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15.11.2023 → 19.11.2023

Don Giovanni à Versailles : tradition et innovation pour un chef-d’œuvre

par La redaction
17.11.2023

L’Opéra Royal de Versailles continue sa saison automnale avec le deuxième ouvrage de la trilogie Mozart-Da Ponte, présenté dans une version qui s’oppose (en mieux) à la reprise du même titre qui à eu lieu en octobre dernier à l’Opéra Bastille. Retour sur la première du 15 novembre.

 

Par Emanuele Zazzero

Don Giovanni, Opéra seria ou Opéra bouffe ?

Don Giovanni fut commandé par l’Opéra de Prague, une ville dans laquelle Mozart a connu de nombreuses réussites. Reprenant un thème très à la mode au théâtre depuis le XVIIe siècle (dont le Don Juan de Molière), Da Ponte développa le personnage du séducteur de Séville, s’inspirant sans doute de son ami, le libertin Giacomo Casanova. Le résultat fut un spectacle riche d’éléments dramatiques, élégiaques et comiques (meurtres, scènes de séduction, rouerie et apparitions mystiques), des éléments qui ont étonné le public praguois le jour de sa création (le 29 octobre 1787) et établi le succès à venir du chef-d’œuvre mozartien.

 

La variété des éléments et des styles musicaux que Mozart a utilisé pour Don Giovanni a toujours été source de doutes sur le classement de cet opéra. Si la structure générale est celle d’un opéra-bouffe, certaines scènes comme celle du meurtre du Commandeur ou le style dramatique et plein de virtuosité des airs de Donna Elvira, font plutôt penser à l’opéra seria. Mais Mozart se concentre particulièrement sur la dimension psychologique des personnages et montre leurs émotions, au travers du mélange des styles serio, élégiaque et comique. Don Giovanni sort, donc, des clichés en vogue dans l’opéra du XVIIIe siècle et préfigure ce que sera l’opéra romantique.

 

Dans la trilogie Mozart-Da Ponte, l’orchestre joue toujours un rôle important et Don Giovanni ne fait pas exception à la règle ; à commencer par sa brillante ouverture (dont une légende raconte la composition durant la nuit précédant la création) dans laquelle le génie de Salzbourg, influencé par la reforme de Gluck, résume les thèmes principaux de l’opéra. L’on doit également citer certains instruments que Mozart employa pour mieux mettre l’accent sur les actions qui se déroulent sur scène : il en va ainsi des trombones pour la scène finale macabre du Commandeur, des clarinettes dans les airs élégiaques et de la mandoline pour la sérénade de Don Giovanni. Dans la version de Prague, l’opéra se clôt avec la chute en enfer du protagoniste ; pour la reprise viennoise, Mozart ajoutera une fin heureuse pour satisfaire le goût du public.

Une mise en scène traditionnelle mais entourée de fraîcheur (et de modernité)

La lecture présentée par le metteur en scène Marshall Pynkoskyi est, à la fois, traditionnelle et innovante.

Traditionnelle parce que, d’un point de vue esthétique, Pynkoskyi nous propose des costumes et des décors classiques bien adaptés au contexte du livret de Da Ponte ; Innovante parce qu’il construit sa vision du personnage en contre-courant des tendances actuelles. Don Giovanni est souvent présenté comme un drame psychologique sombre où le protagoniste est pensé comme un homme vieillissant, sexuellement immature et qui harcèle les femmes.

 

Cependant, Pynkoski a recherché les origines culturelles du chef-d’œuvre dans la Commedia dell’arte italienne. Si Don Giovanni aime, certes, toutes les femmes, de leur côté, les femmes le trouvent irrésistible par son charme de séducteur ou sont attirées par les privilèges de sa classe sociale. Par conséquent, il n’est plus nécessairement le « vilain du conte » mais peut presque arriver à en devenir le héros ; d’ailleurs, malgré sa mort tragique, il réapparaît à la fin du spectacle avec son rire diabolique.

 

Par ailleurs, dans la mise en scène, le ballet a un rôle fondamental : des danses d’époque sont ainsi créées pour la célèbre scène du bal (chorégraphie de Jeannette Lajeunesse Zingg) ; les artistes du Ballet de l’Opéra Royal agissent comme un fil conducteur qui traverse toutes les scènes de l’opéra et donnent de la dynamique sur la petite scène de l’Opéra Royal de Versailles.

