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Elīna Garanča : « Quand j’étais petite, je suis tombée follement amoureuse de la zarzuela ! »

par Marta Huertas de Gebelin
14.10.2023

Elīna Garanča va prochainement aborder Luisa Fernanda, l’une des grandes zarzuelas du répertoire espagnol. Interview.

Elle est raffinée, élégante, charismatique, possède une voix sombre et veloutée d’une grande beauté, et une parfaite musicalité. Elle souhaitait devenir comédienne, mais m’ayant pas réussi à entrer à l’École d’art dramatique, elle a voulu s’orienter vers le music-hall, puis a fini par se consacrer au chant lyrique dans l’Académie de Musique de sa ville natale; de quoi confirmer le dicton populaire : pour elle, la troisième fut la bonne.

Il s’agit, bien entendu, d’une mezzo-soprano que tous les passionnés d’art lyrique ont probablement déjà écoutée, la lettone Elīna Garanča, l’une des plus grandes chanteuses d’opéra de notre époque, acclamée sur les scènes lyriques les plus importantes du monde.

Née à Riga, Garanca qui aime tout particulièrement l’Espagne, va se produire le 20 octobre à l’Auditorium Alfredo Kraus de Las Palmas de Grande Canarie et le 25 au Teatro Real de Madrid, dans le rôle-titre de l’une des grandes zarzuelas du répertoire espagnol , Luisa Fernanda de Federico Moreno Torroba, avec l’Orchestre Philharmonique de la Grande Canarie, dirigé par Karel Mark Chichón. Ce sera une grande première : jamais auparavant une star de l’opéra sans ancêtres espagnols ne s’était attaquée à un rôle principal dans une zarzuela.

L’occasion donc de l’interviewer sur sa carrière, ses expériences, ses défis et ses projets. Et puisqu’Elīna Garanča parle couramment et correctement l’espagnol, c’est dans cette langue qu’elle a répondu à notre interview.

 

Bonjour Mme Garanča. Merci beaucoup de nous accorder la possibilité de mieux vous connaître. Il est rare que les grands chanteurs lyriques non hispaniques abordent le répertoire lyrique espagnol pour lequel vous faites preuve, depuis longtemps, d’une prédilection particulière. Comment est né votre intérêt pour la musique espagnole, et notamment pour la zarzuela ?

 

On peut appeler cela coïncidence ou destin mais, quand j’étais petite, je suis tombée follement amoureuse de la zarzuela. La musique espagnole était une partie inséparable de mon enfance musicale. Ma mère – qui est devenue plus tard ma professeure – chantait des œuvres de de Falla, Guridi, Granados et Obradors.

Par la suite, j’ai découvert Teresa Berganza, ce qui a renforcé mon attirance pour la zarzuela, et après la fascination initiale, j’ai commencé à m’intéresser de très près à ce genre.

Mais, admirer un seul chanteur espagnol dans ce répertoire est tout simplement impossible. Après Teresa Berganza, il y a eu Victoria de los Ángeles et Pilar Lorengar et, bien évidemment Montserrat Caballé et Plácido Domingo.

Des années plus tard, l’Espagne est devenue une partie inséparable de ma vie, tout comme mon amour pour la zarzuela.

 

Auriez-vous préféré jouer Luisa Fernanda dans une version mise en scène ?

 

Une version de concert peut parfois être plus exigeante qu’une représentation sur scène, car il n’y a ni décors ni costumes, et le jeu des acteurs est très limité. Cela signifie donc que les spectateurs peuvent seulement entendre l’histoire, ce qui met une pression créative supplémentaire sur nous, les chanteurs. D’une certaine manière, c’est comme essayer de préparer un repas de trois plats, rien qu’avec des pommes de terre et du lait !

D’un autre point de vue, l’absence d’éléments théâtraux nous accorde une marge de manœuvre plus large pour transmettre directement au public, et à un niveau intime et personnel,  l’émotion et le drame de la musique.

 

Pensez-vous pouvoir chanter une version mise en scène dans un avenir proche ?

 

Je pense que quand une offre intéressante arrive au bon moment, il est difficile de dire non… Je me remets entre les mains du destin et me laisserai surprendre.

 

Avant vos présentations dans Luisa Fernanda à Las Palmas et à Madrid, il y a eu de nombreux concerts ainsi que des enregistrements (comme les albums « Sol y vida » et « Habanera ») dans lesquels vous avez inclus des œuvres du répertoire de chambre espagnol, du répertoire populaire latino-américain – y compris des tangos – et des airs de l’opéra Carmen. Comment choisissez-vous ce répertoire de concert ?

 

J’ai toujours aimé le soleil, et en prenant de l’âge, je me sens de plus en plus proche de l’attitude détendue et chaleureuse des gens du sud, aussi bien dans ma vie que dans mon travail.

