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L’« Adriana Lecouvreur » mise en scène par David Mc Vicar est reprise à Barcelone avec deux distributions

par Paul Fourier
24.06.2024

Après une valse des distributions, ce sont finalement Aleksandra Kurzak et Valeria Sepe, Roberto Alagna et Freddie De Tommaso, Daniela Barcellona et Clémentine Margaine, Ambrogio Maestri et Luis Cansino qui se sont engagés dans la désormais classique mise en scène de David Mc Vicar. Cela nous a rappelé à quel point les rôles de cet opéra sont exigeants.

À force de commentaires répétitifs sur un opéra, en ce moment fréquemment donné, et quasiment toujours dans la même mise en scène, il ne semble guère besoin, à ce stade, de revenir sur l’histoire de l’opéra, ou sur la production de David Mc Vicar, abondamment analysée dans ses colonnes, une production qui, dernièrement, à Paris, a vu se succéder deux très belles distributions.

 

De prime abord, ce qui a caractérisé cette reprise barcelonaise, ce furent les annulations en cascade des têtes d’affiche prévues (Kaufmann, Yoncheva, Buratto, Rachvelishvili), pour finalement, se stabiliser, tardivement, avec deux équipes dominées d’une part, par Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak et de l’autre, par Freddie De Tommaso et Valeria Sepe. Ce fut l’occasion, donc, de donner un avis sur les solistes qui se sont succédé lors des soirées des 20 et 22 juin.

En ce 20 juin, Aleksandra Kurzak en est à sa quatrième représentation en cinq jours (les 16, 17 suivis du 19). C’est, certes, un exploit louable, mais cela laisse songeur sur la capacité pour une soprano de pouvoir arriver, intègre, à l’issue d’un tel marathon. Est-il raisonnable autant pour un théâtre que pour un(e) artiste de se lancer dans un défi de la sorte ?
Peu convaincu par la soprano ce soir, l’on est donc conduit à se demander si la performance était entachée d’une méforme passagère ou si la voix, à ce stade de sa carrière, est trop légère pour un rôle auquel la chanteuse s’est décidée à se mesurer parce que les circonstances lui en ont donné la possibilité.

Le rôle-titre d’Adriana est souvent donné à des voix larges ; il exige une grande puissance vocale ainsi qu’une variété d’émission puisqu’à côté de passages plus lyriques, il faut assurer des parties dramatiques, tels l’affrontement avec la Princesse, la scène de Phèdre ou la scène finale. Certes, le « Io son l’umile ancella » du début, assorti de très belles demi-teintes, est très élégant et le premier acte se déroule plutôt sans ambages, même si les phrases longues semblent parfois avoir du mal à aboutir dans leur plénitude. Quant aux duos avec Alagna, ils traduisent la relation fusionnelle du couple, lorsqu’ils chantent ensemble.
Le second acte, encore assez lyrique dans le duo avec Maurizio, est de la même veine même si la soprano semble déjà en retrait face au ténor. En revanche, cela se gâte lors de l’affrontement avec la volcanique Princesse de Clémentine Margaine, affrontement dans lequel la soprano pousse son instrument au-delà de ses limites. La scène de Phèdre du 3e acte ne sera pas plus convaincante, car si le parlando sur des graves – qu’elle a fort beaux – n’ont pas une projection irréprochable, la montée en forte qui suit, appuyée sur des aigus accusant un vibrato, n’est pas d’une ampleur suffisante pour l’affront qu’elle lance à la Princesse et, de fait, la scène n’a pas l’impact requis.
Dans l’acte IV, si la scène finale (de Melpomène) rejoint, malheureusement, celle de Phèdre dans ce peu d’intensité, le « Poveri fiori », ainsi que le duo avec Maurizio, autorisent la soprano à montrer ce qui fait les qualités de sa voix avec les nuances qu’elle est capable de produire, ainsi que sa capacité à émouvoir dans l’incarnation de ces héroïnes romantiques.
De ce fait, l’ensemble de la prestation n’aura pas permis de se persuader qu’Adriana Lecouvreur est un rôle idéal pour Aleksandra Kurzak.

 

Alors que le timbre de Valeria Sepe est moins séduisant, notamment dans le médium, (mais s’épanouit avec richesse dans l’aigu), la voix de la soprano italienne, qui faisait sa première le 22 juin, apparaît, d’emblée, bien plus en adéquation avec le rôle.
Quoiqu’un peu entaché d’un léger vibrato, probablement dû au trac, son « Io son l’umile ancella » est solide et montre une très belle maîtrise des capacités de sa voix.
Malgré un jeu dramatique parfois un peu sommaire (…et une difficulté manifeste à embrasser « théâtralement » son partenaire), ce qui suivra sera d’une belle qualité à tous les actes, avec des scènes de Phèdre et de Melpomène d’une intensité évidente, fort réussies et un « Poveri fiori » riche de superbes nuances, et une grande émotion transmise par sa voix au dernier acte. Ainsi, l’on prendra plaisir, aux saluts, à voir l’interprète particulièrement heureuse d’avoir satisfait le public pour sa première.

