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16.06.2024 → 14.07.2024

Francfort : « La Juive », une superbe fresque historique haute en couleur avec l’exceptionnel John Osborn

par Helene Adam
18.06.2024

L’Opéra de Francfort se lance dans la nouvelle production de l’une des figures emblématiques du grand opéra français, La Juive de Fromental Halévy. Audacieuse mise en scène, plateau vocal superlatif et magnifique direction musicale, font de cette première un événement artistique de premier plan.

Le grand opéra français

Fromental Halévy est l’un des représentants les plus brillants, avec Meyerbeer, de ce genre très prisé dans la première moitié du dix-neuvième siècle, qui donnait de l’opéra une vision d’art complet : un récit historique et un drame humain – la petite histoire dans la grande -, de grandes fresques et scènes de foule en référence à des événements, un fort développement psychologique des personnages, une tension dramatique permanente et des airs virtuoses pour plusieurs tessitures dont celle du ténor qui fait sa grande entrée en quelque sorte dans le genre.

La Juive a été créée en 1835 à l’Opéra le Pelletier à Paris, et composée sur un livret du célèbre Eugène Scribe. Le thème est celui de l’intolérance religieuse et dénonce, malgré l’égalité formelle de tous les citoyens, les injustices qui frappent les juifs et la violence qui se dégage de ce fait, de la guerre entre les communautés.

 

Dès l’ouverture qui se joue brillamment, mais à rideau fermé, le caractère dramatique de l’œuvre est présent malgré quelques moments lyriques, les accents lourds de la partition sont soulignés par la battue impressionnante du chef hongrois Henrik Nánási très à l’aise dans ce répertoire.

Et dès que le rideau noir se lève sur les chœurs célébrant les fêtes du concile de Constance en 1414, nous sommes dans l’ambiance d’intolérance et d’antisémitisme. Éléazar, joailler, travaille alors que c’est interdit. La foule veut le lyncher, le condamne à mort et le pourchasse.

Il s’en suivra divers rebondissements qui lui permettent provisoirement d’être sauvé, mais qui aboutiront finalement à son exécution ainsi que celle de sa fille Rachel, final célèbre sans doute l’un des plus cruels avec ceux de Rigoletto et de Tosca, de l’histoire de l’opéra.

Une mise en scène originale et efficace

Tatjana Gürbacas propose une lecture intemporelle de cette haine et de cette cruauté nées du totalitarisme religieux et de l’antisémitisme des classes dominantes chrétiennes, et situe son propos dans un décor unique de Klaus Grünberg et Anne Kuhn , sorte de tour de Babel qui s’élance vers les cintres et ménage toute sorte de « niches », permettant de valoriser tout autant les grandes scènes collectives de foules – qu’elles soient chrétiennes ou juives – que les scènes plus intimes qui opposent les protagonistes tout au long de l’histoire.

 

Cadre astucieux pour les mouvements théâtraux divers (étages et hauteur, larges marches au sol, coins et recoins divers), le décor symbolise aussi lors des scènes de foule particulièrement réussies, l’exiguïté des espaces, les foules entassées dans des lieux étroits, où la peur, régulièrement distillée, créé des mouvements de panique ou de chasse à l’homme qui s’enroulent dans ce cadre cauchemardesque.

À l’avant de la scène, de grosses bûches se consument encore, souvent rougeoyantes, soulignant que le bûcher, celui où l’on brûle les hérétiques, est encore chaud de la dernière exécution.

Les costumes de Silke Willrett voient évoluer les personnages dans une proposition très riche en symboliques fortes qui font sens même si parfois, il faut une deuxième vision pour en comprendre toutes les subtilités, ce n’est jamais un obstacle à la compréhension du récit, cela valorise les grands moments « climax » qui vont de ce fait, jouer pleinement leur rôle de réservoir à émotions dans une salle très réceptive.