J’essaie donc d’apporter ce style de vie ensoleillé à mon répertoire de concert et j’adore conjuguer des chansons populaires d’Espagne, d’Amérique latine et d’Italie. Beaucoup d’entre elles je les chante depuis des années. J’aime leurs rythmes accrocheurs, leurs mélodies sincères et réconfortantes, et leurs émotions pétillantes par lesquelles on peut facilement se laisser entraîner.

 

 

Tout à l’heure, j’ai mentionné l’opéra Carmen, quels souvenirs gardez-vous de votre début dans ce rôle emblématique au Metropolitan Opera House en 2010 ? Ce fut un énorme succès pour vous.

 

J’ai du mal à croire que treize ans sont passés depuis ma Carmen au Metropolitan Opera. Je me souviens très bien de l’émotion, mais aussi de la grande responsabilité que cela a impliquée. Ma préparation du rôle a été incroyablement intense, non seulement du point de vue artistique, mais aussi physique. J’ai voyagé dans toute l’Espagne avec mon mari pour connaître les gitans et leur vie dans leur habitat naturel. Non seulement je travaillais sur ma nouvelle interprétation de Carmen mais je courais aussi environ 10 km par jour pour être en forme car la production était physiquement très exigeante. Je crois que je n’ai jamais été aussi en forme de ma vie ! (rires).

D’autre part, je n’oublierai jamais le fort engagement du metteur en scène, Richard Eyre, et de tous mes collègues lors de l’enregistrement en haute définition (HD). C’était incroyable d’en faire partie et de voir naître quelque chose d’extraordinaire. Mais tout ce travail a payé, car je me suis laissé dire que ce fut le meilleur enregistrement HD d’une représentation au Met.

 

Vous cumulez déjà 25 ans de carrière. Comment avez-vous construit votre répertoire au fil des années ?

 

Je me considère privilégiée d’avoir un corps et une voix qui ont pu me porter, au travers du répertoire lyrique, de Mozart à Wagner, et de tous les changements physiques qui permettent d’assumer les grands rôles d’opéra. Et puis, comme dans la vie tout n’est pas miraculeux, ceci implique aussi de travailler dur de nombreuses heures chaque jour !

 

Avez-vous déjà dit non à un rôle qui vous était offert ?

 

Oui, j’ai refusé certains rôles dans le passé. Les propositions des théâtres n’arrivent pas toujours au bon moment, et un chanteur doit être très prudent dans le choix des rôles qui correspondent vraiment à son stade actuel de développement vocal, tout bonnement pour ne pas nuire à sa voix et, à terme, à sa carrière. On peut planifier autant qu’on veut, mais je crois que le plus important c’est de faire un pas à la fois, sans brûler les étapes.

 

Quel rôle a constitué le tournant de votre carrière et vous a permis une reconnaissance internationale ?

 

Je pense qu’en fait, ce fut bien Carmen.

 

Y a-t-il eu d’autres grands moments dans votre carrière ?

 

Il est très difficile de mentionner un ou deux moments clés de ma carrière artistique, car chaque début ou pas en avant en a entraîné un autre.

Tout a commencé après le concours Belvedere en 1998. C’est là que Christine Mielitz (ndlr : à l’époque directrice artistique du théâtre Meiningen en Allemagne) a été la première à reconnaître mes capacités en tant que chanteuse lyrique et m’a encouragée à auditionner pour des théâtres.

 

Et une (ou plusieurs) représentations dont vous gardez un souvenir indélébile ?

 

Il y a eu des représentations très spéciales. Je n’oublierai jamais à quel point mes genoux tremblaient lors de mes débuts en Lola dans Cavalleria rusticana (en 2003). Les regards de deux mille paires d’yeux qui m’observaient quand j’étais sur la scène de l’Opéra d’État de Vienne, une scène qui était alors imposante pour moi !

Et aborder le rôle de Carmen, qui m’a immergée dans un monde dramatique, de femme fatale, qui me passionne au plus haut point. Et chanter Annio dans La clemenza di Tito au Festival de Salzbourg en 2003. Et encore mes débuts dans Werther à l’Opéra d’État de Vienne et entrer alors dans le monde du théâtre de première classe ! Tout cela me donne encore la chair de poule !

Mais tout compte fait, chaque fois que je peux atteindre le cœur d’un spectateur avec ma voix, c’est un moment important pour moi.

Et vous souvenez-vous d’une quelconque occasion où il s’est passé sur scène quelque chose d’imprévu que vous avez pu maitriser à force d’expérience et de nerfs bien trempés ?

 

À chaque représentation ! (rires) Le théâtre est un organisme vivant, et là où il y a de la vie, il y a aussi le chaos. Mais heureusement, j’ai maintenant assez d’expérience pour affronter ces surprises avec fermeté.

