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Roberto Alagna en majesté à la salle Gaveau

par Paul Fourier
13.01.2024

Le ténor, qui a largement balayé les répertoires français et italien de la seconde moitié du XIXe siècle, a donné un récital d’une intelligence et d’une intégrité rares.

La période actuelle nous offre à voir deux types de récitals. Une grande partie, certes éminemment sympathique et distrayante, est à l’image de la société de facilité pré-mâchée dans laquelle nous évoluons. En y alignant souvent des airs et ouvertures rabâchés, on joue en terrain connu, et on mise plus sur la décontraction et la complicité avec le public que sur l’intégrité et le professionnalisme. En outre, cela peut, à l’occasion, plus s’apparenter à un show de variétés (parfois même débraillé surtout lorsque l’orchestre n’est pas de très haut niveau) qu’avec la grande tradition des concerts lyriques.

 

À côté de cela, il reste quelques artistes attachés à soigner le fond autant que la forme, à choisir d’explorer des répertoires ou des airs moins connus, bref à oser… y compris en se mettant en risque.

Le 11 janvier 2024, salle Gaveau, le récital de Roberto Alagna pouvait, sans conteste, apparaître comme un modèle du deuxième genre, car la soirée était imprégnée d’intégrité et d’intelligence.

Intelligence d’un programme aussi bien construit pour sa partie française qu’italienne, exhumant Reyer et Meyerbeer d’une part, évoquant la sublime évolution qui conduit du maestro Verdi aux belles œuvres du vérisme.

Intelligence de l’orchestre et du chef ensuite alors que Jean-Yves Ossonce était à la tête de l’Orchestre Colonne, une formation dont la composition très fournie en cordes produit ce son si soyeux.

Intelligence de l’artiste enfin qui, malgré son immense carrière, a appris à maîtriser les leçons de l’âge, sait « jouer » au présent, mettant en évidence son répertoire actuel tout en rappelant sa suprématie dans le français et cet italien qui  lui (nous) a donné tant de belles choses.

 

Alagna, le Français

 

Roberto Alagna n’a pas pour principe et habitude de s’économiser. Il avouera, pourtant, en cours de soirée, que, l’entracte ayant été supprimé par la production, le concert pouvait s’assimiler à un « petit marathon ». Défiant la prudence, il ose démarrer avec un air d’un compositeur qui essayait de marcher dans les traces de Wagner, celui de Sigurd (1884), de Reyer, qui le cueille à froid et montre un passage de registre vers l’aigu un peu périlleux. On n’est guère surpris de la prise de risque, d’autant que, la voix se chauffant, ce souci de stabilité se résorbera progressivement. Doit-on aussi dire que si c’est toujours l’étonnement d’un instant lorsque l’on retrouve cette élégance absolue du français, on n’est pas plus surpris que chaque syllabe rende hommage à ce compositeur mineur qu’un artiste de la trempe d’Alagna n’hésite pas à sortir de l’ornière pour en montrer toute la belle subtilité.

 

L’air de L’Africaine qui suit (« O Paradis, sorti de l’onde ») (1865), d’une extrême difficulté avec ses longues phrases, rappelle qu’Alagna fut l’un de ceux qui contribuèrent à la « Meyerbeer Renaissance » en participant au Vasco de Gama au Deutsche Oper de Berlin en 2015. Si le ténor, toujours au plus près de son souci de l’interprétation donne corps au personnage, la voix absolument stable dans le médium, reste encore un peu tendue dans l’aigu.

 

L’air du Cid de Massenet, un opéra dont il a été l’interprète (et donc l’initiateur) du retour sur la scène de l’Opéra de Paris, en 2015, après presque 100 ans d’absence est, après les deux airs précédents, un marqueur de la prédominance française d’Alagna. Incontestablement, avec sa tessiture plus centrale, elle démontre que si les successeurs grattent à la porte, le ténor trône encore au sommet de cet art du chant français.

 

Il s’écarte ensuite un moment du répertoire du XIXe siècle pour interpréter un air tiré de l’opéra de son frère, David, Le dernier Jour d’un condamné. Cela rappelle que l’œuvre est de bon niveau et qu’elle ne pouvait mieux exister que par la prise de rôle de Roberto, condamné flamboyant.

 

Alagna, l’Italien

 

Au moment où aurait dû se trouver l’entracte, le temps nécessaire pour l’orchestre de retrouver le diapason a imposé une césure bienvenue entre les répertoires français et italien. Car l’on peine toujours à départager, chez Alagna, la fibre française de l’italienne, comme si le ténor avait dans son sang cette dimension de Janus qui lui permit (et lui permet encore) de faire briller le chant du XIXe des deux nations voisines aux histoires opératiques entremêlées.

