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L’hommage à Puccini sublimé par Ermonela Jaho à Nice

par Paul Fourier
10.02.2024

L’opéra de la Côte d’Azur, vendredi 9 février, a rendu un superbe hommage au compositeur italien, à l’occasion du centenaire de sa mort. Ce fut un concert comme l’on n’en voit que très rarement, un concert où l’interprète fusionne avec la musique et éclipse (ou remplace) le théâtre. Une soirée, en somme, exceptionnelle.

 

Le programme était magistralement construit, alternant, il est vrai, de manière classique, les passages orchestraux avec des extraits d’opéra. Mais, ce qui faisait son originalité en comparaison des empilements de morceaux parfois constatés était, d’une part, les allers-retours entre les différentes périodes, sans suivre la chronologie, ce qui a permis de mettre en lumière des pépites plus méconnues ; et surtout, pour chacun des trois opéras au programme, Turandot, Madame Butterfly et Suor Angelica, le chef avait conçu une continuité musicale, continuité qui ne respectait évidemment pas la structure des œuvres, mais permettait de dérouler le récit linéairement, sans risque d’interruptions par les applaudissements.

Puccini, de ses débuts à sa mort

Le concert a débuté avec le Preludio Sinfonico (1882), une pièce que Puccini composa, à 23 ans, tout frais sorti du conservatoire de Milan.

On trouve, dans cet élégant morceau, une forme de maturité qui sert déjà le talent symphonique du compositeur, et même, certaines résonances avec des œuvres tardives comme La rondine (1917). La prédominance des cordes et la douceur de la harpe contribuent, dans la partie lente, à construire un son enveloppant, jamais heurté, un son très représentatif de Puccini.

Suit une montée en puissance des vents et des percussions pour un passage apparaissant comme plus lyrique, voire dramatique que l’on peut alors inscrire dans les prémices du vérisme qui va éclore en Italie lors de ces des années 1880.

Cette belle entrée en matière offre à l’Orchestre Philharmonique de Nice, dirigé par Óliver Díaz, l’occasion de montrer sa qualité de très belle formation symphonique.

 

À suivre, ce seront les deux pages de Turandot où apparaît Liù, la jeune esclave, guide de Timur.

 

La soirée qui visait aussi à présenter l’étendue du talent de Puccini n’oublie alors pas de faire la part belle aux passages choraux ; « Perché tarda la luna » précède l’air « Signore ascolta » et « Liù, bontà, liù, dolcezza » suit «Tu che di gel sei cinta », l’air de la mort de la jeune fille.

C’est l’occasion d’admirer, cette fois, la qualité et la préparation du Chœur de l’Opéra Nice Côte d’Azur (sous la direction sensible de Giulio Magnanini) qui brille, du chant piano au plus forte et spectaculaire.

 

Lorsqu’Ermonela Jaho entre en scène, vêtue d’une robe lamée argentée, elle se fond immédiatement dans le personnage de Liù (personnage qu’elle a encore tout récemment interprété sur la scène de l’Opéra de Paris).

 

Liù fait partie des rôles féminins (tel celui de Micaela dans Carmen) que le compositeur a gâté par la partition, qui cependant apparaissent assez brièvement (et, en conséquence, ont du mal à acquérir une grande dimension psychologique), qui ne prennent pas le caractère d’héroïnes et sont souvent des victimes sacrificielles.

Elles valent par leurs airs et, paradoxe, engrangent fréquemment des applaudissements au moins égaux en importance à ceux reçus par la véritable héroïne.

 

Dans « Signore ascolta », air qu’elle termine par un magnifique aigu piano, la soprano, par son incroyable technique et ses sons filés, réussit à traduire la fragilité de la jeune femme.

Dans «Tu che di gel sei cinta », elle met ses aigus au plein service de l’émotion qui nous saisit, alors que Liù meurt sous le coup des tortures qu’elle a subies.

 

L’intermezzo de Manon Lescaut (1893) clôture la première partie, de belle manière avec l’Orchestre et le chef toujours sensible aux équilibres.

À ce moment, l’on se dit que si le programme nous donne à apprécier le talent de Puccini, il reste cependant assez « light » pour la soprano.

Un spectacle qui, en deuxième partie, bascule dans le sublime avec Madame Butterfly et Suor Angelica

C’est sans compter sur l’énergie superlative qu’elle va déployer dans la seconde partie jusqu’à l’épuisement, n’hésitant pas à se consumer dans ces deux rôles de femmes qui marquent sa carrière.

 

Depuis longtemps, Ermonela Jaho dans Butterfly, c’est comme une histoire de fusion. Dans le récit de la jeune Japonaise séduite, elle semble aller beaucoup plus loin qu’une simple interprétation, comme si la soprano, au tout début, entrait dans la peau de l’héroïne pour en ressortir exsangue, à la fin de l’opéra, ployant alors sous le poids de ses souffrances…

Et ce qui fut envoûtant ce soir-là, c’est que cette magie a opéré, pareillement, lors d’un « résumé » de l’œuvre, réduit à une trentaine de minutes.