 

Revenons sur l’évolution de votre répertoire. Il y a des rôles que vous avez décidé de ne plus chanter, comme Octavian dans Rosenkavalier. Pourquoi avez-vous décidé de quitter un rôle qui vous a donné tant de satisfactions ? Prévoyez-vous de quitter d’autres rôles ?

 

Cela fait un bon moment que je ne chante pas Octavian, mais répéter et chanter ce genre de rôles était très amusant à l’époque.

Mon but est toujours de « devenir » un personnage et non de « jouer un rôle ». Avec l’âge et le développement de la voix, les rôles de mezzo qui me conviennent ne sont plus les mêmes. Maintenant que j’ai 40 ans, je pense que je ne devrais plus chanter Cherubino ou Octavian, parce que les problèmes romantiques d’un jeune homme ne me touchent plus.

Avec le temps, je devrai quitter aussi d’autres rôles. Je suppose que personne n’aimerait voir une Carmen dans la soixantaine…

 

Récemment, vous avez fait vos débuts dans des rôles dramatiques tels que la Principessa di Bouillon d’Adriana Lecouvreur, Kundry dans Parsifal et Amneris dans Aïda. Toutes les trois sont des puissantes séductrices rejetées. Laquelle est pour vous la plus intéressante dramatiquement et musicalement ? Pourquoi considérez-vous Amneris comme le « grand rôle de votre vie » ?

 

Bien que la Principessa di Bouillon et Kundry soient des rôles très différents, passionnants et stimulants, à ce stade de ma vie, c’est Amneris qui a « volé mon cœur ». Amneris joue un rôle important dans ma vie artistique. C’est l’un des rôles qui m’ont  décidé à entamer une carrière de chanteuse professionnelle. Je l’ai toujours considéré  mon « Mont Everest » personnel. Il y a tant à découvrir dans le personnage d’Amneris !  Elle réagit souvent de façon impulsive et non calculée mais, en même temps, elle est pleine de délicatesse. Ce sont ces facettes du personnage et de la femme qui m’intéressent le plus. Je pense qu’Aïda est l’un des meilleurs opéras de Verdi. D’ailleurs, le rôle d’Amneris est incroyablement difficile ! Même la grande Agnes Baltsa qui a chanté Amneris de nombreuses fois dans des enregistrements audio, ne l’a jamais joué sur scène.  Pourtant, il y a une autre question qui me préoccupe bien davantage : pour tout un chacun, qu’est-ce qui vient après avoir réalisé ses rêves et gravi son Everest personnel ?

 

Alors, quels sont vos défis futurs ?

 

J’espère qu’il y aura encore de nombreuses occasions de continuer à explorer le répertoire wagnérien et le répertoire verdien.  Je ne ferme certainement aucune porte. Au contraire, je suis curieuse et ouverte à toutes les possibilités. Il y a encore tant de beauté à découvrir !

 

 

Justement, l’année prochaine vous débutez le rôle de Judith dans l’opéra Le Château de Barbe-Bleue (A kékszakállú herceg vára). Qu’attendez-vous de cette belle œuvre de Béla Bartok ? Je sais que vous parlez plusieurs langues, parlez-vous aussi le hongrois ?

 

Non, je ne parle pas le hongrois, mais c’est avec émotion que j’ai accepté, sans hésitation, ce rôle absolument unique. Très peu de mezzo-sopranos ont Judith dans leur répertoire et, comme je l’ai déjà dit, je suis assez curieuse de voir où ma voix peut me mener.

 

Vous avez beaucoup enregistré. Depuis 2005, vous êtes artiste exclusive de Deustsche Grammophon. Quel est votre album préféré ?

 

J’aime tous mes albums et chacun d’entre eux a marqué une période importante de ma vie. Il est donc difficile d’en choisir un. Mais j’ai des souvenirs très beaux et très joyeux de l’enregistrement de l’album « Sol y vida », et je pense qu’à ce moment-là, grâce au changement de répertoire, j’ai pu entrer en contact avec un autre type de public, ce que j’ai énormément apprécié.

 

Votre dernier album studio contient le cycle « Frauenlieben und Leben » (Amour et vie de femme) de Robert Schumann et une sélection de lieder de Johannes Brahms. Pour la première fois, vous abordez ce répertoire dans un enregistrement studio. Pourquoi avoir choisi ces compositeurs et ces œuvres ?

 

Enregistrer un album de lieder était, depuis bien longtemps, l’un de mes grands rêves. J’ai exploré de nombreux cycles de chansons, des textes et des livres de lieder en cherchant un répertoire pour cet album. Le plus souvent, lors du choix d’un programme, le texte est essentiel pour moi. Je vois les chansons en images et quand il y a quelque chose que je peux imaginer, qui résonne en moi, je ressens une connexion immédiate. Quand ce déclic s’est produit, j’ai su que je voulais inclure ces lieder dans l’album.

