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Asmik Grigorian dans « Il Trittico » à l’Opéra de Paris : le choc…

par Helene Adam
30.04.2025

Il faut, toutes affaires cessantes, courir prendre des billets pour l’une des séances du Trittico de Puccini à l’Opéra Bastille ! Littéralement surnaturelle, la performance de la soprano Asmik Grigorian dépasse tout ce qu’on a déjà vu et entendu ! Et elle s’inscrit pleinement dans la magnifique mise en scène de Christof Loy !

Le miracle Asmik Grigorian

Rarement une Première d’opéra aura fait une telle unanimité dans l’enthousiasme et l’adhésion à un spectacle. Du plus petit rôle jusqu’aux réalisateurs, l’ovation a été totale et sans réserve.

Mais incontestablement, c’est la performance d’Asmik Grigorian dans les trois rôles féminins de la trilogie puccinienne, qui a transformé une très belle réalisation en miracle d’émotions.

Verser des larmes sans pouvoir se retenir n’arrive pas si souvent pour un spectateur habitué et, pourtant, le comble d’émotions créées par cette soirée à tout point mémorable, aura eu raison du mélomane le plus endurci, qui en a vu d’autres.

Il faut s’incliner bien bas devant le phénomène quasi surnaturel que représente à elle seule, la soprano  et son incarnation unique et bouleversante de trois rôles très différents.

Ceci expliquant cela, il est très difficile finalement de caractériser Asmik Grigorian à qui l’adjectif surnaturel va comme un gant. Elle ne ressemble à personne d’autre et n’entre pas dans la catégorisation « classique » des tessitures et des styles vocaux. Le timbre est très beau, mais le chant n’est jamais ostentatoire, toujours amené avec naturel, comme si chanter n’était qu’une variante richissime du discours parlé.

 

Et Grigorian a le théâtre chevillé au corps ce qui la conduit à ne jamais séparer l’incarnation vocale de l’attitude physique. Comme elle est bien de sa personne, svelte et souple, élégante dans ses gestes (elle danse très bien !) et précise dans ses expressions faciales  et que vocalement son talent se déploie dans tous les répertoires, elle peut incarner à sa manière – inoubliable –  Turandot et juste après, Norma, en marquant les rôles durablement de sa propre interprétation très personnelle.

Son charisme inouï sur scène fait l’unanimité de ceux qui l’ont vue en salle (et même en retransmission tant son « jeu » de scène est photogénique), et pourtant elle n’a rien d’une « diva » au sens traditionnel du terme. Elle reste toujours simple même aux saluts lors de ses triomphes, s’efface pour faire « groupe » avec ses collègues et ne tire jamais la couverture à elle.

Peut-être d’ailleurs apprécie-t-on aussi à sa juste valeur cette modestie de bon aloi. Quand on est doué, on n’a pas besoin de le dire… il suffit de le montrer en donnant son meilleur et c’est exactement ce qu’elle a fait hier soir.

Trois personnages différents en une seule soirée

Christof Loy a conçu sa mise en scène pour l’exceptionnelle soprano lituanienne qui enchaîne les rôles avec succès depuis quelques années sur toutes les scènes du monde, déjouant tous les pronostics des critiques et leurs habitudes de classifications vocales. De Salomé à Elektra, de Lady dans Macbeth à ce triple rôle dans le Triptyque, elle a acquis sa notoriété au Festival de Salzbourg et c’est ce spectacle monté en 2022 qui est à présent repris à Paris et qu’il ne faut rater sous aucun prétexte.

Dans ce Trittico en effet, sa faculté à incarner les trois personnages avec un réalisme confondant et une petite note personnelle un peu fantasque, est un exploit en tant que tel : physiquement d’abord, car elle est d’abord petite jeune fille mutine et amoureuse, la charmante Lauretta à la jupette à fleurs bleues, avant d’être Giorgetta, cette femme qui joue avec le feu et s’y brûle, presque gouailleuse, très « peuple parisien », perruque blonde et haut rouge, pour enfin revêtir la robe sombre et le voile des Sœurs, qui cachent leur féminité tout en se retirant du monde. Légère et virevoltante dans Gianni Shicchi, elle est séduisante et avenante dans Il Tabarro et presque effacée, épaules voûtées sous le poids du chagrin dans Suor Angelica. Elle nous surprend à chaque apparition et sa métamorphose finale est si spectaculaire qu’on en reste sans voix d’autant qu’alors la dernière scène dépasse tout le reste en charge émotionnelle laissant le spectateur terrassé par la puissance évocatrice du spectacle vivant.

 

Vocalement, naturellement, il en est de même.  Pour se fondre littéralement dans chacun des rôles, Asmik Grigorian n’a ni la même voix ni le même style. Celle qui peut chanter Wagner comme Bellini dans des écritures vocales très différentes, sait faire valoir cette fabuleuse technique qu’elle a construite pas à pas et qui lui permet, en contrôlant sans cesse sa voix, d’en faire ce qu’elle veut sans le moindre micro-accident vocal que ce soit.