Après un court et très beau passage choral, l’entrée en scène de Cio-Cio-San (revêtue d’une robe vaporeuse dans les replis desquels elle peut cacher son visage) est hypnotisante ; elle la montre diaphane, physiquement comme vocalement.

 

Elle use alors de ses sons filés, comme suspendus dans l’atmosphère tel un vocabulaire parfaitement maîtrisé, apte à traduire l’innocente jeunesse.

Après une introduction orchestrale, elle enchaîne sur « Un bel dì vedremo » où affleure l’émotion pure, même si le grave se dérobe parfois. Elle vit l’air, guette l’horizon et, devient à elle seule, une scène d’opéra à part entière.

 

Après cela, comme dans l’opéra, l’intermezzo sinfonico apporte une plage de sérénité avant la conclusion du drame, une plage où l’on admire le Puccini que l’on pourrait qualifier de « compositeur symphonique d’opéra, une plage où l’on apprécie, une fois encore, les qualités du Chœur de l’Opéra et de l’Orchestre Philharmonique sous la baguette d’Óliver Díaz.

 

Passage symphonique et choral donc… mais pourtant, la soprano est restée en scène et s’est agenouillée, regardant l’horizon de ses yeux où semblent poindre des larmes… Moment suspendu, élaboré par une artiste qui possède cet incroyable sens théâtral et sait comment, même en concert, rester en osmose avec la salle.

Le geste de Diaz est alors aérien, les cymbales sont présentes, mais n’agressent pas, le triangle, lui, apporte sa petite touche de légèreté.

 

L’opéra continue à se dérouler et Antonio Corianò permet l’irruption de Pinkerton, ce personnage lâche et peu sympathique, avec un vaillant « Addio fiorito asil ».

 

Après cela, Ermonela Jaho va se donner corps et âme à la scène finale de l’opéra, et ce, sans précautions, n’hésitant pas à faire fi d’une voix pas toujours stable, mais nous emportant dans un torrent d’émotions, dans un mélange paradoxal de sons forte et filés, avec une expressivité stupéfiante de souffrance portée par son visage.

Dans une soirée de concert, nous atteignons alors une forme de quintessence de l’opéra, fruit d’une performance rare.

Cela aurait pu s’arrêter là et aurait déjà laissé les spectateurs en état de choc, mais après un élégant « Crisantemi », belle redécouverte d’un quatuor à cordes de Puccini, ici transposé pour orchestre, nous rejoignons une autre tragique victime, à savoir Suor Angelica dans la scène finale de l’opéra éponyme.

 

Le visage comme fermé, les cheveux bouclés retombant sur les épaules, revêtue d’une très belle robe fourreau moire lamée, la soprano apparaît d’abord comme totalement photogénique. Elle va avec mille expressions et le corps en perpétuel mouvement, traverser les affres de la femme, religieuse contrainte, qui vient d’apprendre la mort de son fils.

La première partie, alors qu’elle décide se suicider, est emplie d’une forme de douceur résignée et se termine sur un « amore » sublime lancé en son filé.

Pour faire la transition, elle disparaît peu à peu vers les coulisses d’où l’on entend sa plainte.

La conclusion de l’opéra est, de nouveau, un pur moment de grâce, un mélange d’exaltation, lorsque Angelica prend conscience qu’en se suicidant, elle va être damnée, puis, retrouvant un calme soudain, finalement heureuse, alors qu’elle rejoint le ciel en compagnie de son fils et de la Vierge Marie.


Le public littéralement frappé de stupeur explose alors en applaudissements.

 

Chacun est conscient d’avoir assisté à un moment exceptionnel, à un concert qui, sur le papier, s’annonçait comme une belle soirée d’hommage à l’un des plus grands compositeurs italiens et qui a basculé dans une autre dimension où l’artiste a fait vibrer l’art sans artifices. L’artiste s’est effacé pour se métamorphoser en ces Liù, Cio-Cio-San et Angelica qui se sont présentées à nous, non seulement comme des héroïnes surgies de l’esprit de librettistes et d’un compositeur, mais en tant que femmes, véritables êtres de chair, qui nous ont parlé de leur souffrance.

 

À l’issue de la représentation, un spectateur a crié : « Divina ! ». Divine Ermonela ! Que pouvait-on dire d’autre… ?

 

Ermonela Jaho sera, de nouveau, Butterfly au festival d’Aix-en-Provence (du 5 au 22 juillet). Est-il nécessaire de conseiller à tous ceux qui le peuvent, d’aller l’y admirer et se laisser emporter par cette artiste exceptionnelle ?

 

L’Opéra de Nice Côte d’Azur continue à rendre hommage à Puccini avec Madame Butterfly du 6 au 12 mars.

Visuel : © Dominique Jaussein