La direction d’orchestre est vigoureuse

C’est une lecture philologique mais très énergique qui est proposée par le chef et organiste français, Gaétan Jarry. Le geste de ce jeune chef (invité régulièrement sur la scène de l’Opéra Royal de Versailles) peut, au début, apparaître trop large et exagéré mais, une fois familiarisé avec son style de direction, on réalise son énorme capacité à gérer l’orchestre de l’Opéra Royal (qui joue sur instruments d’époque). Chaque phrase est bien sculptée par son geste qui, jamais, ne s’arrête et produit une sorte de fleuve musical ; les articulations des cordes et couleurs des vents sont bien liés aux accents et au phrasé des chanteurs sur scène et l’équilibre est parfait entre la fosse d’orchestre et la scène.

Une équipe de chanteurs parfaitement en style

Doté d’une voix riche en couleurs et d’un vibrato naturel, le baryton Robert Gleadow est, en ligne avec l’idée du réalisateur, le protagoniste de la scène du début à la fin. Grâce à sa présence scénique magnétique et à une excellente diction italienne, il joue de son phrasé pour mettre en évidence les principales caractéristiques du personnage comme le jeu de séduction, les scènes comiques avec Leporello et sa grande fierté.

 

La Donna Elvira présentée par Arianna Vendittelli est un personnage psychologiquement très complexe. Tantôt, elle apparaît comme une sorte de nonne guerrière armée d’une lame et d’une croix qu’elle utilise pour se protéger contre Don Giovanni comme s’il s’agissait d’un diable. Dans le même temps, elle apparaît attirée par lui. Même si son registre grave n’est pas tellement corsé, la mezzo italienne s’investit à cent pour cent dans le rôle et donne une intense interprétation riche de pathos, surtout dans le célèbre air du deuxième acte « Mi tradì quell’alma ingrata ».

 

Riccardo Novaro engage toute son expérience acquise dans le répertoire bouffe pour bien maîtriser le personnage de Leporello : malgré une voix pas très puissante, son phrasé est clair et articulé et son jeu brillant s’intègre bien à l’idée générale de la Commedia dell’arte, surtout dans les scènes d’ensemble (avec ses commentaires ironiques) et dans la magnifique air « Madamina il catalogo è questo ».

 

Les rôles de Donna Anna et de Don Ottavio sont interprétés respectivement par Florie Valiquette et Enguerrand De Hys. Avec une large projection vocale, la soprano canadienne nous propose une version très élégiaque de Donna Anna, avec un mélange de couleurs qui souligne bien l’esprit complexe de cette femme qui désire se venger du tueur de son père. De Hys possède une technique solide et un style de chant élégant : le ténor est capable d’un phrasé noble et son Don Ottavio n’est pas subjugué par la volonté de Donna Anna mais est, au contraire, un véritable galant prêt a se battre pour l’honneur de sa femme.

 

Le couple Masetto – Zerlina est incarné par Jean-Gabriel Saint-Martin et Eléonore Pancrazi. Doté d’une voix très puissante et large, le baryton est un Masetto très fier et macho, dévoré par la jalousie. La Zerline de Pancrazi, pleine de malices, est une femme qui se laisse séduire par Don Giovanni, principalement pour obtenir des privilèges et de l’argent en retour. La mezzo corse possède une magnifique voix cristalline et homogène, qui se mêle bien dans le Duo « La ci darem la Mano ».

 

Même si le rôle n’est pas très présent sur scène, celui du Commandeur exige une voix à la forte présence, et le basse Nicolas Certenais a les atouts nécessaires : la voix est granitique, sombre, profonde et l’allure macabre qu’il donne au personnage dans le final du deuxième acte est extraordinaire.

 

Enfin, on ne peut oublier le magnifique chœur de l’Opéra Royal, un ensemble assez modeste mais bien équilibré et aux intonations impeccables.

Grâce à tous ces atouts, la soirée fut parfaitement réussie et le public, enthousiaste, a chaleureusement applaudi tous les artistes.

Visuels : © Ian Rice