Nous avons rencontré la soprano après la première de Bianca e Falliero à Pesaro. Elle nous a parlé de ses liens avec le festival, de son disque à venir et de ses excitantes prochaines prises de rôle… Interview.
JP : Je crois que c’est le treizième !
J’ai commencé avec Rossini puisque Il signor bruschino, avec l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia, a été mon tout premier opéra, avant même de chanter Lucia di Lammermoor.
J’y suis venue pour Ciro in Babilonia, Aureliano in Palmira, Adélaïde di Borgogna, Demetrio e Polibio et la messa di gloria.
Elles sont toutes très rares en fait ! Ce sont même parfois, comme certains opéras de Donizetti d’ailleurs, des opéras que l’on ne monte qu’une fois. Mais c’est une bonne chose de le faire, car ils sont intéressants et permettent aussi de découvrir des œuvres moins données. Il faut aussi noter qu’ils s’alimentent les uns les autres, car certains passages sont repris dans plusieurs opéras.
Je suis vraiment fasciné par les opéras rares. Étrangement, de ceux-là, le seul que j’ai interprété plus d’une fois (deux fois en fait !), c’est celui auquel je ne pensais ne jamais revenir, à savoir Demetrio e Polibio que j’ai chanté d’abord à Naples, puis à Pesaro l’année suivante.
J’ai aussi, bien sûr, fréquemment chanté Semiramide et Tancredi dans des grands théâtres, mais, en revanche, jamais à Pesaro !… Sans compter les opéras très célèbres, comme Le Barbier de Séville.
J’espère, de toute façon, que l’on va donner de plus en plus d’opéras de Rossini ailleurs qu’à Pesaro, car, si c’est très bien de les donner dans un festival, c’est bien, aussi, de les donner pour un public plus « généraliste ».
C’est vrai… mais il ne faut pas oublier que c’est Rossini lui-même qui a réécrit le rôle pour soprano, avec bien sûr, des coloratures différentes. Ce n’est pas commun, mais c’est donné. Cette transposition a vraiment été écrite et acceptée par le compositeur lui-même.
Pesaro, c’est la plage ! Tout le monde est en vacances. En fait, j’aime vraiment cette ambiance parce qu’en Australie (son pays d’origine), nous n’arrêtons jamais. Tandis, qu’ici, en Europe, et tout spécialement en Italie, au mois d’août, ce sont vraiment les vacances !… Ce qui ne m’empêche pas de bien travailler !
Oui ! J’aime vraiment Pesaro ; j’aime la possibilité d’y voir aussi d’autres opéras. Et il y a tant d’autres chanteurs ! … des amis aussi. C’est toujours une belle expérience.
Amenaïde dans Tancredi ! J’adore ce rôle d’autant que c’est celui qui m’a fait tomber amoureuse de Rossini ! Lorsque je suis venue, pour la première fois en Italie, la première œuvre que j’ai entendue ici, a été un Tancredi dirigé par Gelmetti, avec Mariella Devia, Raul Gimenez et Daniella Barcelona. C’était merveilleux et la musique m’a profondément émue. Aucune autre musique ne me touche à ce point ! Quand je pense à Rossini, je pense à Tancredi !
Mais c’était aussi très long !
Mais nous pouvons imaginer que pour des touristes dont c’est le premier opéra, supporter cinq heures de Semiramide (rires)… c’est un peu plus ardu que Traviata !
Avec des extraits de Lucia, Linda di Chamonix, Emilia di Liverpool, I Puritani et La Sonnambula. Avec ce disque, je voulais combiner des airs rares à d’autres airs plus connus, des passages pour les personnes qui connaissent vraiment l’opéra, et d’autres, pour les gens qui veulent seulement entendre des airs qu’ils aiment. Cela a été aussi l’occasion de chanter Lucia dans sa tonalité originale.
Oui ! Ainsi que Elvira des Puritains et Amina de La Sonnambula !
C’est fait !
Non, ce n’est pas encore sorti ! Nous espérons pouvoir le sortir avant la fin de l’année. Mais comme je travaille beaucoup, j’espère que cela ne va pas prendre de retard. Je l’ai enregistré l’année dernière avec l’Orchestre I Solisti Filarmonici Italiani qui a orchestré les « soirées musicales » de Rossini.
Ensuite, en janvier et février 2025, j’enregistrerai un album Mozart avec le Maggio Musicale Fiorentino. Enfin, j’espère aussi produire prochainement un opéra complet.
Les mois à venir seront un peu « crazy » !
Principalement oui !
Je démarre le 12 septembre avec un concert à Florence dans lequel je vais interpréter les « scènes de la folie » pour un CD live.
Ensuite, je vais avoir plusieurs prises de rôles : en septembre celui de La Straniera de Bellini en version concert, puis Roberto Devereux à Bergame.
Puis, ce sera Oman pour La fille du régiment et Munich pour la Reine de la nuit.
Vient ensuite ma prise de rôle de Norma à Florence… un bon mix avec ce qui précède comme vous le voyez ! (rires). Puis ce seront mes débuts dans Mitridate à Paris, dans une version concert, un rôle que reprendrai à la Scala.
Enfin, l’année prochaine, je ferai ma prise de rôle de Lucrezia Borgia encore à Florence.
Visuels : portrait © Alessandro Moggi ; Bianca e Falliero Pesaro 2024 © Amati Bacciardi