J’ai toujours aimé Brahms et je pense que le cycle « Frauenliebe und Leben » de Schumann me permet aussi de raconter des histoires émotionnelles et intimes. Grâce à mon expérience de vie et à une certaine maturité personnelle et artistique, je peux, à présent, non seulement l’interpréter mais aussi y exprimer mes propres sentiments.

 

S’agissait-il de votre première collaboration avec le pianiste Malcolm Martineau ? Qu’est-ce qui vous a décidé à choisir ce grand pianiste pour vous accompagner dans ce répertoire ?

 

Certes, c’était mon premier enregistrement avec lui, mais nous avions déjà joué ensemble un grand nombre de fois. J’ai une confiance totale en lui. Il me connaît bien et sait comment je chante et ce dont j’ai besoin. Je suis heureuse qu’il ait accepté d’enregistrer cet album avec moi.

 

Vous n’êtes pas seulement une grande chanteuse lyrique, recherchée par toutes les grandes maisons d’opéra du monde. Vous vous consacrez aussi à l’enseignement lorsque votre emploi du temps le permet et vous avez créé le concours « Voix du futur ». Pouvez-vous nous parler de cette initiative ?

 

Soutenir les jeunes générations émergentes de chanteurs a toujours été une question importante pour moi. Cela me tient à cœur. Nous avons donc créé (ndlr : Elīna Garanča et son mari) « ZukunftsStimmen » (« Voix du futur »). Il s’agit d’une initiative qui vise à découvrir des jeunes talents, à les accompagner, à les aider en début de carrière et à maintenir et cultiver l’école de chant traditionnelle.

J’ai consacré beaucoup de temps et de ressources à apprendre ce que je sais aujourd’hui, à ma technique. J’ai eu plusieurs professeurs et chacun m’a fourni une quantité incroyable d’informations et d’astuces. Ce serait dommage que je les emporte tout bêtement dans ma tombe sans les partager avec d’autres. Pour « ZukunftsStimmen » il s’agit donc de faire en sorte que quelqu’un qui est toujours activement impliqué dans le monde du lyrique, comme moi, puisse offrir des conseils significatifs aux jeunes chanteurs et les soutenir. Bien sûr, chacun doit suivre son propre parcours professionnel et je ne peux qu’essayer de leur transmettre mes expériences.

 

Le monde du lyrique est devenu bien complexe de nos jours. Trouvez-vous quelque chose à redire au sujet de cet univers ?

 

Je pense que critiquer est la chose la plus facile et la plus paresseuse que nous puissions faire. Je préférerais nous inviter à commencer par nous poser plus de questions ;  par exemple : pour qui chantons-nous et créons-nous ? Comment pouvons-nous faire venir les spectateurs aux théâtres ? En sommes-nous capables ? La situation actuelle est-elle durable à long terme ? Quelles sont les valeurs et les messages que nous voulons transmettre ? Que voulons-nous que nos spectateurs ressentent ?

 

C’est en soi tout un programme pour une autre interview ! Mais comme il est malheureusement temps de s’arrêter, je vous pose une dernière question : que fait Elina quand elle n’est pas en train d’étudier ou de travailler ? Avez-vous des passe-temps ?

 

Oui, mais ce qui est intéressant pour moi peut être très ennuyeux pour les autres. J’aime faire des puzzles. Le dernier que j’ai réalisé, c’était un puzzle de 33.600 pièces sur la vie sauvage. J’adore aussi jardiner, cela me détend beaucoup. J’aime tricoter quand j’apprends de nouvelles œuvres. Et j’adore cueillir des baies et des champignons dans les forêts de Lettonie.

 

Et comment conciliez-vous vie de famille et vie professionnelle ?

 

C’est une question de priorités et de planification. Mon mari et moi, nous avons un calendrier sur 10 ans et planifions très soigneusement plusieurs années à l’avance notre temps en famille ainsi que nos périodes de travail.

Certaines personnes pensent que nous sommes fous. Mais le fait que mes filles grandissent si vite m’a fait prendre conscience davantage des choses vraiment importantes dans la vie, et je suis toujours prête à me battre pour chaque minute que je passe avec elles.

 

Ces dernières années, vous ne vous êtes pas produite sur les scènes françaises. Aurons-nous le plaisir de vous revoir bientôt ?

 

Je n’ai pas de concerts prévus en France dans un avenir proche, mais, évidemment, si les circonstances le permettent, j’aimerais vraiment y retourner.

Visuels : Portrait © Sarah Katharina, concert avec Raimond Pauls 2016 © Kristaps Kalns.