons

 L’incarnation du ténor est particulièrement touchante, humble et désespérée. Surtout sollicité auparavant dans des airs plus martiaux (« Ricordati che sei »), guerriers, menaçants, voire coléreux dans son honneur blessé, il se met soudain à nu dans son désespoir et la sensibilité d’Emiliano Gonzalez Toro fait merveille. On retiendra également un très beau « Quel torrente che s’innalza » à l’acte 3, fort bien chanté, legato et aigus compris, sur un rythme presque chaloupé où le ténor tente également de donner élan et signaux de départ à sa formation qu’il n’est pas toujours facile de diriger tout en jouant pour éviter tout décalage.

Deux interprètes remarqués

Le public a réservé des ovations à l’ensemble de la distribution, mais deux interprètes ont sans doute davantage marqué les auditeurs par le caractère exceptionnel de leurs prestations vocales.

D’une part la contralto Deniz Uzun qui incarne une Tamiri à l’ambitus acrobatique, et montre la solidité et la beauté de ses graves, tout comme la belle projection d’aigus sonores et percutants. L’ensemble impressionne d’autant plus que la chanteuse se révèle particulièrement à l’aise sur scène pour jouer son rôle qu’elle habite de manière très convaincante. Son aria « Combattono quest’alma » symbole des choix cruels qu’elle doit faire dans le drame qui s’est noué autour d’elle, révèle son talent dès l’acte 1, la beauté d’un timbre profond, la souplesse d’une voix qui domine avec légèreté le legato comme les appogiatures et trilles. Et l’on reste confondu par l’aisance de l’interprétation de la difficile aria « Leon Feroce ».

 

L’autre artiste particulièrement fêté lors de la soirée, a été le contre-ténor américain sopraniste Key’mon W. Murrah, prince Gilade époustouflant de virtuosité notamment dans les aigus stratosphériques en mode vocalisant, sautillant, notes liées ou piquées, qu’il maitrise parfaitement dans l’ensemble de ses airs notamment l’extrêmement virtuose « Scherza l’aura lusinghiera » à l’acte III qui lui vaut un véritable triomphe mérité. Le timbre aérien est magnifique et l’aisance confondante. Un nom à retenir absolument.

Dans une très belle distribution d’ensemble

Adèle Charvet, de son côté a de l’abattage en campant une Berenice très décidée dans sa poursuite impitoyable remplie de désir de haine et de vengeance. Le timbre est beau et la voix garde une souplesse que l’on apprécie autant dans son « Da quel ferro che a svenato » à la fin de l’acte 1 que dans les récitatifs de la conclusion (heureuse). Et elle réussit à faire évoluer son personnage au travers de l’expressivité de son chant pour rendre crédible cette Berenice soudain remplie d’empathie.

 

Alvaro Zambrano est Aquilio, et possède lui aussi une voix agréable de ténor rompu à toutes sortes de rôles, affichant un répertoire éclectique. On lui reprochera peut-être de peiner un peu à caractériser le personnage, mais le chant est probe et sensible notamment l’aria « Penso, penso ».

 

Le ténor Juan Sancho, est quant à lui, un proconsul Pompeo à la voix ferme et décidée, au timbre particulièrement séduisant, totalement à l’aise dans son rôle qu’il défend avec panache et l’on soulignera la belle réussite de son « Non trema senza stella » cet air scandé de l’acte 1, accompagné en écho par l’orchestre, à qui le ténor donne d’ailleurs quelques impulsions pour une parfaite et particulièrement excitante synchronisation.

 

Enfin Séraphine Cotrez qui en Selinda, la sœur de Farnace, forme de très intéressants duos avec chacun de ses soupirants romains (Gilade d’une part, Aquilio d’autre part) usant de son charme pour séduire en défendant ses intérêts. La mezzo-soprano a beaucoup de grâce sur la scène en plus d’une voix souple et belle, et rien ne semble lui résister dans les numéros de charme successifs auxquels elle se livre.

 

Dans une saison très riche en opéras baroques (Haendel bien sûr, mais aussi Cavalli et Purcell), nous aurons un autre opéra de Vivaldi, Il Tamerlano, le 6 janvier prochain.

Quant à Emiliano Gonzalez Toro, Mathilde Etienne et I Gemelli, nous aurons le plaisir de les retrouver dans le rarissime Roland de Lully, en mars prochain à l’Opéra Royal de Versailles.

Farnace, opéra de Vivaldi

Visuel : © Michel Nowak et pour les saluts, Hélène Adam.