En ce début de deuxième partie, une fois de plus, on applaudit l’intelligence du programme. En démarrant avec le – rarement donné en concert – prélude d’Attila de Verdi (1846), le chef rappelle non seulement la valeur précoce du musicien de Busseto, la naturelle adéquation du ténor avec ses partitions, de La Traviata à l’historique Don Carlos du Châtelet, comme si l’on avait là deux compagnons qui auraient évolué de concert avec 150 ans de différence… mais ne s’étaient jamais perdus de vue. Car entre Alagna et Verdi, l’on sent immédiatement comme une histoire d’amour avec cet attachement au drame, aux mots, au style, et cette façon qu’a l’homme d’épouser la musique par un legato si « verdien ». Sans faire injure au reste, l’air de Simon Boccanegra, « O inferno » et celui d’Otello, « Niun mi tema » offert en fin de concert (deux airs séparés de 30 ans) auront été les deux moments les plus magiques de la soirée, tant ils démontraient les parcours incomparables tant du compositeur que du ténor.

 

Alors, une grande part de l’identité musicale d’Alagna, ces dernières années, a été imprégnée de l’après-Verdi, Puccini et bien sûr, le vérisme. Cavalleria Rusticana, Pagliacci, Chénier, Fedora, tant de personnages passionnés jusqu’à l’excès, jusqu’à la mort, qu’Alagna aura su faire vivre sur les scènes du monde entier. C’est donc naturellement avec le « Pagliaccio non son » d’I Pagliacci, le « Si, fui soldato » d’André Chenier et le « Amor ti vieta » de cette Fedora abordée récemment et acclamée lors de son grand retour sur la scène de la Scala de Milan que l’artiste a évidemment montré un terrain de prédilection qu’il a su gravir avec le temps, vers le révolutionnaire résolu et vers ce Canio jaloux et assassin qui ne font, pour autant, pas oublier le jeune Roméo amoureux et victime de ses débuts.

Ce furent donc des airs, mais également de courts moments de théâtre et d’interprétations, des plongées dans l’univers âpre de ces opéras fin de siècle dont Caruso, idole d’Alagna, fut l’éclatant représentant.

 

Après cela, il ne restait qu’à revenir à Verdi, au Verdi de maturité de cet Otello que la jalousie, à l’instar de Canio, dévore comme une hydre. Ce sera alors le « Niun mi tema » pathétique, sublime, anthologique qui montrait ce personnage se consumer et mourir « come un artista »… sur la petite scène de Gaveau.

 

En raison de la densité vocale du concert, alternaient airs et parties purement orchestrales. En première partie, Ossonce et l’Orchestre Colonne ont donné corps à la douceur de l’adagietto de L’Arlésienne, à la joie ensoleillée et méridionale de l’ouverture de Mireille de Gounod et aux emportements enfiévrés de l’intermezzo du Dernier jour d’un condamné de David Alagna. En deuxième partie, l’on retrouvait la chaleur du soleil de l’Italie (sans les excès). Toujours avec élégance, capable de montrer de l’amplitude malgré la taille réduite de l’orchestre, le chef a dirigé comme un orfèvre, avec souplesse, sans jamais être démonstratif, rajoutant à la qualité du chant, la classe des musiciens.

 

Avec Otello, la partie « sérieuse » était terminée et le ténor pouvait alors détendre ses cordes vocales et rappeler ainsi que les grands chanteurs d’opéra savent également verser dans la chansonnette lorsqu’ils n’ont, auparavant, pas été avares pour arborer les sommets de leur art. « Granada », « O sole mio », « Funiculì funiculà » et « Abballati » (un air sicilien) ne sont pas choses très sérieuses, mais elles sont des étendards de musique populaire, et Alagna ne rechigne pas à montrer qu’il aussi est un chanteur « populaire » dans la belle acception du terme ; et encore plus quand il se permet d’accueillir sur scène, un ex-boxeur youtubeur, Naestro, pour une séance finale entre potes.

 

La soirée s’est ainsi terminée de manière festive. Le public (fort discipliné malgré quelques toux) heureux pouvait se considérer privilégié d’avoir participé à un nouveau tour de chant et de force d’un ténor qui illumine la planète lyrique depuis bientôt quarante ans…

Visuel : © Paul Fourier

 

Programme :

Ernest Rayer  Sigurd, acte 2, scène 5 -« le bruit des chants s’éteint… »
Georges Bizet L’Arlésienne, suite no 1 – « adagietto »
Giacomo Meyerbeer L’Africaine, acte 4, « O Paradis, sorti de l’onde »
Charles Gounod Mireille – ouverture
Jules Massenet Le Cid, acte 3, Prière
David Alagna Le Dernier jour d’un condamné – Intermezzo
David Alagna Le Dernier jour d’un condamné , acte 2 – « Non, je ne suis pas un impie »
Giuseppe Verdi Attila – Preludio
Giuseppe Verdi Simon Boccanegra, acte 2 – « O inferno »
Ruggiero Leoncavallo Pagliacci – Intermezzo
Ruggiero Leoncavallo Pagliacci, acte 2 – « Pagliaccio non son »
Pietro Mascagni Cavalleria Rusticana – Intermezzo
Umberto Giordano Andrea Chénier, acte 3 – « Si, fui soldato »
Umberto Giordano Fedora » – Intermezzo
Umberto Giordano Fedora, acte 2 – « Amor ti vieta »
Giuseppe Verdi Otello, acte 4 – « Niun mi tema »

Bis :

Agustín Lara – « Granada »

Eduardo di Capua et Alfredo Mazzucchi – « O sole mio »

Luigi Denza « Funiculì funiculà »

« Abballati »