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17.11.2023 → 03.12.2023

« La Esmeralda » : l’opéra de Louise Bertin impressionne aux Bouffes du Nord

par Yaël Hirsch
24.11.2023

Très peu joué, composé sur un livre de Victor Hugo par Louise Bertin en 1836, l’opéra La Esmeralda est tout simplement superbe. Boostée par le punch de l’Ensemble Lélio et la mise en scène verticale, fourmillante et féministe de Jeanne Desoubeaux, l’œuvre nous interpelle, ici et maintenant.

Déconstructions préalables

« Quel meilleur endroit qu’une scène de théâtre pour parler de ce qui doit être vu, de ce qui doit être caché, de ce qui est public et privé ? ». C’est une question rhétorique de Jeanne Desoubeaux à laquelle nous adhérons pleinement, notamment depuis que nous avons vu sa merveilleuse Carmen en mouvement. Au Théâtre des Bouffes du Nord, son théâtre musical, de troupe, ingénieux et dépassant les clichés trouve un cocon naturel et l’on perçoit la filiation avec Peter Brooks. Les premières vingt minutes sont à la fois apocalyptiques, ultra-contemporaines, exigeants, sans âge et purement performatives. C’est à la fois le moment où l’on se familiarise avec les personnages qui font leur show et où l’on mesure que l’on naviguera entre trois temps : le Moyen-âge, le 19e siècle et maintenant. Déconstruite, Notre-Dame règne toute en hauteur et en verticalité sur un monceau d’échafaudages. En travaux, éternellement, ou du moins tant qu’on brûlera les femmes en les traitant de sorcières.

Une œuvre lyrique puissante

Commence alors l’opéra proprement dit, dont la partition est adaptée par Benjamin d’Anfray et ses quatre musiciens pour une voilure légère où ils peuvent également jouer la foule cruelle. Et résolument, Louise Bertin, c’est bien beau. Certains airs, notamment le trio du dernier acte où Esmeralda (la soprano Jeanne Mendoche), Frollo (la basse Renaud Delaigue) et Quasimondo (Christophe Crapez) chantent de toute leur âme. Le chœur est sur bande magnétique mais tout le reste semble émaner du piano. Si les mauvaises langues disent- à tort – que Berlioz aurait aidé la compositrice dans son travail, c’est plus à de chambre de Brahms ou Schumann que fait penser la musique. Si bien que nous sommes allés jusqu’à réaliser à l’écoute de ces notes combien Notre-Dame de Paris est peut-être notre Faust à nous : picaresque, luttant avec la foule et le divin.

Une Notre-Dame pleine de conscience (politique)

Entre les travaux, si les travaux et l’abnégation de Quasimodo restent, le monstrueux, les ornements de la gitane et les réflexes des titis parisiens passent au deuxième plan. En Clopin qui exprime la rumeur, Arthur Daniel fait entendre les mots de Hugo pour aujourd’hui. Le beau Phébus (Martial Piaulat) est un peu queer mais reste un séducteur. Et surtout la scène d’amour voyeuse où Frollo observe Esmeralda et Phébus parvient à mettre mal à l’aise sur ce qui ressemble à un double viol sans priver l’héroïne de sa propre sensualité et de son propre rythme- qu’elle aimerait maîtriser. Plus Jeanne d’Arc blonde en survêtement sportif que Bohémienne ornementée (sauf pendant le carnaval), Jeanne Menoche incarne par son corps et sa voix un pureté de plus en plus abstraite et libre de clichés.

Une verticalité qui inclut les spectateurices

La scène finale de bucher est sublime et renvoie à la fois à Dreyer, à l’incendie de Notre-Dame et aux supplices que plébiscite une foule hirsute et violente. Si Notre-Dame est là, déconstruite, avec ses lumières,, ses échafaudages et surtout sa rosace, tout commence et finit Place de Grève. La verticalité chez Jeanne Desoubeaux n’empêche pas l’audience de s’inclure parmi ses badauds qui se repaissent à la fois du carnaval et du supplice en place publique. « Quel meilleur endroit qu’une scène de théâtre pour parler de ce qui doit être vu, de ce qui doit être caché, de ce qui est public et privé ? »…

(c) JL Fernandez