Car pour Lauretta, il faut une voix de soprano légère, dont la jeunesse doit éclater comme la fraîcheur de la demoiselle dans ce monde de cupidité et son « O mio babbino caro », à la ligne musicale simple et élégante s’ornemente d’un crescendo/diminuendo époustouflant sur l’avant-dernier « pieta », histoire de ne pas banaliser cet air archiconnu et d’y poser sa délicieuse marque de fabrique.

Sa Giorgetta prend une voix plus large, plus puissante, bien projetée pour passer sans encombre les vagues orchestrales plus appuyées et elle nous offre des aigus si aisés, exprimant tour à tour la nostalgie, l’amour fou, le désespoir, qu’on peine à se rappeler que ce rôle a crucifié bien des sopranos pas assez dramatiques pour dominer l’ensemble de la prestation.

Quant à son Angelica, elle est d’abord religieuse apparemment soumise, presque lisse et résignée même si on ressent ses fêlures intérieures, puis elle explose finalement dans un désespoir suicidaire et là au-delà de l’incroyable performance vocale, on voit la mère éplorée, la femme trahie passer dans son corps comme dans sa voix, dardant l’air au-dessus de sa tête ses bras levés, d’un aigu si douloureux qu’il raisonne longtemps ensuite dans le souvenir du spectateur scotché à son siège, submergé par autant d’émotions.

Nous ne dévoilerons pas l’image finale pour ceux qui n’ont pas vu cette mise en scène, mais elle y est sublime. C’est le moment furtif et merveilleux où nous avons cru à l’histoire et partageons le bonheur des retrouvailles comme si c’était vrai…

Une très belle et intelligente mise en scène

Le metteur en scène s’est montré particulièrement inspiré décidant d’adopter son propre ordre, du rire aux larmes en quelque sorte, et de ne pas créer de lien artificiel entre les opus qui composent la soirée. Les décors d’Etienne Pluss, les costumes de Barbara Drosihn et les lumières de Fabrice Kebour complètent agréablement une très efficace dramaturgie.

La farce est donc traitée comme une farce (grinçante), son Gianni Schicchi est drôle, truculent, sans retenue et sans message particulier autre que de susciter le rire face à cette famille cupide qui se déchire autour de l’héritage de l’oncle mort et va voir sa ruse se retourner contre elle. Décor simple, le lit monumental du mort, une très haute porte dans le fond, une porte-fenêtre côté jardin qui donne sur la courette où Lauretta ira nourrir les oiseaux, symbolisant la vie, la lumière, la jeunesse, face à l’austère chambre de la mort flanquée de chaises côté cour où la famille se morfond.

Côté théâtral, Loy joue en permanence du contraste des situations qui voit la famille se regrouper pour lire le testament fatal, puis éclater dans tous les coins de la pièce, avant de se réunir à nouveau en croyant tenir la solution. Ce ballet incessant fort bien réglé suit les évolutions de la musique au millimètre et les artistes se prêtent bien volontiers et avec talent à ce jeu dynamique qui met la salle en joie pour cette première partie.

Le décor du Tabarro, tout en restant sobre, est tout aussi évocateur et comprend une superbe péniche côté cour tandis qu’un escalier grimpe dans les cintres côté jardin et que le centre du plateau s’ornemente d’un mobilier sommaire, notamment un canapé et un tapis.

Rien de complexe, mais une belle atmosphère très bien reconstituée des bords de Seine du temps des mariniers et de leur dur labeur de transport de marchandises. Un peu à la manière de l’acte de sa Fanciulla del West, Puccini crée d’abord une scène de groupe assez typée où l’on retrouve les chanteurs de cabaret, les nostalgiques de la vie sur la terre ferme dans le quartier de Belleville à Paris ou ceux qui caressent le projet de s’installer enfin à la campagne dans une maison pour y prendre leur retraite. Le tableau est pittoresque et attachant et Loy prête à chaque saynète une représentation soignée presque picturale et très convaincante. Et le contraste entre cette sorte d’habile mélange de gens du peuple typés et représentés dans leur quotidien et le drame qui se noue entre Michele, le patron de la péniche, sa femme Giorgetta et Luigi l’un des débardeurs dont elle est amoureuse – et réciproquement – peu à peu au travers de regards, de soupçons, de rencontres inopinées, avant d’exploser dans un délire de violence très vériste (ce qui fut reproché à Puccini par Toscanini qui n’apprécia pas le final).

 

Quant à la véritable tragédie intimiste qui sert de conclusion grandiose à ce Trittico dans l’ordre décidé par Loy, le Suor Angelica, il reprend le cadre du décor de la farce inaugurale : la même porte très haute permet les entrées et les sorties des sœurs puis de la cruelle tante d’Angelica, côté cour des chaises, une table, côté jardin, la fenêtre qui donne sur l’extérieur, le soleil qui tombe sur les plantes regroupées dans des pots, tout détail qui fait sens dans l’histoire racontée.

