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14.09.2023 → 13.10.2023

Direction de choc et brillant trio vocal dans « Don Pasquale » à l’Opéra de Paris

par Paul Fourier
16.09.2023

La reprise, à Garnier, de la mise en scène de Michieletto est surtout l’occasion de savourer une distribution proche de l’idéal et une direction admirablement adaptée.

En 1843, lorsque Donizetti crée Don Pasquale, il est un compositeur reconnu qui a déjà à son actif tous les grands chefs-d’œuvre encore joués aujourd’hui. Atteint de la syphilis, il n’a plus que quelques années à vivre, mais l’homme sillonne toujours l’Europe et donne la première de ce nouvel opus au Théâtre italien de Paris. Car si les régimes politiques se succèdent en France (nous en sommes alors à la monarchie de juillet), cela a peu d’impact sur la force d’attraction de la capitale et sur la créativité artistique qui y règne. Bellini y a fait une belle carrière avant de mourir à Puteaux. Rossini, même retiré des affaires, reste l’un des princes de la vie musicale parisienne et Verdi ne va pas tarder à chercher à venir s’y imposer dans la forme « Grand opéra ».

 

C’est en continuité du grand opéra buffa rossinien, avec lequel on peut observer de nombreuses filiations orchestrales ou vocales, que s’inscrit ce Don Pasquale. On y retrouve notamment quelques moments de folie débridée digne de La Cenerentola ou de L’Italienne à Alger. On y relève aussi, toutefois, une cruauté qui n’entachait pas le traitement du Bartolo dans Le barbier de Séville.

Quoi qu’il en soit, la création le 3 janvier 1843 (qui s’appuyait sur une distribution exceptionnelle (Lablache, Grisi, Tamburini, Mario) sera un triomphe qui résonne encore jusqu’à aujourd’hui.

 

Une mise en scène de Diamano Michieletto faite de hauts et de bas

 

Michieletto connaît bien son Rossini et son admirable production du Barbier de Séville réapparaît régulièrement sur la scène de l’Opéra Bastille, toujours avec succès. En 2018, date de la création de la production de Don Pasquale, il semble avoir été moins à l’aise avec la dramaturgie donizettienne.

Ainsi, alors qu’il veut insister sur le côté factice de la tromperie imaginée par Malatesta, il épouse un effet dans l’air du temps en imposant deux longues scènes de vidéos sur un envahissant fond vert (celui qui permet de reproduire en arrière-plan n’importe quel décor de son choix). L’idée n’apparaît pas forcément lisible pour tout le monde, le potentiel comique s’émousse assez vite et, osons le dire, c’est assez laid.

 

Par ailleurs, comme souligné plus haut, au-delà de son côté bouffe, il existe dans Don Pasquale un jugement cruel qui, surtout aujourd’hui, se révèle bien embarrassant. Certes, le personnage de Don Pasquale s’inscrit dans une lignée de ces barbons qui ont pour objectif de mettre le grappin sur une jeune fille.

Mais, dans l’opéra de Donizetti, cela nous vaut une diatribe « anti-vieux » caractérisée, diatribe accompagnée d’une gifle bien sentie assénée par Norina. La morale finale est, à cet égard, sans équivoque : « Bien stupide est celui qui prend femme dans la vieillesse : il court chercher, à grand renfort de trompettes, les ennuis et les chagrins à foison ». Soit… les vieux doivent rester à leur place et le plaisir (comme le mariage) leur est déconseillé car il doit demeurer l’apanage des jeunes.

 

On constate d’ailleurs qu’à partir de la gifle assénée dans l’acte III, une gifle qui est le tournant d’une histoire où le jeu n’est plus qu’un jeu, les rires du public du Palais Garnier se sont faits, en cette première, de plus en plus jaunes, voire de plus en plus rares.

En 1843, la critique soulignait déjà le malaise (même si l’on peut aussi, en partie, mettre cette réaction sur le compte d’un patriarcat bien établi qui n’imaginait pas qu’une jeune fille puisse souffleter un homme âgé). La revue indépendante déclare alors « (…) sa femme lui campe un vigoureux soufflet. Le pauvre vieillard se met à pleurer. Si M. Donizetti trouve cela bouffon, à la bonne heure. En France, on a d’autres idées. Le public n’a point ri de ce malheureux Don Pasquale. Comment admettre aussi qu’une jeune femme bien née ose pousser la plaisanterie et l’impudence jusqu’à souffleter celui dont elle aspire à devenir la nièce ? »

Cela n’est pas qu’un détail et il semblerait que, pris dans une logique plutôt burlesque, Michieletto n’ait pas vu (ou voulu voir) qu’il fallait intégrer la gêne que peut entraîner un comportement aujourd’hui considéré comme guère « inclusif ». S’il l’avait fait (en évitant, par exemple, l’arrivée d’un fauteuil roulant à la fin de l’opéra (sic)), il aurait ajouté une dimension intéressante sur l’évolution des relations humaines alors même qu’il a, par ailleurs, cherché à actualiser le reste du propos.

Enfin, si la référence à l’enfance de Don Pasquale s’avère, à force, un peu trop appuyée, la scène des marionnettes, à la coloration plus intimiste, insuffle un peu de poésie dans l’acte final.

