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18.10.2023 → 22.10.2023

« Giuletta e Romeo » à Versailles : la découverte enthousiasmante d’un opéra oublié

par Helene Adam
21.10.2023

C’est à l’Opéra Royal de Versailles que l’on peut profiter, pour trois représentations, de la résurrection d’une œuvre italienne emblématique de l’art du XVIIIe siècle dans une version mise en scène, et interprétée par des artistes exceptionnels tels qu’Adèle Charvet et Franco Fagioli. Cette soirée très réjouissante, a été filmée et donnera lieu à la sortie d’un DVD.

Une œuvre aux multiples qualités musicales

De nombreuses œuvres lyriques se sont inspirées de la tragique, mais fascinante histoire des amants de Vérone. Celle de Niccolò Antonio Zingarelli, compositeur napolitain du XVIIIe siècle, n’est pas la plus connue de nos jours. Elle fut en effet oubliée durant près de deux cents ans avant d’être réhabilitée par le Festival de Pentecôte de Salzbourg en 2016, puis par l’Opéra Royal de Versailles en 2021 et surtout en 2023, avec cette version complète, mise en scène, qui redonne une vision de grande qualité de l’intégralité de l’œuvre, musicalement passionnante par sa modernité.

Giuletta e Romeo (et non l’inverse !) créé en 1796 à Milan, s’inspire du roman éponyme de Luigi da Porto (1524). Niccolò Antonio Zingarelli fut le professeur de Vincenzo Bellini et de Saverio Mercadante, et l’originalité de cet ouvrage, qui connut en son temps un succès considérable, réside dans ce mélange savoureux et parfaitement maitrisé, de plusieurs styles musicaux. Les airs virtuoses de bel canto s’enchainent les uns aux autres créant un dynamisme enivrant, arias pour solistes comme duos, trios, ensembles, tandis que l’orchestre brille dans quelques morceaux, dont l’ouverture, qui ont un caractère flamboyant et dramatique, enrichissant l’œuvre aux moments-clé. L’écriture bénéficie d’une excellente construction dramatique, très rigoureuse, suivant les préconisations de Gluck, et créant une tension très bien amenée, étape par étape, vers la tragédie finale. L’œuvre annonce clairement et avec brio le triomphe du Bel Canto qui sera l’apanage de Rossini et Bellini quelques années plus tard.

L’excellence de l’interprétation musicale domine la soirée

Stefan Plewniak dirige l’irréprochable formation baroque de l’Opéra Royal, sur instruments d’époque, avec une énergie redoutable, insufflant dès l’ouverture une sorte de frénésie, sans doute un peu excessive dans les moments plus nostalgiques et tristes, mais qui, dans l’ensemble, rend vraiment justice à cette très belle partition si rare jusqu’à présent.

Après quelques ajustements lors des premières secondes où les instruments ne sonnaient pas toujours parfaitement, nos oreilles sont servies par un festival orchestral magnifique, tandis que le continuo assuré par un très beau clavecin accompagne des récitatifs qui font sens dans l’écriture très riche de Zingarelli. Tantôt en alternance avec les chanteurs,  en soutien et en accompagnement, tantôt en véritable soliste, l’orchestre a toute sa place dans le déroulement du fil dramatique, multipliant d’ailleurs les exploits d’instrumentistes.

Zingarelli avait écrit son opéra pour une voix de castrat comme la tradition napolitaine l’exigeait alors, mais il avait ménagé également un grand rôle pour une voix de ténor (Everardo, le père de Giuletta)  et donné une place prépondérante à la soprano lui offrant des pièces magnifiques. Il faut dire qu’il bénéficiait alors du concours de deux prestigieux solistes, la célèbre Giuseppina Grassini, dont Napoléon était, dit-on, amoureux, et du plus grand castrat de l’époque, Girolamo Crescentini.

Le rôle de ce Roméo est, depuis la renaissance de l’œuvre à Salzbourg, dévolu à Franco Fagioli. Le contre-ténor argentin est sans doute l’artiste lyrique qui a la technique et les capacités vocales permettant d’aller au plus près de ce qu’étaient les performances des castrats. Son ambitus est remarquable, ses suraigus comme ses graves et surtout les descentes vertigineuses entre ses notes extrêmes se font sans rupture de registre avec beaucoup d’aisance. Il ornemente, il vocalise, il trille sans effort apparent et sa voix très spéciale comporte incontestablement une signature vocale très personnelle qui le classe à part dans la grande famille des contre-ténors. Pourtant, si l’on en juge par les enregistrements que l’on peut entendre de la version concert de Salzbourg ou les extraits déjà publiés par le label de l’Opéra Royal de Versailles, il n’était pas au mieux de sa forme hier soir, notamment dans la première partie où un vibrato un peu envahissant s’est installé sur son premier air, « Che vago sembiante », lui donnant une sorte d’imprécision gênante. Par la suite la voix s’est chauffée et Fagioli est monté en puissance et en émotion, nous livrant quelques arias de toute beauté, notamment ses « O mia Giulietta! O sposa! » et « Ombra adorata » du dernier acte. Il campe un Roméo très amoureux, plus chevaleresque et romantique que guerrier, et son incarnation reste l’une des plus séduisantes du fait d’une grande capacité à colorer chaque note, chaque intonation, d’une intention précise.

L’impressionnante prestation d’Adèle Charvet

Mais la reine de la soirée a été la magnifique Giuletta d’Adèle Charvet qui, outre le caractère juvénile qu’elle sait donner à son personnage (de toute jeune fille, rappelons-le), malmené dans un monde d’hommes, de guerres de clans, de violence, d’honneur, d’obéissance au père, au promis, parvient à rester cette fleur qui ne se laissera pas flétrir et préfèrera se donner la mort que de survivre à son amour.

