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Philharmonie de Paris : soirée de charme et d’émotions avec Jonas Kaufmann et Diana Damrau

par Helene Adam
25.06.2025

Pour ce récital de plus de deux heures dans la grande salle bien remplie, Richard Strauss était à l’honneur ; mais quelques Lieder de Mahler complétaient une soirée, conçue par les artistes comme un long chemin narratif, riche en émotions diverses partagées par un public attentif et captivé. L’une des brillantes étapes d’une grande tournée qui réunit pour la troisième fois, les deux stars de l’opéra, Jonas Kaufmann et Diana Damrau et le pianiste Helmut Deutsch.

Un trio de charme pour un Liederabend de qualité

La gravité se mêlait à l’humour, le talent à l’élégance et l’ensemble démontrait l’amour que portent nos artistes à ce que Kaufmann appelle sa « madeleine de Proust », l’art du Lied, dans une interview qu’il a donné il y a quelques jours au Figaro pour parler de « cette passion qui l’anime depuis toujours ».

Le ténor et la soprano se sont connus en 1997, alors qu’ils chantaient ensemble, lui, Tamino et elle, Papagena dans une production de la Flûte enchantée à Wurzbourg.

Avec Helmut Deutsch, le professeur de Lieder de Jonas Kaufmann, ils forment un trio qui s’apprécie mutuellement. Ils voyagent ensemble, se font confiance et leur bonne entente tourne même à la complicité sur scène, ce qui assure incontestablement le succès de leur troisième tour de chant.

 

Après l’Italienisches Liederbuch d’Hugo Wolf, les Love songs de Brahms et de Schumann, c’est donc à une partie autrement difficile que s’attaque notre trio avec cet ambitieux programme essentiellement straussien.

Pour Kaufmann, qui a enregistré son premier CD solo en chantant des mélodies de Strauss (Harmonia Mundi, 2006), le compositeur bavarois est une évidence dans son répertoire de mélodies. Outre ses grands opéras, Strauss a en effet composé plus de deux cents Lieder à des époques différentes de son art. En fins musiciens qu’ils sont, Kaufmann, Damrau et Deutsch se sont livrés à un choix pluriel, puisant dans les différentes époques de la création straussienne ce qui permet à l’auditoire de découvrir l’étendue et la qualité de sa production. Et, de toute évidence, en tant que post-wagnérien, Mahler s’inscrit naturellement dans ce renouveau du style du Lied au delà des grandes flambées du romantisme allemand qu’illustrèrent Schubert, Schumann ou Brahms.

Kaufmann et Damrau chantent d’abord en alternance en se répondant avec malice et humour dans une sorte de dialogue amoureux qui se glisse au travers de leur interprétation des Lieder de Richard Strauss, choisis dans différents recueils pour donner du sens à leur dialogue. Depuis la Flûte enchantée de leur rencontre initiale, ils sont devenus l’un et l’autre des stars d’opéra, mais leurs répertoires lyriques se sont quelque peu éloignés. Il chante Wagner, Korngold, Puccini, Verdi ; elle s’est tournée vers le bel canto et l’opérette. Pourtant leur amour commun du genre, les conduit à savoir s’adapter l’un à l’autre et l’on s’incline devant l’harmonie générale, l’élégance du style, la vivacité des propos, la justesse du ton. Elle minaude davantage ; il est plus tendre voire grave et sérieux ; elle sourit et rit, espiègle et primesautière ; il lui répond avec la classe qu’on lui connait. Ils sont l’un et l’autre bien faits de leurs personnes et savent se mouvoir sur une scène pour donner vie au spectacle dans cette première partie straussienne.

Quelques morceaux sont célèbres comme les huit Lieder composés en 1885 sur des textes du poète Hermann von Gilm, une période où Strauss s’inspire encore nettement des traditions de Wolf et de Schubert. Les trois premiers, « Zueignung », « Nichts » et « Die Nacht »  introduisent brillamment la soirée, montrant des artistes en grande forme vocale qui n’hésitent pas à multiplier les nuances et les effets d’ombre et de lumière de leur dialogue riche en humeurs changeantes.

 

Ils excellent dans l’expression des sentiments de ces petites joutes amoureuses, chacun avec ses spécificités vocales : à lui les longues notes tenues, le souffle infini, les crescendos et diminuendos, l’expression des regrets et de la mélancolie et ce charme du timbre sombre velouté de ténor, unique en son genre ; à elle les notes plus pétillantes, les envolées joyeuses, les aigus légers, l’impertinence aussi.

Elle a été souffrante durant la tournée et a dû renoncer à accompagner le ténor lors de la précédente étape celle de Baden Baden. Elle tousse encore et un léger vibrato signale parfois quelques difficultés qu’elle surmonte facilement. Leur professionnalisme à tous deux vient à bout de tous les obstacles, ils se soutiennent et s’entraident ; il parait parfois inquiet pour elle, elle le rassure d’un sourire éclatant, bref, c’est vivant, c’est beau, c’est rare disons-le carrément.