 

S’il en est un sur lequel le temps passe de la plus belle façon, c’est, de toute évidence, Roberto Alagna qui a illuminé la représentation du 20 juin dans un rôle dont la tessiture est située dans un registre central qui lui convient parfaitement. Il sait explorer l’ensemble des traits de caractère de Maurizio, tantôt passionné, tantôt vantard, tantôt sous le coup des attaques de la Princesse. « La dolcissima effigie » du premier acte le montre, d’emblée, dans une forme olympienne.
Dans le duo avec la Princesse, son « L’anima ho stanca » est paré de couleurs implorantes et de superbes piani, donnant à voir et entendre un héros fatigué face aux reproches de sa probable ancienne maîtresse.
À l’acte III, il est tout aussi remarquable dans le récit de ses exploits (« Il Russo Mencikoff ») puis, dans le duo avec Adrienne à l’acte IV, il sait faire preuve de cette présence et ce talent, toujours adaptés à ce type de scène dramatique.

Après l’expérience souveraine d’un ténor à l’immense carrière, la représentation du 22 juin nous permettait d’entendre la jeunesse et la fraîcheur de Freddie De Tommaso, dans le rôle de Maurizio. S’il est une chose désormais évidente, c’est que la voix de l’artiste est parfaitement dimensionnée pour les rôles de lirico-spinto, une voix qu’il – s’il est suffisamment sage – devrait l’autoriser à aborder prochainement bon nombre de grands rôles. Ce soir, il rappelle que le timbre, homogène dans tous les registres, est d’une beauté suprême, et que les aigus saisissent par leur pleine puissance maîtrisée.
Il s’accorde admirablement avec Valeria Sepe, sa partenaire ; leurs duos sont bien réglés jusqu’aux notes finales, brillamment tenues par les deux partenaires.
L’on ne saurait distinguer de plus beaux moments dans sa prestation, tant il assure aussi bien dans les passages amoureux, dans ceux où la sensibilité du personnage est mise en exergue ou dans ceux où il maîtrise parfaitement son instrument, comme dans le « Morro » final et son prodigieux diminuendo final.

 

Il est peu de dire qu’après ses performances au Théâtre des Champs-Élysées et à l’Opéra de Paris, Clémentine Margaine démontre ici, le 20 juin, qu’elle est la meilleure Princesse de Bouillon du moment. Son entrée à l’acte II est stupéfiante de puissance et de maîtrise ; les graves, naturels sont libres de soutenir un chant quasi héroïque, sans aucune faiblesse et l’aigu, peu sollicité dans ce rôle, est également intense.
Comme l’on dit que la première partie de l’acte IV d’Aïda est l’acte d’Amnéris, cet acte II est incontestablement l’acte de la Princesse Margaine. Elle le traverse avec une totale suprématie, jouant avec son Maurizio-Alagna – toujours parfait -, donnant à chaque phrase l’intonation qui convient au sentiment qu’elle éprouve. Elle parvient, ensuite, à faire un véritable moment de référence, du passage de la Princesse, qui, seule en début d’acte III, se pose des questions sur la maîtresse de Maurizio.

Lorsqu’elle a décidé d’interpréter la Princesse de Bouillon, Daniela Barcellona s’est inscrite dans la conquête tardive des rôles bien différentes de ceux, belcantistes, qui ont fait la richesse de sa belle carrière.
Ceci étant, le 22 juin, elle y montre là encore ses limites. Et si en grande comédienne et professionnelle, elle attaque les actes II et III avec un panache certain, la scène de l’affrontement avec une Adriana de la dimension de Valeria Sepe ne lui laisse, malheureusement, que peu de possibilités de réellement s’imposer. Au-delà des défis qui lui ont permis, ces dernières années, d’élargir son répertoire naturel, même si elle ne convainc pas, il en reste une personnalité toujours attachante que l’on a toujours plaisir à retrouver.

 

Même si la voix accuse, désormais, quelques moments de moindre intensité, Ambrogio Maestri reste l’un des Michonnet de référence. Il est toujours aussi émouvant, tant dans l’acte I où il avoue son amour pour Adrienne, qu’à l’acte IV où il la soutient dans l’épreuve. Dans la seconde distribution, Luis Cansino, dont le vibrato est parfois gênant, n’en réussit pas moins à composer un beau personnage.

Les 4 comédiens (Carlos Daza, Marc Sala, Irene Palazon et Anaïs Masilorens) sont, en tous points, impeccables. Et si l’Abbé de Didier Pieri est de bonne tenue, le Prince de Felipe Bou accuse une voix désormais bien fatiguée.

Enfin il faut souligner qu’à la tête de l’Orchestre Symphonique du Grand Théâtre du Liceu, Patrick Summers a littéralement fait de merveilles, tirant la musique d’Adriana Lecouvreur vers toujours plus de noblesse, faisant émerger les différents pupitres et notamment le tapis de cordes si présent dans cette partition, et sachant profiter des moments d’acmé tout en soutenant les artistes dans leur chant.

Finalement, alors que l’on ne parvient plus à compter le nombre de fois où nous avons vu cette production – et que l’on se souvient, au passage, que la première fois, en 2010, voyait Angela Gheorghiu et Jonas Kaufmann s’étreindre sur la scène du Royal Opera House de Londres -, les représentations barcelonaises nous auront permis de nous rappeler les exigences des rôles d’Adriana Lecouvreur. Et que, si certaines voix y sont adaptées, d’autres le sont moins…

Visuels : © Sergi Panizo / Liceu, © Sebastien Mathe / Opera national de Paris