Elle a du caractère et Adèle Charvet aussi ! Et quel chant aux vocalises et trilles périlleux qu’elle maitrise parfaitement, nous offrant un très beau timbre aux aigus déployés avec grâce et puissance tout à la fois, au souffle inépuisable, dans une diction impeccable. On a beaucoup aimé sa Giuletta et la mezzo-soprano, qui n’a que trente ans, confirme qu’elle est l’une des meilleures belcantistes de sa génération. Soulignons aussi à quel point la voix est large et riche, dominant parfois celle du contre-ténor dans leurs duos, et se mariant avec l’Orchestre de l’Opéra royal, avec un bonheur permanent.

Une véritable équipe

L’ensemble des chanteurs forment un ensemble très soudé dont on apprécie tous les rôles au-delà des deux rôles-titres. Ainsi Giuletta est-elle très brillamment accompagnée par la soprano Florie Valiquette qui incarne une Matilde à forte personnalité, très à l’aise sur scène, au timbre riche et capiteux, capable des plus belles ornementations et des plus élégantes coloratures de la partition. L’une et l’autre franchissent manifestement des étapes importantes de leurs carrières au travers de ces rôles difficiles et si bien interprétés.

L’autre contre-ténor est le délicieux Nicolò Balducci (Gilberto) qui possède un timbre clair et une voix très ductile, et s’étourdit dans de superbes ornementations très maitrisées pour notre plus grand bonheur.

Le ténor Krystian Adam est un père dont la voix forte et magnifiquement projetée en impose dans la noblesse et la colère, avant d’incarner avec justesse, le désespoir, notamment lors de son superbe « Misero che farò? Più figlia, o dio, non ho », mais il ne parvient pas totalement à entrer dans le style du bel canto, donnant parfois un peu trop de décibels pour se mouler dans la délicatesse du chant tout en dentelles de ses partenaires.

Enfin Valentino Buzza est un Teobaldo de bonne tenue, son ténor trouve à se déployer avec davantage d’expressivité, et une montée des tensions particulièrement réussie, lors de l’affrontement avec Roméo.

La petite vingtaine de choristes du Chœur de l’Opéra Royal fait merveille dans son rôle de « foule », réalisant quelques très beaux exploits, comme l’échange oppressé et dramatique à l’issue du combat fatal : « Coro : Oh dio! Qual tristo evento! Vendetta… Teobaldo : Oh ciel… io moro. Coro : Ai fulmini, al cimento all’armi, ed al furor. ») ou le quintette et choeur achevant l’acte 1 (et la première partie avant entracte), « E fino a quando, o dèi dovremo paventar », magistralement exécutés par l’ensemble des solistes et choristes valorisant une des richesses admirables de la partition.

Une mise en scène à l’esthétique irréprochable

Les deux précédentes exhumations de l’œuvre de Zingarelli, avaient proposé pour l’une (Salzbourg) une version concertante, et pour l’autre (Versailles déjà) des extraits des principaux airs virtuoses de Roméo et de Juliette. Cette fois, il s’agit bien d’une mise en scène intégrale réalisée par Gilles Rico. Ce dernier situe l’action, essentiellement par le truchement des très beaux costumes de Christian Lacroix, sous le Directoire, en référence à l’époque où l’opéra préféré de Napoléon fut créé. Pourquoi pas ? Mais il ne s’agit pas pour autant d’une simple « illustration » cherchant par les décors un peu carton-pâte de Roland Fontaine et le jeu de lumière de Bertrand Couderc, à recréer l’ambiance de l’époque concernant les œuvres lyriques. Gilles Rico ajoute en effet toute une série d’aspects qui relèvent de sa propre interprétation et à la longue, paraissent un peu superfétatoires comme l’omniprésence du fantôme ensanglanté de Teobaldo, le fiancé de Giuletta tué par Roméo dès l’acte 1. Il choisit aussi de représenter le royaume des ténèbres, les ombres évoquées par les différents protagonistes en habillant tout de noir, les chœurs, dès le crime commis, créant une sorte de culpabilisation collective qui appelle expiation, thèse très discutable.

Mais dans l’ensemble malgré ces quelques réserves, auxquelles on ajoutera une direction d’acteurs assez sommaire, le visuel est esthétiquement beau et certaines scènes sont vraiment très réussies. Ainsi en est-il de la première rencontre entre les amants de Vérone, quand ils restent seuls éclairés dans une foule qui s’immobilise dans l’obscurité, du combat à l’épée très bien chorégraphié et en parfaite synchronisation avec l’orchestre et les chœurs  ou de celle du tombeau de Juliette, lit de pierre austère, où la jeune fille repose quand durant l’hommage qui lui est rendu, des dizaines de pétales rouges de fleurs sont jetés sur sa robe blanche immaculée comme autant de gouttes du sang versé qui sera ensuite le sien quand elle se poignardera de désespoir.

Avec un jeu de rideau qui descend pour dissimuler les changements de décor durant des duos, des mouvements coulissants de panneaux qui ouvrent la scène à des vues en extérieur où dominent des paysages sombres et des ambiances obscures, l’ensemble du dispositif est suffisamment ingénieux pour donner l’impression, renforcée par la beauté du théâtre lui-même, d’une plongée dans un spectacle donné pour Napoléon qui le fit jouer des dizaines de fois pour son plaisir.

Le public a réservé une très belle ovation à l’ensemble des protagonistes de cette représentation, qui a été filmé et donnera lieu à la sortie prochaine d’un DVD sous le label des spectacles du Château de Versailles. Nous l’attendons avec impatience !

Visuel : © Ian Rice