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Arturo Chacón-Cruz : un Werther à couper le souffle

par Marta Huertas de Gebelin
04.09.2025

Après 10 ans d’absence, Werther de Jules Massenet revient en triomphe au Teatro Colón de Buenos Aires, incarné par le ténor mexicain Arturo Chacón-Cruz, un Werther saisissant de crédibilité, à la voix puissante et tendre : une formule à couper le souffle qui ne court pas les chemins.

L’année lyrique 2025 apparaît d’emblée comme « une époque dédiée à Werther ». Du moins en Europe, croyions-nous. Mais voici que l’Amérique du Sud se met au diapason et que ce chef-d’œuvre de Massenet revient sur les scènes les plus marquantes de notre continent : au Teatro Colón de Buenos Aires où il a été joué jusqu’au 3 septembre dans une nouvelle production de Rúben Szuchmacher et, en octobre, au Teatro Municipal de Santiago du Chili où il sera à l’affiche dans une mise en scène signée par l’espagnol Emilio Sagi.

 

Une question semble donc s’imposer d’elle-même : pourquoi ce regain universel d’intérêt pour cet opéra de Jules Massenet créé à Vienne en 1892, dont le livret s’inspire du célèbre roman épistolaire de Goethe Les souffrances du jeune Werther publié plus d’un siècle auparavant ? Est-ce un engouement un tant soit peu morbide pour une histoire d’amour au dénouement tragique ? N’y a-t-il vraiment rien qui nous rapproche de ce drame romantique avant l’heure, repris par un compositeur d’exquise sensibilité qui lui insuffle une nouvelle vie ?

Werther en surface

Aussi bien le roman de Goethe à l’origine du courant romantique né à la fin du XVIIIe siècle que le livret de l’opéra de Massenet montrent un milieu provincial bourgeois, paisible et respectable, où il ne se passe, d’habitude, rien de particulier. Y habitent des villageois qui profitent des joies simples de la vie de famille, des enfants qui répètent des chants de Noël en été, de vieux amis grands amateurs de Bacchus. On va à la messe le dimanche et à des bals populaires.

Mais ce cadre, qui se veut idyllique, abrite l’amour impossible du jeune Werther, un poète rêveur follement épris de Charlotte, la fille du bailli. Promise à un homme qu’elle n’aime pas, elle va l’épouser tout de même, comme elle l’a juré à sa mère mourante. Le jeune poète choisira donc la mort plutôt que de la savoir dans les bras d’un autre.

Werther en profondeur

On est en droit de se demander pourquoi ce jeune homme prend la décision définitive de se suicider. Tout d’abord, resituons-la dans son contexte culturel et spatio-temporel. Pour enviable qu’elle paraisse, cette existence provinciale qui repose sur les vertus de la pondération et la sécurité, est blindée de codes, et les contraintes d’une société croyante représentée par le culte du dimanche au temple protestant, la place de la femme au foyer, l’engagement solennel fait à la mère mourante, l’importance du pardon divin face au péché mortel du suicide, l’enterrement à l’extérieur du cimetière pour avoir mis fin à ses jours.

 

Gardons aussi à l’esprit que, romantique avant l’heure, le texte original de Goethe déploie les grands thèmes qu’exaltera ce courant littéraire, repris par Édouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann, les librettistes de Massenet. On y retrouve donc dans son opéra l’omniprésence de la nature, tantôt sous la forme d’un paysage idéal et apaisant (« O nature pleine de grâce », Acte I), tantôt comme le reflet de l’âme tourmentée du poète, dans le lied d’Ossian.

Et surtout, l’importance accordée à la sensibilité et à l’expression ouverte des émotions chez un héros romantique qui se heurte aux règles de la société bourgeoise et chrétienne de son époque (« Tout ce qui nous sépare peut-il être oublié ? », dit Charlotte au IIIe acte).

