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Opéra de Lyon : une magistrale représentation de « Peter Grimes » dont on se sort pas indemne

par Helene Adam
13.05.2025

Salle comble en ce dimanche après-midi ensoleillé à Lyon pour la deuxième de Peter Grimes mis en scène par Christof Loy, dirigé par Wayne Marshall et dont le rôle-titre est interprété par l’exceptionnel Sean Panikkar. On en ressort sous la pluie, qui s’est invitée entretemps, dans un état d’esprit proche de l’euphorie, l’œuvre est belle et elle est magnifiquement servie.

Peter Grimes, le retour de l’opéra en langue anglaise

 L’art lyrique dans sa forme « opéra » est rarement en langue originale britannique, si on excepte l’époque baroque, avec une partie de l’œuvre de Haendel et surtout celle de Purcell, et quelques incursions rares au dix-neuvième siècle comme le brillant et méconnu Oberon de Weber ou l’opéra flamboyant de Ethel Smyth, The Wreckers, très récemment sorti de l’ombre.

Le Peter Grimes de Benjamin Britten fait donc figure d’événement dans le monde de l’opéra lors de sa composition en 1945. Depuis lors les opéras de Britten sont considérés comme des classiques de la musique du vingtième siècle et l’opéra contemporain est très régulier de langue anglaise tant ces dernières décennies ont vu apparaitre de nombreux compositeurs américains. ce qui, s’il en était besoin, prouve à quel point la langue de Shakespeare est magnifique quand elle est chantée.

 

Homosexuel et donc, exclu

Le premier grand opéra de Benjamin Britten, est le reflet des thèmes majeurs de la vie du compositeur : ses racines dans son Suffolk natal et son statut d’exclu en tant qu’homosexuel à une époque où l’expression de ces inclinaisons était encore un délit. Les homosexuels ont été parmi les victimes des camps de concentration nazis, pourchassés et exterminés comme tels, durant les années qui précèdent. La bonne société stigmatise ce qu’elle considère comme une déviance sexuelle gravissime. Et Britten lui-même est profondément meurtri par ce rejet.

Il écrivit le rôle de Peter Grimes, marin pêcheur incompris, isolé, brutal, partagé entre ses rêves et la dure réalité, pour son compagnon le ténor Peter Pears. Ceux qui auront écouté son interprétation, savent qu’il en a fait un héros marginal bouc émissaire d’une société qui n’aime pas la « différence ».

 

 

Par la suite, de nombreuses autres interprétations ont montré que le personnage pouvait être vu sur beaucoup de facettes différentes – de Jon Vickers qui en fit un héros dramatique à la voix puissante et déchirante à Allan Clayton qui récemment à l’Opéra Garnier, optait davantage pour le personnage replié sur lui-même dans une vision intimiste et rêveuse très séduisante.

L’Opéra national de Lyon, quant à lui, avait précédemment proposé un festival Benjamin Britten en mars 2014, regroupant Peter Grimes et Le tour d’écrou, et où la mise en scène très visuelle, avec mer et bat eaux, du Japonais Yoshi Oida, illustrait fidèlement le suspens du récit de cette chasse aux sorcières qui fit le succès du jeune Britten par la tension dramatique qui se dégage à chaque tableau.

La sobriété pour une représentation universelle de l’exclusion

Christof Loy prend le contrepied total, renonçant à toute représentation maritime et même à tout décor, hormis ce grand lit style chambre de Van Gogh, qui semble vouloir sans cesse basculer dans la fosse d’orchestre et qu’on aperçoit dès avant l’ouverture du rideau.

Sa mise en scène, épurée et incroyablement évocatrice dans cette sobriété parfaitement maitrisée, avait reçu l’International opera award de la meilleure mise en scène en 2016 suite à sa création l’année précédente, à Vienne, au Theater an der Wien.

Pour le reste, un vaste pan incliné blanc occupe l’œil, le terrain, offrant une vision très lumineuse, aire des mouvements quasiment chorégraphiés de la foule, l’un des principaux acteurs de l’œuvre de Britten.

Les costumes modernes et intemporels de Judith Weihrauch, habillent la communauté villageoise dans des nuances de gris discrètes, tandis que les solistes portent des couleurs vives – le bigot Bob Boles, par exemple, est en vert cru et les nièces de Auntie, dignes d’un cabaret, sont en rose Barbie. Grimes revêt un costume blanc cassé clair au lieu de vêtements de travail, ce qui témoigne de son innocence, si l’on interprète ainsi l’ambiguïté inhérente à son histoire.

On ne sortira pas de ce cadre surexposé, dont la bordure se pare de légère teintes bleutées maritimes et qui comprend en son centre, une trappe d’où émergent parfois les personnages, notamment lors de la scène de la tempête, et en son extrémité un panneau noir qui recule ou avance pour dimensionner la scène (en général immense comme la mer sans horizon), flanquée d’une porte et d’une échelle qui se perd dans les cintres pour la scène de la seconde mort de l’apprenti.