Des personnages complexes et bien analysés

Ainsi Rachel et Éléazar sont d’abord des personnages très ordinaires (lui en costume gris, elle en jupe classique) qui ne sont pourchassés que parce qu’ils sont juifs, puis fustigés au sens premier du terme, ils vont évoluer, lui condamné à être une sorte de bouffon à la Rigoletto va se révéler, a contrario de son costume, un être d’une immense sensibilité et d’une grandeur d’âme impressionnante. Elle, revêtue d’un déguisement de fille de mœurs légères par l’entremise d’une Eudoxie jalouse qui lui prend ses vêtements, gardera par-delà le déguisement, la dignité de celle qui accepte sereinement sa mort pour sauver son Léopold. Ce dernier est d’abord l’étudiant Samuel en culotte courte puis un général de pacotille, celui qui a vaincu les hérétiques Hussites et symbolise la cruauté sans partage des catholiques à l’égard de toutes les autres religions, lors d’un film en noir et blanc de Nadja Krüger projeté durant le ballet et où seul, Rachel symbole du diable pour Léopold, est en couleur (rouge) avec cornes de diablotin.

Eudoxie est également un personnage complexe, d’abord bimbo en rose, puis amoureuse en déshabillé tendre pour reconquérir son mari volage, enfin revêtue d’une longue robe bleue façon moyen-âge lors du final.

Des scènes de foule grandioses 

Le traitement de la foule est également spectaculaire : costumes populaires pour les fêtes du concile de Constance, dominante de noir parfois taché de teintes plus claires pour la prière clandestine des juifs, déguisements moyenâgeux pour la projection du film, tenue façon Ku klux klan des juges du dernier tableau, qui avance avec de très légers pas de danse au rythme de la musique dans un ensemble aux éclairages inquiétants, aux couleurs noir, rouge, argent volontairement appuyées, pour un final dont on ne dévoilera pas la fin pour laisser la surprise aux spectateurs à venir.

L’incontestable immense qualité de cette mise en scène – qui a été tout à la fois applaudie et huée comme souvent – est d’offrir un écrin passionnant à cette œuvre qui dure près de trois heures trente et captive de la première note à la dernière. C’était déjà le cas pour la Fanciulla del west créée à Lyon par la metteuse en scène de Berlin qui maîtrise particulièrement bien ces contrastes opératiques entre le local et le global.

L’entente avec la battue captivante, vigoureuse et colorée de Nanasi est parfaite et cette osmose entre la scène et la fosse est l’une des immenses qualités d’une soirée riche en émotions.

Car Francfort ne fait pas les choses à moitié et son plateau vocal appelle tous les éloges alors que la plupart des chanteurs effectuaient leur prise de rôle sans être par ailleurs de langue française ce qui accentue la difficulté d’une « première ».

Le triomphe de John Osborn

John Osborn, ténor lyrique qui excelle dans le grand répertoire français, a pour référence Adolphe Nourrit, le créateur du rôle dans les pas duquel il s’installe durablement depuis maintenant de nombreuses années après avoir été un grand interprète des rôles du Rossini « seria » (Guillaume Tell, La Donna del lago). Il avait sorti un excellent CD en hommage à Gilbert Duprez, « concurrent de Nourrit », le premier ténor ayant chanté un contre-ut en voix de poitrine dans Guillaume Tell, ouvrant la voie aux écritures lyriques et dramatiques qui ont suivi et s’illustrant – comme John Osborn actuellement – dans Robert le Diable, Le Prophète ou Benvenuto Cellini.

Les qualités vocales de John Osborn sont immenses : la voix est claire, large et puissante, le timbre est beau, ensoleillé et bien projeté. La technique est hardie et sans faille, avec une ligne musicale superbement bien tenue, des aigus claironnants et bien projetés, une part d’assombrissement dramatique dans les rôles plus lourds actuels qui n’altère jamais la beauté du timbre, des couleurs, l’art de la nuance et la richesse des harmoniques.

On l’attend dans son air le plus célèbre, « Rachel quand du seigneur », et il nous offre un véritable festival. Non seulement l’air est complet, cabalette comprise (« Seigneur, éclaire-moi »), mais surtout, le ténor nous offre ses contre-notes avec un naturel confondant, le drame du père adoptif couvant un bébé qu’il a sauvé et qu’il va « livrer au bourreau » est immédiatement perceptible.

S’il n’y avait qu’une seule raison de se précipiter à Francfort écouter cette Juive, elle s’appellerait John Osborn. Neil Schicoff a été le brillant titulaire du rôle durant les années 90 alors que l’œuvre, censurée puis oubliée après une immense célébrité après sa création, était réhabilitée. John Osborn est son digne successeur et il faut l’avoir entendu pour comprendre comme un artiste peut littéralement incarner un personnage à merveille.