Ainsi donc, le jeune poète à la sensibilité exacerbée et émotionnellement vulnérable (ce qu’on appelait jadis mélancolie), idéaliste à souhait (« O spectacle idéal d’amour et d’innocence », Acte I) et dont la passion pour Charlotte reste inassouvie (« Ah ce premier baiser, mon rêve et mon envie », Acte III), ne conçoit d’autre issue à sa détresse que de se donner la mort (« Prends le deuil ô nature. Nature ! Ton fils, ton bien-aimé, ton amant va mourir ! », Acte III). Ne sachant pas gérer sa frustration quand l’objet de ses désirs lui échappe, et contraint à l’exil par une Charlotte intransigeante de peur de succomber à des sentiments inavouables, Werther s’isole de la société dans une chambre petite et lugubre, ce qui ne fait qu’aggraver son sentiment d’aliénation. Rien de pire pour sa santé mentale que la solitude. « Ah ! Personne auprès de lui ! Pas un seul témoignage de tendresse ou même de pitié ! », dit Charlotte dans son remarquable « Air des lettres ». Finalement, le jeune homme basculera dans une forte dépression qui, accrue par le dernier refus de Charlotte, le mènera au suicide.

La production de Szuchmacher au Teatro Colón

Pour la nouvelle production de Werther de Massenet dans le grand théâtre lyrique de la capitale argentine, le metteur en scène Rúben Szuchmacher, secondé par Jorge Ferrari, son collaborateur habituel pour les décors et costumes, a choisi de situer l’action dans les années 1930, une époque où persistaient encore certains codes sociaux et moraux du siècle précédent. Szuchmacher ne cache pas que son travail s’inspire aussi du remarquable roman épistolaire argentin de Manuel Puig, Boquitas Pintadas (Lèvres rouges, 1969) dont l’histoire d’un amour qui se veut exclusif et éternel a lieu entre 1934 et 1968 dans un village de la province de Buenos Aires. Ce lien intertextuel permet à Szuchmacher de construire une passerelle temporelle crédible à partir de laquelle s’articulent des images et des mandats sociaux qui parlent encore aujourd’hui aux spectateurs de nos contrées.

 

Ainsi conçue, la production s’est permis le luxe de la simplicité. Des décors assez dépouillés marquent des espaces clairement lisibles, permettant aux spectateurs de centrer l’attention sur la musique de Massenet et les prestations des chanteurs. De leur côté, les costumes, bien coupés et soigneusement réalisés, semblent avoir été tirés d’un magazine de mode d’avant-guerre, exception faite d’une certaine nonchalance dans la mise du poète Werther.

Du blanc du premier acte au noir de la fin, la couleur et les lumières de Gonzalo Córdova accompagnent les intenses émotions des deux personnages principaux, reflétant surtout la dégradation subjective du protagoniste.

Quant à la direction d’acteurs, sans être spécialement mémorable, elle est efficace et, face à deux distributions vocalement bien différentes, a eu la clairvoyance de proposer deux lectures de l’œuvre, éloignées l’une et l’autre de toute grandiloquence, mais plus puissante et passionnelle celle dont le rôle-titre est incarné par le remarquable ténor mexicain Arturo Chacón-Cruz.

Un plateau dominé par le Werther d’Arturo Chacón-Cruz

Il n’y a pas de Werther inoubliable sans un ténor qui sache vraiment s’approprier du personnage complexe de ce héros romantique. Le Teatro Colón de la capitale argentine a fait le meilleur des cadeaux à son fidèle public en lui offrant cette saison un protagoniste, Arturo Chacón-Cruz, dont la performance, empreinte de mélancolie, de tristesse ou de passion selon les moments, est toujours remarquable. Dès sa première apparition sur scène, avec l’air d’invocation à la nature, on sait que sa prestation sera extraordinaire. Sa voix de ténor lyrique pur est d’une grande beauté, lumineuse et captivante ; sa musicalité est incontestable ainsi que son phrasé ; son exemplaire projection vocale permet que le texte soit toujours compréhensible jusque dans les plus lointains recoins de la grande salle à 2 500 places. Et ses aigus ! Ils sont fulgurants, à couper le souffle (du public, bien entendu) et d’une grande beauté. Son interprétation scénique et vocale in crescendo atteint son apogée au troisième acte avec le célèbre « Pourquoi me réveiller » qui a déclenché des bravos et des applaudissements nourris, mais aussi dans la scène de la mort de Werther ainsi que dans d’autres expressions de la subjectivité du personnage que le ténor mexicain sait rendre saisissants, telles : « Un autre est son époux ! » ou « Appelle-moi ».

