09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo    09.12.2024 : Les European Film Awards sacrent le cinéma français    09.12.24 : Indiana Jones devient un jeu vidéo
Agenda
Scènes
Auteurs et Autrices
Partenaires
Qui sommes-nous?
Contact
Agenda
21.05.2024 → 14.06.2024

Génial « Intermezzo » de Strauss relu et corrigé par Tobias Kratzer à Berlin

par Nicolas Chaplain
21.05.2024

Après avoir présenté une Arabella convaincante et résolument contemporaine, Tobias Kratzer met en scène au Deutsche Oper de Berlin un « Intermezzo » de Richard Strauss moderne, amusant et néanmoins sarcastique. Donald Runnicles dirige l’orchestre splendide et virtuose.

Une réécriture et une esthétique d’aujourd’hui

Christine est amoureuse, attentionnée et admiratrice de son mari, chef d’orchestre Robert Storch (très bien interprété par Philipp Jekal). Lorsque ce dernier quitte le foyer en taxi surchargé de ses innombrables valises, et se dirige vers Berlin pour diriger un concert, elle s’ennuie, seule avec la cuisinière et la femme de ménage. Même le jeune Franzl, son fils, l’ignore. Il s’occupe à jouer du piano, à faire le chef d’orchestre en pyjama dans sa chambre ou à regarder papa à la télé en direct sur Arte Concert.
Quand Christine rencontre inopinément un baron beau parleur suite à un accident de voiture, elle se sent désirée et revivre. Ce n’est pas lors d’une soirée de bal, mais dans le lit d’une chambre d’hôtel qu’ils se retrouvent et que Christine dit n’avoir jamais aussi bien « dansé » depuis longtemps. Le portrait de cette femme moderne est tout à fait crédible et cohérent. La soprano Maria Bengtsson enchante et bouleverse dans ce rôle exigeant.
Le futur directeur de l’Opéra de Hambourg Tobias Kratzer est un spécialiste pour relire les œuvres du répertoire, les adapter afin que tout se joue au présent et que des enjeux et des questionnements actuels parviennent aux spectateurs. Les lettres échangées sont des textos. La scène avec la femme du notaire se déroule en visio. Sa lecture actuelle, psychologique et critique revigore la simplette comédie bourgeoise écrite par le compositeur lui-même d’après un événement (une mésaventure) autobiographique.
La résolution de l’opéra ne pouvait être traitée de nos jours littéralement. Les retrouvailles entre les époux et la scène de leur réconciliation sont ici plus grinçantes, plus amères. La crise dans le ménage laissera visiblement des traces et Kratzer éreinte le masculinisme du milieu de l’opéra contenu dans le livret. Il choisit de ne pas faire dire au premier degré les excuses et les bonnes résolutions de la femme aimante envers son mari. Celle-ci lit ces paroles (qui sont désormais celle d’un rôle) dans une brochure qu’elle jette par terre en signe de protestation.

La musique et les musiciens au centre du propos

Lors des nombreux intermèdes, Donald Runniclès et les musiciens sont filmés en direct et projetés sur un écran. L’orchestre est grandiose, délicat, puissant, toujours soyeux et souple.
Kratzer multiplie les clins d’œil à l’œuvre de Strauss qu’il distille à l’envi et dans des scènes hilarantes. Ainsi, pour séduire son baron (Thomas Blondelle), Christine se fait Ariane (avec une tunique grecque), Salomé, maréchale… Lorsqu’elle croit apprendre que son mari la trompe, elle file chez le notaire sous les traits de la furieuse Elektra, en haillon, une hache à la main. Des extraits en noir et blanc d’anciennes productions du Chevalier à la rose sont également diffusés. La tempête produit des turbulences alors que le maestro Storch rentre en avion avec la compagnie Strauss.

Tobias Kratzer finira sa trilogie consacrée à Strauss avec La Femme sans ombre qui sera créée la saison prochaine à Berlin.

Jusqu’au 14 juin au Deutsche Oper Berlin

Informations et réservations

Visuel :  ©Monika Rittershaus