 

Heureusement, Michieletto, c’est aussi une direction d’acteurs exemplaire (pour peu que l’on est affaire à des chanteurs à la hauteur) et, de ce fait, la qualité de la représentation repose en grande partie sur Laurent Naouri, Florian Sempey et Julie Fuchs (René Barbera étant en retrait à cet égard).

 

Scapucci, une cheffe belcantiste en diable

 

La partition de Don Pasquale, aboutissement d’une carrière prolixe, est un véritable enchantement qui démontre qu’après L’élixir d’amour, et à côté de ses grands drames, le compositeur maîtrisait parfaitement les codes de l’opéra bouffe, son rythme, la nécessité d’airs et de duos percutants, drôles ou empreints de sentimentalisme.

Et lorsque l’on bénéficie d’une cheffe qui sait traduire les différents reliefs et dynamiques de cette musique, ce qui est le cas avec Speranza Scapucci qui a toujours traité ce répertoire de belle manière, on est proche de l’idéal. Non seulement Scapucci permet à sa formation de briller en premier plan sans la rendre envahissante. Ceci ne l’empêche pas d’user, à loisir, de belles ruptures de rythme, de ralentissements et d’accélérations toniques et bienvenues, ou de donner, quand nécessaire, la part belle à certains de ses solistes instrumentaux, notamment du côté des cuivres.

 

Un trio admirable et un ténor « un peu trop ténor »

 

Laurent Naouri est un Don Pasquale exceptionnel. Dramatiquement, même s’il n’a pas été le créateur de la mise en scène, il se moule parfaitement dans le rôle que semble lui avoir fabriqué Michieletto, presque sur mesure. Il est de ces personnages à qui l’on ne demande pas une extravagance vocale belcantiste, mais une incarnation mesurée, celle d’un Falstaff avant l’heure qui assume le mauvais rôle de victime des faquins moqueurs. L’assise grave est exemplaire et la voix toujours extrêmement posée lui permettant d’épouser les différents états d’âme. Il est ainsi crédible tour à tour en vieillard rêveur en robe de chambre, en mari excédé, comme encore, en homme malmené et rabaissé à sa pauvre condition.

Florian Sempey est l’autre pilier masculin de la distribution, l’âme damnée qui a tout prémédité, le chef d’orchestre de la machination et, ici même, le metteur en scène du « film » de l’imaginaire Sofronia qu’il présente à Don Pasquale. Il est fabuleux de bout en bout, roublard, jamais avare d’une expression moqueuse. Vocalement, en interlocuteur légitime de Don Pasquale, il s’impose à ses côtés et maîtrise le rôle avec tout ce qu’il faut de clarté dans sa belle voix de baryton.

 

Incontestablement donc, c’est grâce à ces deux-là – qui possèdent naturellement la vis comica nécessaire qu’ils portent très haut – que la comédie peut, malgré ses lourdeurs, s’épanouir pleinement.

 

Dans la mise en scène de Michieletto, Julie Fuchs n’hérite pas du rôle le plus facile, car elle doit se démener avec un rôle tantôt de fausse ingénue, tantôt de mégère acariâtre qui jette l’argent par les fenêtres. Si elle se sort plutôt bien du défi dramatique, elle est, vocalement, une Norina idoine. On ne saurait dire à quoi ressemblait la voix de la créatrice Giulia Grisi, mais ce ne pouvait pas être celle de nombre de « soprano-soubrette » qui ont souvent pris possession du rôle. Celle de Julie Fuchs est avant tout pleine et charnue, tout en étant parée de rares qualités belcantistes : les aigus et les notes piquées sont faciles (les suraigus conclusifs un peu moins), les trilles exemplaires, le staccato aussi maîtrisé que le legato.

 

Face à ces trois acteurs d’exception, René Barbera fait quelque peu triste mine. Non pas vocalement, car il possède tous les atouts nécessaires pour le rôle d’Ernesto… si tant est qu’il soit capable de les utiliser avec un peu plus de nuances. Sans conteste, le phrasé est distingué, le legato de qualité et les aigus sont très sûrs. Il est alors dommage qu’il se réfugie souvent dans un chant uniformément forte comme dans le bel air « Povero Ernesto » (et sa belle introduction de trompettes) que l’on aurait plus apprécié dans la veine d’une « furtiva lagrima » (de L’Élixir d’amour). Dramatiquement, il n’est guère à son aise et pourrait nous éviter ce chant face public dans une attitude « so ténor ». Il reste donc qu’il sait toujours nous dispenser du beau chant que l’on aimerait juste un peu plus subtil…

 

Les seconds rôles sont, quant à eux, épatants et le chœur (dirigé par Alessandro di Stefano), peu sollicité, se porte à son niveau d’excellence reconnu.

 

Ainsi, si la mise en scène ne manque pas d’imperfections surprenantes pour un professionnel tel que Michieletto, il faut absolument voir (ou retourner voir) ce Don Pasquale, car la musique de Donizetti est servie tout comme on l’aime… avec le talent de grands artistes qui sont là dans leur répertoire de prédilection.

Visuels : © Franck Ferville / ONP