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CD classique : coup de cœur pour une nouvelle intégrale studio de « Norma » avec Marina Rebeka et Karine Deshayes

par Helene Adam
11.10.2024

C’est dans une nouvelle édition critique plus proche de l’original, que le label Prima Classic propose cette superbe Norma où le talent de la soprano lettone Marine Rebeka le dispute à la qualité d’un enregistrement d’anthologie avec l’orchestre du Teatro Real de Madrid.

L’ombre de la Callas

La sombre et tragique Norma de Bellini porte l’empreinte indélébile du merveilleux sens du drame de la Callas, immortalisé par son fameux « Casta diva ». Et d’autres très grands noms ont, par la suite, illustré ce rôle emblématique telles Joan Sutherland, Montserrat Caballé, Cristina Deutekom, Shirley Verret, pour n’en citer que quelques unes qui ont notre préférence au disque.

Il y a maintenant quelques années que la soprano lettone Marina Rebeka relève le défi complexe de la succession, en défendant sa propre interprétation. Aujourd’hui, la publication de cette version de Norma, intégralement enregistrée en studio, est un événement musical à la hauteur de son incontestable talent.

 

En dehors du répertoire baroque, les opéras bénéficient rarement de nos jours de tels enregistrements complets, réalisés en studio, qui demandent du travail et du temps pour l’ensemble des artistes, mais qui permettent en retour de disposer de véritables références concernant les incarnations des meilleurs artistes du moment.

Heureusement des chefs d’orchestre comme Antonio Pappano (et son orchestre de la Santa Cecilia de Rome) se sont attachés à nous offrir quelques pépites des œuvres de Puccini ou de Verdi, tandis que les labels PBZ ou Opera rara se spécialisaient dans les ouvrages parfois inédits de la même période.

 

Label indépendant, Prima Classic a été « fondé par Marina Rebeka et l’ingénieur du son Edgardo Vertanessian ». Il a déjà publié quelques enregistrements passionnants parmi lesquels nous citerons un autre « Bellini », Il Pirata avec Javier Camarena et Marina Rebeka, la plupart des enregistrements solos de Marina Rebeka et une Traviata, toujours avec la soprano lettone, qui permet à la réécoute, d’apprécier l’évolution de son répertoire vers les rôles de colorature dramatica dont elle est l’une des représentantes les plus intéressantes. Nous avions déjà souligné cette progression vers les rôles plus lourds dont cette Norma fait partie, dans la chronique que nous avons consacré à son dernier enregistrement solo « Essence ».

Pour cette Norma, c’est l’excellent orchestre du Teatro Real de Madrid qui accompagne les chanteurs et les chœurs, sous la direction vive et inventive de John Flore et l’on est vraiment au cœur du bel canto, dans cette période qui précède de peu l’ère de Verdi, alors que les compositeurs choisissent déjà des livrets où le drame suit une longue trame complexe avec de multiples rebondissements et où le rôle théâtral des héros est largement sollicité, y compris dans leurs airs et ensembles. Les récitatifs sont partie prenante de la tension dramatique et prennent du corps.

La dynamique spectaculaire nous saisit dès la très belle ouverture et le rythme souvent vif, voire endiablé, se maintient sans faiblir donnant une lecture particulièrement séduisante de ce chef d’œuvre de Vincenzo Bellini.

Une très belle maitrise de l’équilibre des pupitres offre un bel écrin aux voix tout en assurant les parties instrumentales avec brio. L’enregistrement est lui-même très soigné valorisant cette lumière si particulière propre au bel canto, et qui est ici particulièrement bien rendue pour notre plus grand plaisir.

Une nouvelle édition critique

Le musicologue britannique Roger Parker propose pour cet enregistrement sa nouvelle édition critique établie en 2019.

Loin de lui l’idée d’en faire une nouvelle référence obligatoire, il s’agit seulement de rappeler à quel point la composition est un art vivant lui-même qui a évolué au cours du travail même du compositeur et qu’il n’y a pas, en soi, de version unique d’une œuvre ce qu’il explique très bien : « Dès que l’on examine en détail la partition autographe de Bellini pour Norma, le document manuscrit que le compositeur a laissé à la postérité, ces préjugés du passé apparaissent de manière surprenante. Il est en effet évident à chaque page que Bellini a consacré beaucoup de temps au processus de composition ; mais il est impossible de considérer ce travail intensif comme la découverte et l’affinage progressifs d’une première inspiration. Au contraire, la partition montre tout ce qui prouve que Bellini était continuellement indécis quant à la forme finale de sa partition, tant en termes de petits détails que de questions structurelles plus vastes. En fin de compte, loin de pouvoir considérer la partition comme un enregistrement de ce que les musicologues allemands appelaient autrefois la « Fassung letzter Hand » – le testament d’un compositeur, une vision artistique cohérente – nous pouvons être sûrs que cette partition autographe ne nous offre qu’une étape dans l’histoire compositionnelle de l’opéra ; et la conséquence de cette découverte est qu’il existe plusieurs autres versions de l’opéra qui ont une égale prétention à l’authenticité ».