Rappelons qu’il a été longtemps confiné au rôle de Léopold avant de se voir offrir enfin le rôle principal que beaucoup de ses admirateurs attendaient avec impatience. Et si le grand air de la fin du quatrième acte est le point culminant de la soirée, son duo avec le cardinal de Brogni de Simon Lim est également un modèle d’affrontement vocal et scénique entre deux tessitures opposées représentant deux personnages qui se cherchent en permanence. DU très grand art.

Excellence du plateau vocal

Simon Lim a, lui aussi, une voix très puissante et assume les graves de la partition autant que ses aigus, ses airs comprenant des écarts de notes assez importants. Le timbre de la basse est superbe comme à son habitude, il sait colorer, nuancer, donner de la chair à son interprétation et son aisance scénique est parfaite dans une mise en scène qu’il a manifestement appréciée, sans doute parce qu’elle souligne les ambiguïtés du personnage.

La Rachel d’Ambur Baird, soprano puissante aux aigus brillants et très bien projetés, a énormément de panache. Comme ses interprétations récentes de la Teinturière dans Die Frau Ohne Schatten à l’Opéra de Lyon et de Salomé à l’Opéra de Francfort, elle impressionne dès son arrivée sur scène par sa présence incandescente et quelle que soit son allure (jeune fille sage ou fille légère), on ressent le feu qui couve sous la glace, la force de caractère de celle qui reproche à Léopold sa trahison tout en étant déterminée à le sauver en se sacrifiant. C’est Cornélie Falcon qui a créé le rôle et Ambur Braid possède une voix de soprano dramatique brillante et puissante qui domine la plupart des ensembles.

La mise en scène ménage un court rapprochement tendre entre elle et celui qui est son père sans qu’ils ne le sachent ni l’un ni l’autre, qui laisse imaginer qu’ils se sont reconnus sans y croire ce qui leur sera fatal.

 

Monika Buczkowska incarne une Eudoxie également passionnante par la complexité donnée à un personnage habituellement plus insignifiant. D’abord jeune femme légère essentiellement préoccupée de son apparence, elle devient la mère qui défend son mariage à tout prix, avant d’être, lors du magnifique duo avec Rachel, celle qui supplie sa rivale de sauver Léopold où l’on ressent son regret de ne pouvoir se lier d’amitié avec celle qui partage le même amour.

La voix de soprano colorature est flexible et agile dans les vocalises, trilles et ornementations du rôle tout en soulignant par de très belles couleurs et inflexions, les évolutions du personnage. Une très belle incarnation qui s’oppose assez radicalement au personnage de Léopold. Le ténor Gérard Schneider, possède une puissance sans doute un peu moindre, mais, doté d’un timbre souverain, il nous offre une ligne de chant divine et des aigus tout en souplesse. On admire également son magistral jeu d’acteur.

L’exceptionnelle qualité du plateau vocale est complétée par le baryton énergique et intransigeant, de Sebastian Geyer, le maire Ruggiero. Baryton très puissant, Danylo Matviienko campe un Albert très convaincant.

 

Manifestement, outre Osborn dont on connait tout à la fois l’excellent (et indépassable, disons le franchement) Éléazar et la qualité de la diction française, les chanteurs ont travaillé la langue de Scribe mise en musique par Halévy pour réussir assez brillamment à illustrer leurs rôles par un respect soigné de la prosodie évitant au spectateur francophone la nécessité de lire les surtitres (en anglais et en allemand).

Ce n’était pas parfait et dans les moments les plus tendus, Ambur Braid en particulier livrait une prononciation discutable, mais l’ensemble était correctement rythmé, sans décalage et dès les premiers mots d’ailleurs, on était rassuré sur le sérieux de la représentation de ce point de vue.

Ovations

Cette première a été très largement ovationnée par le public : la qualité du plateau, des chœurs, de l’orchestre, l’illustration des tensions dramatiques tant sur le plan musical que scénique, représente un très bel hommage à ce que voulait être le grand opéra français. On se doit de souligner qu’il faut souvent franchir le Rhin pour voir ainsi réhabilitées des œuvres plus rares en France alors qu’elles ont été d’immenses et incontournables succès au dix-neuvième siècle.

Et l’on ne peut que féliciter des choix artistiques majeurs faits une fois encore par l’Opéra de Francfort qui nous propose pour la prochaine saison, quelques joyaux à découvrir dont Cult.news se fera l’écho.

Opéra de Francfort, du 16 juin au 14 juillet

Réservations

 

Visuels : © Monika Rittershaus