Là aussi on apprécie totalement le sens du mouvement et la direction d’acteurs de Christof Loy, qui valorise fidèlement le ronronnement du couvent avec ses habitudes, permettant de percevoir les particularités de l’héroïne sans savoir encore quel malheur l’a conduit en ce lieu de réclusion perpétuel. A ces lentes ritournelles succède soudain, en parfaite conformité avec les crescendos de l’orchestre, la manifestation de la vérité, l’atroce révélation de la tante et la douleur intense qui en résulte.

Une belle équipe de chanteurs  

Il serait injuste malgré le choc provoqué par l’exceptionnelle soprano de ne pas saluer les autres interprètes, tout simplement parce que chacun a donné son meilleur et que l’ensemble des chanteurs était en parfaite harmonie avec l’œuvre, la mise en scène et l’équipe menée littéralement par Asmik Grigorian.

 

Le baryton géorgien Misha Kiria était déjà Gianni Schicchi à Salzbourg dans cette mise en scène et réitère son exploit, en campant le rusé florentin (personnage emprunté à la Divine Comédie de Dante), qui trompera toute la famille. Personnage situé entre le Dulcorama de Donizetti et le Fastaff de Verdi, rôles que Kiria a déjà interprétés, Gianni Schicchi a quelques airs comiques, dont pas mal d’exercices syllabiques, de prononciation rapide et saccadée, de contrefaçon de sa propre voix pour tromper le notaire, tous effets qu’il réussit globalement, doté d’une voix puissante et gouailleuse. Son « Si corre dal notaio » est enlevé, dynamique et grinçant à souhait. Il est très bien entouré de la Zita irrésistible de Enkelejda  Shkoza même si la voix accuse un vibrato très large, du Rinuccio du ténor Alexey Neklyudov, qui sans être exceptionnel, se tire honorablement du rôle très « italien » du jeune premier amoureux et notamment de sa tirade très lyrique et très ensoleillée « Firenze è come un albero fiorito » et de tous les autres !

Dans Il Tabarro, les deux rivaux qui se disputent l’amour de la belle Giorgetta sont très brillamment interprétés. Le baryton Roman Burdenko est le patron Michele, voix puissante et même percutante, émotion à fleur de peau, dont on soulignera le superbe duo avec Asmik Grigorian quand ils évoquent ensemble la perte de l’enfant et le bonheur passé de leur jeunesse et le monologue final violent et déchirant tout à la fois après son crime, « Nulla! Silenzio! ». Et c’est le ténor Joshua Guerrero, l’un des habituels partenaires de Asmik Grigorian, que nous aimons beaucoup pour sa voix chaude, terriblement expressive et très souvent émouvante, qui campe un Luigi sincère et passionné avec une conviction propre à rendre parfaitement crédible son histoire d’amour et à forcer l’empathie du public.

Si La Frugola d’ Enkelejda Shkoza, amuse beaucoup du fait d’une présence scénique incontestable tout en accusant comme lors du premier volet, un vibrato un peu envahissant, le vendeur de chansons de Dean Power est lui, de très belle facture et très remarqué dans la foule bigarrée qui représente « les autres » (chœurs compris).

 

Enfin dans Suor Angelica, opéra très centré sur son rôle-titre, on saluera la présente très charismatique de Karita Mattila, allure très altière, jouant et chantant de manière très crédible et encore fort admirable, la tante princesse aux principes rigides et cruels, et les très belles et justes prestations de Hanna Schwarz (l’abbesse), Theresa Kronthaler (la responsable des novices), Margarita Polonskaya (sœur Geneviève), mais il faudrait toutes les nommer tant leurs échanges fusent pour animer une première partie très réussie…  juste avant le drame.

La direction musicale de Carlo Rizzi est un peu inégale au cours de la soirée même s’il réussit à alterner les moments lyriques avec les accents plus véristes des parties dramatiques. Son Gianni Schicchi en particulier souffre d’un peu trop de discrétion de l’orchestre qui prend vraiment ses marques avec un Il Tabarro beaucoup plus sonore et appuyé et surtout un Suor Angelica où l’orchestre donne toute la mesure de son talent dans cette partition très puccinienne. Les couleurs des différents pupitres sont alors puissamment valorisées sans que jamais l’orchestre ne déborde de son rôle en couvrant les chanteurs. On a là un équilibre parfait qui contribue très largement à la beauté de cette soirée exceptionnelle.

 

Et pour la première fois depuis des années à l’Opéra de Paris lors d’une Première, le metteur en scène a été chaleureusement applaudi faisant d’ailleurs la démonstration qu’on peut avoir un immense talent d’homme de théâtre, connaitre parfaitement bien la musique et savoir créer une interprétation à la fois originale et novatrice – ne serait-ce que dans l’ordre des opus- pour embraser une salle et la faire passer en trois heures de temps, du rire à gorge déployée aux larmes à gorge serrée.

Bravo à tous, toutes pour ce moment exceptionnel !

Opéra national de Paris, Bastille

Il Trittico de Giacomo Puccini

Du 29 avril au 28 mai.

 

Visuels : © Guergana Damianova