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« Par amour », le CD de Vannina Santoni sort chez Alpha, et on adore !

par Helene Adam
15.02.2025

La soprano Vannina Santoni a enregistré un superbe premier album solo aux éditions Alpha, avec l’Orchestre National de Lille sous la direction de Jean-Marie Zeitouni. Intitulé « Par amour », il sort le jour de la Saint Valentin. Les histoires d’amour à l’opéra finissent mal en général et le souffle du drame est particulièrement bien incarné par cette artiste qui allie grande sensibilité et solidité technique.

L’amour, toujours

Vannina Santoni est une artiste attachante. Elle s’est fait remarquer depuis quelques années dans divers rôles emblématiques qu’elle a magnifiquement servis, comme Violetta de La Traviata, la comtesse des Noces de Figaro, Juliette ou la plus rare Agnès de la Dame blanche de Boieldieu, Fiordiligi de Cosi Fan Tutte et, très récemment, Blanche de Dialogue des Carmélites. Il y a toujours dans son incarnation, quelque chose de très personnel où transparait au travers du rôle, la belle personne d’une grande sensibilité romantique qu’elle est. Sa présence sur scène s’entend dans son chant et cet enregistrement en est une parfaite illustration.

Elle choisit soigneusement ses rôles et s’avance prudemment mais résolument dans une carrière tout en délicatesse où elle procure toujours plaisir et surprise à chaque apparition. C’est encore le cas pour ces airs déclinés avec un art consommé de l’interprétation et qui traitent tous de cette fameuse passion amoureuse qu’elle incarne si bien. Elle sera Marguerite dans le Faust de Gounod en version originale, donné prochainement à l’Opéra-Comique (et à l’Opéra de Lille) avec le ténor Julien Dran dans le rôle-titre, deux valeurs sûres actuelles de l’opéra en français.

En commençant par le « Giunge il treno… Dio pietoso. », extrait de Risurrezione, elle nous prend un peu par surprise : l’opéra en quatre actes de Franco Alfano n’est plus très souvent donné après avoir connu un grand succès dans les années 50. Il date de 1904, s’apparente au mouvement vériste, et c’est une adaptation du roman éponyme de Tolstoï.

Mais la surprise est fort agréable et cette entrée nous met immédiatement en bouche. Il y a là toute la délicatesse du phrasé, la beauté d’aigus ciselés et à la douleur poignante, le timbre divin et à nouveau l’hyper sensibilité qui caractérisent la soprano.

Car la belle Katioucha, héroïne de l’œuvre, vient attendre son amour Dmitri à la gare en espérant qu’il la verra, mais il arrive insouciant au bras d’une autre femme. Enceinte, abandonnée, chassée de chez elle par le déshonneur, elle chante une douleur intense « Tornerò sola indietro, nell’asilo mio triste col pensier del domani che ne l’ombra mi spia come una preda! » (Je retournerai seule, dans mon triste asile avec la pensée du lendemain qui dans l’ombre m’épie comme une proie !).

Ce premier air, accompagné par un orchestre chatoyant, permet à la soprano de déployer la beauté de son timbre sur toute la tessiture, graves profonds, medium bouleversant, aigus puissants, et d’exprimer la douleur d’une femme trompée et désespérée par le sinistre destinée qui lui est promise.

 

Beau début donc, qui se poursuit avec le deuxième air, extrait de La Wally d’Alfredo Catalani, « Ebben? Ne andrò lontana », qui nous est familier tant il a été interprété et immortalisé notamment par le film Diva de Jean-Jacques Beineix, l’œuvre elle-même étant plus rarement représentée.

Vannina Santoni en donne une interprétation magistrale, là aussi portée par l’orchestre, elle monte dans les aigus avec aisance et détermination, traduisant parfaitement l’indépendance de cette jeune fille, qui refusant le parti que lui destine son père, déclare qu’elle partira loin de son Tyrol natal si nécessaire.

Juliette, Manon, Desdémone, Thais

On quitte la période charnière fin dix-neuvième, début vingtième pour remonter un peu dans le temps et retrouver le célèbre « Je veux vivre » que proclame Juliette dans l’opéra de Gounod (1867), avec cet art du chant coloré, tout en nuances et en délicieuses vocalises crescendo, dont la conclusion est glorieuse et très sûre d’elle sur tous les plans sur le « Longtemps encore ». Et quelle belle diction dans cette véritable déclaration enflammée à l’envie de vivre son amour suivie par l’entracte orchestral de l’acte 3 du même Roméo et Juliette, pris avec une lenteur mélancolique.