 

Entre la version jouée en décembre 1831 lors de la Première à la Scala de Milan et les versions jouées généralement aujourd’hui, il existe un certain nombre de différences que Parker juge en faveur de la version originale qu’il réédite.

Il les résume ainsi : « La manière la plus simple de présenter les différentes options est peut-être de considérer quatre moments clés de l’opéra dans lesquels des révisions particulièrement importantes ont eu lieu entre la première représentation et la mort de Bellini, moins de quatre ans plus tard ».

Quatre différences importantes

Il souligne alors quatre moments importants où les options divergent. Il rétablit la tonalité en sol majeur du « Casta Diva », transposé en fa majeur pour le confort vocal des sopranos et notamment de sa première interprète Giuditta Pasta. Dans le terzetto (chant à trois, composé pour Norma, Adalgisa et Pollione) « Oh ! di qual sei tu vittima » de l’acte 1, la strophe entière composée initialement pour Adalgisa et supprimée depuis, est rétablie ce qui en fait un réel et très excitant terzetto, très équilibré, l’une des plus belles illustrations de l’art de la mélodie à plusieurs voix de Bellini.

Le chœur à la fin de la stretta de l’acte 1 est rétabli donnant là aussi une issue beaucoup plus ample à cette conclusion, formée d’un terzetto et d’un final « tutti » d’une grande beauté.

Enfin le célèbre « Guerra, guerra » chanté sur un rythme militaire très enlevé par le chœur, se termine par un thème orchestral.

Roger Parker s’interroge également sur les évolutions de style et de voix des artistes d’aujourd’hui au regard des créateurs des rôles. Il rappelle que l’écriture vocale concerne deux sopranos, au vu des nombreuses incursions de la partition d’Adalgisa dans les aigus, et qu’à l’origine Pollione était attribué à un ténor rossinien dont les aigus étaient chantés en falsetto.

Ces passionnants propos reproduits sur l’album permettent de rappeler opportunément que les désirs musicaux du compositeur doivent parfois se plier aux possibilités des chanteurs sollicités, voire au desiderata du public, tout simplement parce que l’opéra n’a rien d’académique, mais appartient au monde fascinant du spectacle vivant.

Marina Rebeka, royale Norma

Cela fait plusieurs années maintenant que Marina Rebeka aborde sur scène ce difficile rôle qui exige de l’artiste d’avoir à la fois une voix large et puissante de grande soprano lyrique, la souplesse d’une coloratura capable de vocalises et de trilles fort nombreuses, et enfin, un souffle inépuisable pour venir à bout de l’ensemble de ces ornementations sans interrompre la ligne de chant. Dans le passé nous avons eu d’immenses artistes qui ont « réussi » Norma, et d’autres qui s’y sont fourvoyées pour diverses raisons, dont cette difficulté à rendre justice à la prêtresse gauloise dans l’ensemble de sa prestation.

Et c’est dans les pas de l’une des plus illustres interprètes de Norma, Joan Sutherland, que Marina Rebeka inscrit sa performance pour ce disque, en acceptant comme elle de rétablir la tonalité d’origine en sol majeur.

Nous sommes tout à la fois totalement séduits et fortement impressionnés. La Norma de Marina Rebeka n’est pas une « petite » Norma, mais une immense guerrière fière, orgueilleuse, vindicative, qui ne pardonne rien et se montre impitoyable face à la trahison de celui pour lequel elle a tout sacrifié, le proconsul romain Pollione.

Dès l’énergique « Seduziose voci, voci di guerra », le ton est donné dans ce récitatif qui précède la célèbre cavatine « Casta Diva ». Les notes sont appuyées, longuement tenues, parfaitement stables, et le timbre d’un métal dont on fait les armes. Pourtant c’est tout en douceur que l’orchestre introduit ensuite avec grâce et classe l’aria le plus célèbre avec ses arpèges envoûtants et ces premières notes admirablement vocalisées par Marina Rebeka dont le legato est souverain. L’air est redoutable puisqu’il faut sans cesse revenir à cette montée périlleuse vers les aigus et suraigus, qui doit se faire tout en souplesse, vocalises et trilles, et exprimer à chaque fois la profondeur du sentiment religieux et divin que nourrit la prêtresse à l’égard de l’astre sacré. Il n’y a là aucune stridence, aucune difficulté pour Marina Rebeka à l’assaut de ce redoutable exercice qu’elle réussit haut la main comme elle l’a déjà démontré à plusieurs reprises sur scène. Et la dernière note est longuement tenue pour préparer la cabalette qui suit et qui a autant d’importance dans l’équilibre général de cette scène 3 de l’acte 1 le redoutable « Fine al rito … Ah ! Bello a me ritorna », qui exige en plus de la virtuosité et de la rapidité, de véritables capacités de soprano dramatique puisque le chœur est également de la partie et que les différentes parties se livrent un duel acharné où s’exprime toute la puissance belliqueuse des uns et des autres. Saluons notamment le magistral « La mia voce tuonerà » et le final littéralement endiablé où les trilles s’enroulent sur elles-mêmes pour s’élancer vers de superbes aigus soulignés par le caractère brièvement militaire de l’accompagnement musical.