Ce brillant échange se termine par le mélancolique et puissant « Wer hat’s getan » (qui l’a fait ?) où Kaufmann utilise toutes les facettes de son talent, colorant chaque syllabe différemment, faisant un sort à chaque phrase, tandis que le piano d’Helmut Deutsch ponctue la voix dans une osmose parfaite qui trahit leur très longue complicité. Le dernier mot revient à Diana Damrau qui propose un « Allerseelen » (Jour des morts) incandescent.

Strauss (Richard) à l’honneur

À l’issue de ces neuf poèmes de Gilm mis en musique par Strauss, ils ne se ménagent qu’une petite pause, aller et retour en coulisses avant de revenir entamer leur deuxième série straussienne qui débute par un magnifique « Liebehysmus » (Hymne d’amour) sur un poème de Karl Friedrich Henkel, extrait des cinq Lieder (opus 32) que Strauss a mis en musique en 1898.

La partition est beaucoup plus moderne avec des sauts de notes et de rythme et un ensemble de nuances très riches que Kaufmann, en très grande forme, exécute avec un brio impressionnant. Diana Damrau lui répond avec le « Schlagende Herzen » (cœurs battants), extrait des trois Lieder (opus 29) qui lui permet de faire claquer avec dextérité les consonnes sur le « Kling-klang » du leitmotiv. Le dialogue se poursuit sur un mode semi-comique, semi-tragique. Peu à peu, le choix des Lieder les voit se rapprocher l’un de l’autre dans une posture amoureuse sur le « Nachtgang » puis le « Freundliche Vision »  avant le choc de cette première partie, un « Ich Liebe dich », magistralement interprété par Jonas Kaufmann, martelant les paroles de Detlev von Liliencron avec une énergie et une détermination sidérante de vérité. C’est du Strauss beaucoup plus audacieux musicalement que les précédentes mélodies, qui évoque déjà ses futurs quatre derniers Lieder, tant la ligne de chant est tourmentée et changeante, sur des paroles elles-mêmes très fortes, où l’on parle de chevaux, de château, de dénuement, de cercueil et de mort, avec cette magistrale conclusion « In der Tod » (dans la mort) suivie par quelques accords littéralement assénés par le piano virtuose de Deutsch. Le public est séduit et un peu sonné par la puissance de l’évocation.

Mahler s’invite brillamment

Après l’entracte, Strauss cède provisoirement la place à Gustav Mahler et les deux chanteurs apparaissent alors séparément, chacun pour un cycle qui convient à ses moyens.

 

Diana Damrau qui a changé de tenue, ouvre le bal avec le délicieux « Rheinlegendchen » (petite légende du Rhin) extrait comme l’essentiel de ce qui suivra, du recueil Aus Des Knaben Wunderhorn (le cor merveilleux de l’enfant). Sa voix légère au timbre souple convient bien au style de Mahler, elle sait interpréter et donner du corps à ces petits récits, elle prend parfois des poses un peu trop cabotines mais c’est ainsi qu’elle est appréciée, et à l’issue des « drei Angel » (trois anges), après un « coucou » tout à fait endiablé où le piano lui répond avec humour, elle recueille une très belle ovation personnelle.

Et l’on est agréablement surpris de la rencontre entre deux compositeurs majeurs de la période post-wagnérienne. Interrogé sur ce choix de juxtaposition en ces termes « Mahler et Strauss sont deux personnalités très distinctes. Comment s’accordent-ils musicalement ? » posée par un journaliste de la radio bavaroise BR Klassik, Jonas Kaufmann répondait : « Ils ne sont pas si éloignés l’un de l’autre, surtout dans leurs paysages musicaux. Tous deux ont exploré de nouveaux territoires, pourrait-on dire, mais en même temps, ils sont très différents. Richard Strauss, a des moments tragiques dans ses opéras et ses lieder, mais il a surtout un côté espiègle. Avec Gustav Mahler, on n’a pas l’occasion de rire aux éclats, la situation devient vite tragique. Il a poussé la mélancolie à son paroxysme ».

Propos abondamment illustré par le cycle que le ténor aborde alors, celui des Rückert Lieder en commençant par le délicat « Ich atmet’ einen linden Duft » (j’ai respiré un parfum de tilleul) qu’il prosodie soigneusement donnant à ses aigus un son éthéré particulièrement élégant suivi de l’énergique et véhément « Liebst du um Schönheit » (si tu aimes pour la beauté alors ne m’aime pas !) et du très rapide « Blicke mir nicht in die Lieder ».