 

C’est sans transition que nous rejoignons ensuite Manon et son dialogue avec un Des Grieux rempli de colère et de reproches dans ce dialogue de l’acte 3 « Toi ! Vous ! – Oui, c’est moi ! (j’avais écrit sur le sable) ». Elle a la voix suppliante de celle qui veut se faire pardonner, il est rempli d’amertume à son égard et on le sent peu à peu céder au souvenir « tout comme autrefois ». Lui c’est Julien Dran, et leurs voix, leurs style se marient parfaitement. Notons que Palazzetto Bru Zane vient de sortir l’enregistrement de l’un des concerts du rare Griselidis de Massenet, où ils excellent l’un et l’autre, elle dans le rôle-titre, lui dans celui du berger amoureux.

Ce très beau dialogue, vif, dynamique, nous fait vivre en direct l’affrontement entre les deux amoureux avec un superbe « Je t’aime » final prolongé par la riche orchestration de Massenet.

De Manon, nous aurons ensuite le très mélodique Prélude de l’acte II cette fois, précédant « Adieu notre petite table », cet air résigné où Manon décide de quitter Des Grieux parce qu’« il le faut »… et qui est la signature de ce personnage complexe dont Vannina Santoni sait restituer les contradictions dans ses changements de couleurs habiles et adéquats.

 

Et l’on se réjouit également que Vannina Santoni nous propose cet air étourdissant du Thais de Massenet, « Dis-moi que je suis belle » aux aigus élégants et fort bien menés, avec des crescendos audacieux, où l’orchestre se fait lui aussi tournoyant autour des célèbre « Thais, tu vieilliras », prédiction que la jeune femme refuse avec obstination dans un magistral « je serai belle éternellement ! ».

 

Puis « Par amour » nous emmène dans le monde de Verdi, avec l’ « Era più calmo?… Ave Maria », l’un des airs les plus emblématiques de Desdémona dans Otello où elle nous propose avec talent, la séquence complète . Là encore, la soprano fait preuve de beaucoup de sensibilité et d’une flamme à fleur de peau terriblement émouvante, traduisant tout à la fois l’amour fou et la crainte de l’avenir forcément sombre. Avec ce magnifique « cri » de révolte avant la reprise toute douce et profondément touchante de la prière, Vannina Santoni donne une interprétation très travaillée de l’héroïne loin d’une vision exclusivement dévote et soumise, elle laisse percer la femme sensuelle qui aime et qui souffre sans se résigner même si elle s’en remet à la protection de la Vierge Marie.

 

Plus classique et courant est le « Mio babbino caro » (Oh mon petit papa chéri) extrait de Gianni Schicchi de Puccini, chanté par une Lauretta espiègle, malicieuse et gaie, qui contraste totalement avec le drame qui se jouait dans l’esprit de Desdemona juste avant le crime d’Otello.

La soprano prouve par là même que son répertoire s’est considérablement élargi et qu’elle sait donner une empreinte toute personnelle à ses personnages tout en maitrisant toutes les difficultés. La diction, française en particulier, est un modèle du genre, à la fois précise et naturelle.

Et l’on reste dans Puccini avec « Se come voi piccina io fossi », l’air d’Anna dans Le Willi, avec son déchirant leitmotiv « Non ti scordar di me! » (Ne m’oublie pas).

Et la chanson corse

Vannina Santoni, de père Corse, n’oublie pas ses origines en nous proposant en guise de conclusion, « O ciucciarella », cette chanson extraite des « Six mélodies populaires corses » de Henri Tomasi (1930), avec une nouvelle orchestration, délicieuse berceuse traditionnelle qui appelle à la sérénité de l’amour maternel, après les passions déchainées.

 

Dans l’interview qu’elle donne à France Musique à l’occasion de la sortie de ce CD, elle précise à juste titre : « On peut prendre n’importe quel air d’opéra et, en général, il parle d’amour, même lorsqu’il parle de trahison et de vengeance. L’opéra romantique peut revêtir toutes les formes d’amour : l’amour pour un enfant, l’amour inconditionnel, l’amour pour une mère, l’amour d’une mère pour son enfant… ».

Et gageons qu’elle abordera sans tarder les rôles qu’elle rêve encore de chanter, comme Desdemona, après ce véritable récital d’expressions de l’amour.

Soulignons enfin que le label Alpha nous offre là, une magnifique captation, enregistrement de qualité qui respecte l’interprétation divine de Vannina Santoni comme l’efficacité d’un orchestre à la fois sobre et élégant.

« Par Amour », avec l’Orchestre National de Lille dirigé par Jean-Marie Zeitouni, paru le 14 février 2025 chez Alpha Classics.

 

Grisélidis  de Jules Massenet, avec l’Orchestre et le choeur Accentus de l’Opéra National Montpellier Occitanie, paru le 24 janvier 2025 chez Palazzetto Bru Zane.

 

Vannina Santoni sera Marguerite dans l’opéra Faust de Gounod à l’Opéra de Lille du 5 au 22 mai ainsi qu’à l’Opéra-Comique de Paris du 21 juin au 1 juillet 2025.

 

Visuels : © Vannina Santoni, PBZ, Alpha Classics