Et en contraste on soulignera également la beauté lyrique, transparente, presque diaphane du tragique « Dormono entrambi » qui introduit le second acte de Norma et cette glaçante tentation de l’infanticide.

Un plateau vocal brillant

La voix de sa « rivale », Karine Deshayes, est plus ronde, plus veloutée, plus juvénile ce qui convient bien au rôle de la jeune Adalgisa que Norma poursuit de sa vindicte rageuse. Les prestations de la mezzo-soprano (l’est-elle encore ?) française sont moins spectaculaires, mais globalement réussies notamment dans les multiples duos où elle est sollicitée. Soulignons la beauté de son entrée dans l’arène avec un émouvant « Sgombra è la sacra selva ».

Karine Deshayes – qui s’est essayé depuis peu au rôle de Norma, notamment très récemment à l’Opéra de Marseille – a déjà chanté avec Marina Rebeka, notamment au Capitole de Toulouse et leurs voix s’accordent bien, leurs talents respectifs et le grain différent de leurs timbres, s’harmonisant heureusement dès leur première confrontation le « Oh, rimembrenza ! » de l’acte 1.

Le ténor italien Luciano Ganci n’est pas un spécialiste du bel canto, mais plutôt du répertoire lyrico-spinto. Ses aigus sont vigoureux et trompettant, le timbre est agréable, mais l’ensemble manque singulièrement de souplesse, de legato et même de nuances. Même si le rôle de Pollione ne comporte pas les acrobaties vocales de celui de Norma, une certaine raideur notamment dans les duos est légèrement préjudiciable à la qualité de l’ensemble. On le préfère dans son aria d’entrée « Meco all’altar di Venere » mieux maitrisé que dans les duos et terzetto où une ligne de chant peu belcantiste ne se marie pas toujours très bien avec ses brillantes partenaires féminines.

Marko Mimica qui ouvre le bal en Oropeso, a l’autorité sans faille du chef des druides, et se révèle totalement dans le final où la voix s’épanouit, notamment dans les deux terzettos qui terminent l’opéra avec le sacrifice des héros, contrastant magnifiquement avec la résignation affichée par Norma puis par Pollione dans le « qual cor tradisti » puis le « Norma, scopalti » où la voix du baryton se fait très bien entendre dans l’ensemble vocal polyphonique superbe écrit par Bellini.

Les rôles secondaires sont très bien tenus par Anta Jankovska (Clotilde, la confidente de Norma) et Gustavo De Gennaro (Flavio, le compagnon de Pollione).

Quant aux chœurs très sollicités dans cette belle partition typique du romantisme du premier tiers du dix-neuvième siècle, ils offrent un dynamisme à toute épreuve, complétant magistralement l’enregistrement très réussi de ce nouveau Norma, indispensable dans une discographie qui manquait singulièrement d’interprètes contemporains à la hauteur de l’écriture complexe de Bellini.

Et nous laisserons le lecteur sur cette remarque séduisante de l’auteur de l’édition critique, Roger Parker : « Il est en effet beaucoup plus proche de l’esprit dans lequel l’opéra de Bellini a été créé de penser l’œuvre comme une série de possibilités, la partition agissant comme un plan pouvant servir à stimuler l’alchimie entre le compositeur, le metteur en scène, les interprètes et le public : l’alchimie qui donne naissance à l’expérience théâtrale. »

 

Vincenzo Bellini – Norma

 

Enregistrement studio de l’intégrale.

Prima Classic- 2024

Marina Rebeka – Norma, fille d’Oroveso, grande-prêtresse des druides, Karine Deshayes – Adalgisa, prêtresse, Luciano Ganci – Pollione, Romain proconsul en Gaule, Marko Mimica – Oroveso, père de Norma, chef des Druides.

Orchestre et Choeurs du Teatro Real, Madrid sous la direction de John Fiore

 

Visuels : © Prima classic