Sonya Yoncheva donnait, le 7 novembre, son deuxième récital à l’auditorium de Bordeaux. La soprano bulgare a reçu un accueil enthousiaste de la part du public.
Pour son second récital à l’auditorium de l’Opéra de Bordeaux, Sonya Yoncheva est arrivée avec un programme essentiellement consacré à Giacomo Puccini (1858-1924). La célèbre soprano bulgare a interprété autant de mélodies que d’airs d’opéra ; pour cela elle était accompagnée par le pianiste écossais Malcolm Martineau. La complicité entre la chanteuse et son accompagnateur a transparu dès le début de la soirée et les deux artistes ont donné le meilleur d’eux même d’entrée de jeu.
Sonya Yoncheva entame donc son récital avec quatre mélodies de Giacomo Puccini (1858-1924) assez courtes, mais charmantes : « Sole e amore », « Terra e mare », « Mentia l’avviso » et « Canto d’anime ». Si la diction est excellente, les tempos et les nuances sont idéaux. Le travail rigoureux réalisé en amont du récital dénote un amour inconditionnel de la musique en général, et de celle de Puccini en particulier. L’accompagnement parfait de Malcolm Martineau met en valeur la belle voix de soprano de Yoncheva tant le pianiste écossais est attentif à l’artiste qu’il accompagne. Si la mélodie « Al folto bosco, placida ombria » de Giuseppe Martucci (1856-1909) est fort joliment interprétée, celles de Paolo Tosti (1846-1916) ne manquent pas non plus de charme. Cependant, ce sont bien les trois mélodies de Giuseppe Verdi (1813-1901) qui attirent également notre attention. Non seulement parce qu’elles sont interprétées aussi bien par des voix masculines que par des voix féminines, mais aussi parce que ces mélodies sont régulièrement enregistrées. Si Sonya Yoncheva interprète « In solitaria stanza », avec beaucoup de douceur, un peu comme une berceuse, elle est beaucoup plus dynamique, voire martiale, dans « L’esule ».
Au retour de l’entracte, c’est la partie opératique du programme qui débute. Déjà très en forme en première partie, Sonya Yoncheva se surpasse avec les extraits d’opéras qu’elle a choisi de mettre dans son programme. Avec Le Villi, opéra-ballet créé en 1884 on découvre une œuvre fort peu donnée depuis sa création (le dernier enregistrement est un CD datant de 2022 et la dernière série de représentation date aussi de 2022 au théâtre du Capitole de Toulouse) ; l’aria d’Anna, la triste héroïne du Villi, « Se come voi piccina » résonne comme un appel au secours vers Roberto – son amant – qui vient juste de partir. Mais c’est surtout avec « Vissi d’arte » extrait de Tosca que Sonya Yoncheva donne sa pleine mesure ; et les extraits de La Bohême (« Donde lieta usci ») et de Madama Butterfly (« Un bel di vedremo ») que Yoncheva finissent de séduire un public déjà acquis à la cause de la dame. Malcolm Martineau, toujours aussi attentif à sa « partenaire » l’accompagne avec talent . Afin de permettre à Sonya Yoncheva de prendre une petite pause entre deux airs d’opéra, il interprète le trop court Tango en ré pour piano solo d’Isaac Albeniz (1860-1909) ; et il le fait avec talent.
C’est un récital de très belle facture que Sonya Yoncheva et Malcolm Martineau ont offert à un public conquis qui les rappellent si souvent que ce sont trois bis que la chanteuse et le pianiste concèdent : « O mio babbino caro » (extrait de Gianni Schicchi), « l’amour est enfant de Bohême » extrait de Carmen de Georges Bizet ((1838-1875) et « Adieu notre petite table » extrait de Manon de Jules Massenet (1842-1912). C’est juste avant le dernier bis que la soprano bulgare s’adresse au public dans un français parfait pour le remercier de son accueil, reparler de Rusalka, dont la première représentation avait lieu le lendemain et aussi pour annoncer la fin de la soirée avec ce dernier bis « qui est si cher à mon cœur ».
Visuel : © Gregor Hohenberg / Sony Music