 

Puis vient le deuxième grand choc d’une soirée qui ne cesse de monter en intensité, avec l’extraordinaire interprétation de ce « Ich bin der Welt abhanden gekommen » (Je suis coupé du monde/Dans lequel je n’ai que trop perdu mon temps/Depuis longtemps, il n’a plus rien entendu de moi/Il peut bien penser que je suis mort !). Il y a cette manière unique de fixer intensément l’auditoire scotché, captivé par cette voix hypnotisante et ces notes de piano égrenées, martelant délicatement les dernières paroles « in meinem Lieben, in meinem Lied » tandis que le temps est suspendu un bref instant avant le tonnerre d’applaudissements. Kaufmann sait tendre un fil invisible avec chacun des spectateurs pour les conduire dans le monde intérieur tourmenté du chant mahlérien. Il précise souvent qu’il faut cependant éviter de se laisser totalement submerger par ses émotions pour pouvoir poursuivre le contrôle parfait du chant. Et cette fameuse messa di voce (conduite de la voix) que peu de chanteurs maitrisent parfaitement, reste l’une de ses marques de fabrique les plus fascinantes avec ses variations de registres et de volume dans la même phrase musicale.

Les deux Strauss

Dans la dernière partie, nous revenons à Strauss et à l’alternance de nos artistes avec quelques Lieder plus connus des amateurs, notamment le « Ruhe meine Seele », « Morgen » et « Cäcilie », que Kaufmann a très souvent offert en « bis » de ses Liederabend.

 

Mais le trio a prévu de changer de style pour aborder trois « encore » (appellation allemande des bis) après l’ovation qui leur est adressée et les nombreux rappels malgré l’heure tardive : les duos « Trost im Unglück » extrait du Knaben Wunderhorn (Mahler déjà cité) et « Das eine kann ich nicht verzeihen » de l’opérette de l’autre Strauss, l’Autrichien Johann, Wiener Blut (Sang Viennois) ainsi que la chanson populaire « Spring Wind » d’Erich H. Thiman. Et c’est bien sûr leur interprétation de la valse de Strauss qui remporte tous les suffrages et leur vaut une nouvelle salve d’applaudissements et d’ovations particulièrement nourries. Ils démontrent par la même occasion qu’ils savent passer des larmes, de l’émotion, du tragique au rire à la légèreté avec autant de talent et de force de conviction.

Bouquets de fleurs, rires et sourires, joyeux adieux à des artistes qui ont offert un programme difficile durant deux heures pour rendre hommage sans complaisance et sans démagogie à l’art du Lied qu’ils pratiquent sans filet puisqu’ils n’ont, ni l’un ni l’autre, la moindre partition sous les yeux.

Leur impressionnante maitrise de la diction et leur parfaite connaissance des Lieder leur permet de toute évidence de nous offrir une interprétation personnelle passionnante. Et comme le spectacle vivant présente le charme de l’imprévu, c’est le valeureux Helmut Deutsch (80 printemps !) qui perd un instant les pédales ne parvenant pas à dompter sa tablette-partition pour revenir à l’accompagnement demandé après une probable fausse manœuvre. L’erreur est rattrapée dans la bonne humeur.

Une tournée captée hier soir à Paris

La tournée avait commencé en mars et avril dans quelques étapes européennes dont la Philharmonie de Munich, le Konzerthaus de Vienne, le Palau de la musica de Barcelone ou l’opéra de Prague. Interrompue par les engagements opératiques des artistes, elle reprenait comme prévu, en juin avec le Luxembourg, Baden Baden et Paris. Suivront d’autres villes, d’autres lieux, d’autres publics rencontrés dans cette aventure commune, pour ce concert de qualité. Jonas Kaufmann et Diana Damrau iront notamment au Festival d’Aix-en-Provence, à la Philharmonie de Berlin et au festival de Salzbourg, couvrant ainsi toutes les places européennes les plus prestigieuses. Mais c’est la séance parisienne d’hier soir qui a été captée pour un futur enregistrement.

Ensemble, Jonas Kaufmann et Diana Damrau ont déjà gravé un CD (la tournée Wolf) et un DVD (la tournée Brahms/Schumann). Ils ont également chacun de leur côté enregistré les quatre derniers Lieder. Et Kaufmann qui a, à son actif, plusieurs CD consacrés au Lied, annonce pour la rentrée de septembre, la captation en CD des Dichterliebe et des Kerner-Lieder de Schumann accompagnés d’un DVD avec le film d’une performance exceptionnelle intitulée « Doppelgänger », où Kaufmann chante le cycle de Schubert  « Schwanengesang » (le chant du cygne) dans une mise en scène signée Claus Guth, créée au Park Avenue Armory à New York. Cult y reviendra.

Visuels : © Jonas Kaufmann website et personnel