Ce soir-là, tout aurait probablement été pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si la mezzosoprano chilienne Maria Luisa Merino Ronda, à qui était dévolu le rôle de Charlotte, n’était pas tombée malade. C’est l’Argentine Alejandra Malvino qui a dû prendre le relai. Doublure sans représentations assignées, Malvino n’avait pas eu la possibilité de répéter avec ses collègues, mais en bonne professionnelle chevronnée et grâce à sa connaissance du rôle de Charlotte, elle a sauvé les meubles et mieux que cela. À remarquer spécialement son « Air des lettres » de l’Acte III où elle a réussi des moments de grande émotion. Le public lui en a été reconnaissant et l’a remerciée de ses applaudissements.

 

Côté féminin, la distribution est complétée par la soprano argentine Constanza Diaz Falú, gracieuse et charismatique, qui a joué avec aisance son rôle de Sophie grâce à sa voix ronde et bien projetée, sans problème dans l’aigu.

 

Quant à Albert, le mari modèle, bienveillant et fiable, il est incarné par le baryton argentin Sebastian Angulegui qui a livré une performance sobre et équilibrée, mais il s’agit d’un rôle dans lequel il est difficile de briller, et encore moins auprès d’un Werther de la trempe de Chacón-Cruz.

 

Pour leur part, les rôles masculins secondaires – le bailli de Gustavo Gibert, le Schmidt de Gabriel Centeno et le Johann de Luis Gaeta – qui contribuent à brosser l’atmosphère provinciale et simple du petit village allemand – sont interprétés avec compétence par des chanteurs aux longues carrières lyriques.

 

Opéra sans chœurs, le tableau familial et villageois de Werther est enrichi par la présence pure et insouciante des enfants les plus jeunes du bailli, qui apprennent et interprètent des chants de Noël. Le chœur d’enfants du colisée argentin, fort bien préparé par Helena Cánepa, offre dans ce rôle une excellente prestation qui sert, au dernier acte, à mettre en relief le drame fatal des personnages principaux.

Un chef d’orchestre espagnol à la mesure d’un grand titre du répertoire français

La partition du Werther de Massenet jouit d’une écriture orchestrale de grande richesse et sophistication, basée sur des scènes intimistes où dominent des airs et des duos. Sans effets spectaculaires, tantôt lumineuse, tantôt mélancolique ou débordante de poésie, tantôt enflammée, sa musique dessine la psychologie des personnages par l’emploi de thèmes musicaux moins systématiques que les leitmotivs. En outre, son écriture intègre le lyrisme mélodique du répertoire romantique, mais s’aventure également dans des régions harmoniques nouvelles, qui incluent le saxophone, « un instrument assez en avance pour son époque, et nous parlons de 1880, alors que Puccini n’avait pas encore commencé. », affirme Ramón Tebar, à la tête de l’Orchestre Permanent du Teatro Colón pour toutes les représentations de Werther.

Dirigé par le chef espagnol avec raffinement ou brio suivant les aléas de la trame, l’orchestre maison a fait preuve d’un excellent niveau, avec des cuivres rutilants, des subtilités dans les cordes et des percussions à leur juste mesure. Sans doute, Tebar a su faire sienne la pensée de Massenet : “Dans (…) Werther l’orchestre représente, sur un plan symbolique, l’un des personnages principaux ».

Toutes les bonnes choses ont aussi une fin, hélas !

Le spectacle s’est achevé sous les applaudissements et les bravos du public. Mais ce n’est pas tout. En sortant du théâtre, nous avons été frappées par les propos émus de nombreux spectateurs devant le vécu et à la souffrance des principaux interprètes. Ainsi avons-nous entendu des remarques inhabituelles telles que : « J’ai pleuré à chaudes larmes » ou « Mon cœur se serrait face à leur malheur », venant de l’empathie ressentie pour le destin tragique de Charlotte et de Werther.

Si le principal dessein de l’art est de permettre la catharsis des émotions, cette représentation de Werther y est largement parvenue. C’est sans doute l’œuvre de toute la production, mais surtout de la superbe interprétation de la mélodieuse, intensément lyrique et parfois violente musique de Massenet par l’Orchestre Permanent du théâtre et d’Arturo Chacón-Cruz qui a régné d’un bout à l’autre de la soirée avec sa belle voix chaude et puissante, et sa superbe composition du héros romantique.

Visuels : © Juanjo Bruzza/Teatro Colón