Festivals lyriques d’été 2024 : demandez (déjà) le programme !

Festival d’Aix-en-Provence

Une fois de plus le plus prestigieux festival lyrique français a dévoilé une programmation aussi riche que variée et excitante. On retiendra, une fois encore, le souci de diversifier les répertoires, d’inviter les bons artistes au bon endroit, sans chercher à faire « des coups », et de proposer des inédits fort intéressants.

On retiendra ainsi la re-création du Samson « perdu » de Voltaire et Rameau, cette partition, moderne pour son temps, que la censure interdit de représentation et qui tomba dans les oubliettes (même si Rameau en réutilisa des morceaux ici ou là). Raphael Pichon, chef d’orchestre et Claus Guth metteur en scène, ont travaillé à partir des matériaux existants à la reconstitution d’une œuvre inspirée de ce Samson, sans pouvoir prétendre en retrouver la lettre, mais en tentant de rester fidèle à l’esprit. Une vraie curiosité, avec un baryton dans le rôle-titre, l’excellent Jarrett Ott.

On notera également le défi que représente le fait de jouer la même soirée les deux Iphigénie de Gluck (Iphigénie en Aulide et Iphigénie en Tauride) avec la même interprète dans le rôle-titre, à savoir Corinne Winters (excellente Katia Kabanova à Genève l’an dernier). Dmitri Tcherniakov, à la mise en scène, se chargera d’unifier les deux œuvres.

Sera également à l’affiche une création mondiale avec Songs and Fragments, une œuvre de Davies et l’autre de Kurtag dans une mise en scène de Barrie Kosky avec l’Ensemble Intercontemporain (EIC) sous la direction de Pierre Bleuse.

Aix proposera bien d’autres curiosités parmi les 5 opéras mis en scène et 2 opéras en version concert (mais mis en espace) :

Madame Butterfly de Puccini (dont on fête le centenaire), du 5 au 22 juillet, sous la direction de Daniele Rustioni et dans une mise en scène de Andrea Breth avec Ermonela Jaho et Adam Smith.

Restant fidèle à l’opéra français de toutes les époques, le festival proposera également, du 7 au 17 juillet, Pelléas et Mélisande de Debussy, sous la direction de Susanna Mälkki et dans une mise en scène de Katie Mitchell. Cette reprise adoptera une optique féministe imaginant ce Pelléas vu du point de vue de Mélisande. Et ce sera avec deux artistes qui montent, Huw Montague Rendall et Julia Bullock, et une valeur sûre, Laurent Naouri.

Le retour d’Ulysse dans sa patrie de Monteverdi du 17 au 23 juillet, dans une mise en scène de Pierre Audi, l’actuel directeur du festival, et sous la direction de Leonardo García Alarcón, avec quelques jeunes artistes très prometteurs, tels Deepa Johnny et Anthony Léon.

La Clémence de Tito (Mozart) sera proposé, le 21 juillet, en version concert sous la direction de Raphaël Pichon avec le Tito de Pene Pati et la Vitelia de Karine Deshayes, le Sesto de Marianne Crebassa et l’Annio de Lea Dessandre.

Autre version concert, le 23 juillet, avec Les vêpres siciliennes, le magnifique opéra de Verdi (en français et écrit pour Paris) ; avec Marina Rebeka, John Osbron, Igor Golovatenko, Roberto Tagliavini ; direction Daniele Rustioni ; La représentation sera réalisée en partenariat avec PBZ qui l’enregistrera.

Une nouvelle production de « théâtre musical » aura également lieu sous l’égide la fondation Luma, à partir d’une œuvre de William Kentridge, intitulée The great yes, the great no. Du 7 au 10 juillet à Arles.

Enfin différents concerts (l’orchestre de Paris avec Klaus Mäkelä) et récitals (Sondra Radvanovsky, Elina Garanca, Lea Desandre) sont également programmés, sans oublier le quarantième anniversaire de l’Orchestre des jeunes de méditerranée qui donnera lieu à un grand concert le 20 juillet.

Nous ne nous attarderons pas ici plus que nécessaire sur les Chorégies d’Orange qui proposent, cette année, un seul opéra sur une soirée, en version concert (Tosca avec Aleksandra Kurzak, Roberto Alagna et Bryn Terfel).

Festival de Salzbourg

Le festival d’été 2024 de Salzbourg nous propose quelques raretés fort intéressantes, parmi lesquelles des œuvres contemporaines.

L’Idiot de Mieczysław Weinberg (1987, créé en 2013) d’après le roman éponyme de Dostoïevski, dans une mise en scène de Krzysztof Warlikowski et avec une distribution fort alléchante : Bogdan Volkov, ténor phénoménal scéniquement comme vocalement et parfaitement assorti au rôle comme d’ailleurs sa comparse, la soprano Ausrine Stundyte ; 5 séances du 2 au 23 Août.

Le Joueur de Serge Prokofiev, mise en scène de Peter Sellars, avec l’excellente Asmik Grigorian en Polina ; 5 séances du 12 au 26 Août.

Koma de Georg Friedrich Haas (1953), avec la soprano française Sarah Aristidou (excellente prestation récente dans Le Grand Macabre à l’auditorium de Radio France), en version concert le 24 juillet. Le lendemain, dans la même soirée du 25 juillet, deux œuvres seront données en version concert : Il Prigioniero de Luigi Dallapiccola et Il Canto Sospeso de Luigi Nono. La direction musicale sera celle de l’un des meilleurs chefs de la musique lyrique contemporaine, Maxime Pascal, avec de très beaux artistes dont Tanja Ariane Baumgartner, Georg Nigl et John Daszak.

D’autres œuvres beaucoup plus célèbres feront également l’objet de nouvelles mises en scène :

Les Contes d’Hoffmann, dans une mise en scène de Mariane Clément, sous la direction de Marc Minkowski, avec Benjamin Bernheim et Kathryn Lewek dans les 4 rôles de femmes ; 6 séances du 13 au 30 Août.

Don Giovanni avec la reprise de la très belle et très originale mise en scène de Roméo Castellucci, sous la direction d’un autre enfant terrible de la musique classique, Teodor Currentzis ; 6 séances du 28 juillet au 19 Aout.

Sachant qu’à Salzbourg les Mozart vont par deux, La Clémence de Tito sera repris après le festival de Pentecôte. La mise en scène sera de de Robert Carsen ; avec Cecilia Bartoli, Daniel Behle et Alexandra Marcellier ; 6 séances du 1er au 16 Août.

Capricciode Richard Strauss, sera également au programme de trois séances en version concert, sous la direction de Christian Thielemann, avec Elsa Dreisig, Bo Skovhus et Konstantin Krimmel, Mika Karès et Ève-Maud Hubeaux.

Enfin on retrouvera le Hamlet d’Ambroise Thomas pour deux séances en version concert, sous la direction de Bertrand de Billy, avec Stéphane Degout et Lisette Oropesa.

Festival Rossini de Pesaro

Une fois de plus, le festival, situé dans la station balnéaire de l’adriatique propose un programme passionnant. Du 11 au 23 Août, on y retrouvera :

Ermione (Avec Anastasia Bartoli, Victoria Yarovaya, Enea Scala, Juan Diego Flórez…) ; direction : Michele Mariotti ; mise en scène : Johannes Erath.

Bianca e Falliero (avec Jessica Pratt, Aya Wakizono, Dmitry Korchak, Giorgi Manoshvili) ; direction : Roberto Abbado ; mise en scène : Jean-Louis Grinda.

L’equivoco stravagante (avec Maria Barakova, Nicola Alaimo, Carles Pachón, Pietro Adaíni) ; direction : Michel Spotti ; mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier.

Il viaggio a Reims sera donné en forme de concert avec une extraordinaire distribution (Vasilisa Berzhanskaya, Maria Barakova, Sara Blanch, Karine Deshayes, Jack Swanson, Dmitry Korchak, Michael Mofidian, Erwin Schrott, Nicola Alaimo, Vito Priante, Alejandro Baliñas…).

Il barbiere di Siviglia (avec Jack Swanson, Carlo Lepore, Maria Kataeva, Andrzej Filonczyk, Michele Pertusi…) ; direction : Lorenzo Passerini ; mise en scène : Pier Luigi Pizzi.

De nombreux évènements ponctueront la manifestation dont des récitals et concerts avec Gregory Kunde, Eleonora Buratto, Pietro Spagnoli, Ramón Vargas, Sara Blanch, Daniela Barcellona…

Arènes de Vérone

Le prestigieux festival reste, en 2024, sur ses fondamentaux. Pour le centenaire de la mort de Giacomo Puccini, la Fondazione Arena ouvrira le 101ème Festival, le samedi 8 juin, avec Turandot dans les décors de Franco Zeffirelli.

Puccini sera également présent avec la reprise de Tosca (dont une distribution avec Anna Netrebko) et La Bohème pour deux dates avec un casting annoncé comme exceptionnel…

Enfin, on retrouvera les productions déjà connues du Barbier de Séville, de Carmen et d’Aïda. Pour cet opéra phare du festival, les 10 premières représentations verront le retour de la production du 100^ème Festival (de Stefano Poda) et, à partir du 10 août – 111 ans précisément après la première Aïda dans l’Arène – elle laissera la place à la production historique de 1913 qui reviendra pour cinq représentations.

Le détail des distributions devrait être connu en début d’année.

Festival International de Musique Baroque et Sacrée de Froville

Du 31 mai au 30 juin, le festival offrira des soirées alléchantes, avec de petites formations baroques, parmi lesquelles :

I Gemelli avec les ténors en duo, Emiliano Gonzalez toro et Zachary Wilder (programme d’œuvres de V. Calestani, S. d’India, B. Marini, A. Falconieri, D. Castello, G. Sabbatini).

Lucile Boulanger and friends (instrumental) avec des œuvres de J.B. de Boismortier, L.A. Dornel, J.F. Rebel, J.P. Rameau, F.Francœur.

Les Accents pour le Stabat mater de Pergolèse et Salve Regina, avec la soprano Laurane Oliva, premier prix récent du concours Voix Nouvelles (voir article) et le ténor Christophe Dumaux.

Le Concert de la loge pour Resurrection de Haendel avec une très belle distribution de qualité internationale dans ce répertoire : Emöke Baráth, Lucile Richardot, Elsa Benoit, Emiliano González Toro, Robert Gleadow.

Un récital de clavecin de Violaine Cochard sur des œuvres de J. Duphly, A. Forqueray, J.N. Pancrace Royer, J.F. Dandrieu, D. Scarlatti.

Il Pomo d’Orro sous la direction de Fransesco Corti, concert « contra ténor » avec Michael Spyres et des œuvres de J.B. Lully, G.F. Haendel, L. Vinci, N. Porpora, J.A. Hasse…

Les Talens lyriques avec Christophe Rousset au clavecin et la soprano Judith Van Wanroij pour les pièces et cantates de Rameau.