La foule amène des chaises en grand nombre mais les dispose de telle sorte qu’on ne peut pas s’y asseoir avant qu’elles ne soient d’ailleurs regroupées en vrac dans le fond. Un canapé est également présent pour le long échange émouvant et romantique entre Peter et Ellen, symbolisant la « vie normale » dont ils rêvent l’un et l’autre.

Et le lit ? C’est le refuge de Peter Grimes, celui où il dort au début du récit, réveillé par le charretier Hobson aux cris de « Peter Grimes » (trois fois) puis par l’homme de loi Swalloh. C’est le lieu où le capitaine Basltrode le réconforte, où il se cache de la vindicte populaire et où il dissimule à lui, aux autres, ses penchants homosexuels.

Le parti pris de Christof Loy

Car le parti pris de Christof Loy est net et explicite. Plusieurs points de vue se sont déjà exprimés pour savoir si au travers de cette poursuite effrénée du présumé coupable, de plus de deux heures au milieu de la tempête, du vent, de la pluie, de la marée montante et menaçante, Britten avait voulu exprimer toute la révolte que lui inspirait le rejet violent de l’homosexualité par la société de son époque.

Malgré les controverses à ce sujet, il est fortement probable que ce soit le cas et Loy a raison quand il écrit « avec Peter Grimes, Britten compose une partition très autobiographique ».

Britten suggère quelque chose comme : Peter Grimes est pourchassé parce qu’il n’est pas comme les autres, comme le sont les homosexuels. Il lui est strictement impossible d’aller au-delà et Loy décide de son côté de faire à sa place « ce que Britten ne pouvait exprimer que par sa musique ».

Il donne donc « une présence scénique plus importante que d’habitude au garçon que Peter emploie » et pour « rendre crédible leur relation amoureuse », il confie le rôle « à un jeune homme, incarné par un danseur ».

Ces scènes montrant ce désir sexuel de Basltrode pour Peter Grimes, l’objet de toutes les envies masculines que représente le jeune apprenti, participent esthétiquement de cette sorte de ballet permanent que Loy privilégie pour représenter les mouvements.

Et c’est durant les impressionnants interludes que se nouent ces tableaux relationnels, tendres ou brutaux, les élans de passion comme le rejet et la peur de l’interdit, de la foule, du quand dira-t-on des petites communautés de pauvres.

Le metteur en scène montre de manière sidérante de beauté et d’efficacité, ces humeurs de la foule où chacun a sa place et irradie la scène de sa forte personnalité, y compris la masse de pêcheurs, la foule de villageois qui oscille d’un bout à l’autre du plateau, symbolisant la force du vent de ce « bourg » pauvre et isolé, le mouvement incessant des marées, celui obsédant de la houle. Tantôt en groupe compact, tantôt disposés en ligne suivant les trois côtés d’un carré, tantôt en bandes de trois ou quatre se tenant en chaines et avançant en formation menaçante.

Et les voix du final qui répètent « Peter Grimes » sont particulièrement effrayantes, le chœur est alors tourné vers le public, le plateau assombri ne laissant voir que les petites lumières qu’ils tiennent à la main.

Sean Panikkar, un Peter Grimes fascinant

La direction d’acteur de Loy est toujours remarquable et celle-ci ne fait pas exception d’autant plus que chacun est clairement caractérisé, le Peter Grimes miraculeux du beau ténor Sean Panikkar, et son maillot de corps à la Brandon dans un Tramway nommé désir dont on sait la charge érotique recherchée, la « femme » qui tente de le sauver, la belle Ellen Orford de Sinéad Campbell-Wallace, tailleurs strict et chignon lors de la première partie puis cheveux défaits infiniment plus séduisante après l’agression de Peter Grimes ou l’inhabituel Balstrode de Andrew Foster Williams plus séducteur que vieux loup de mer à la retraite.

C’est la composition forte et impressionnante de Sean Panikkar qui retient d’abord l’attention tant le ténor est investi dans son rôle dont il donne une incarnation très personnelle et très convaincante. Il est tour à tour inquiet de la véritable inquisition dont il est victime, dévoré par le désir interdit dont il est objet puis acteur, pêcheur colérique et intransigeant, terriblement attiré par l’impossible normalité que représente Ellen, la réalisation de ses rêves de richesse et de confort, puis à nouveau tenté par la violence, déchainé même contre elle, contre le jeune apprenti, contre la vie. Son « What harbour shelters peace ? « quel port donnera la paix ?) , ce symbole de l’exclusion dont il est victime, montre un homme torturé qui se consume sans pouvoir trouver d’issue à son mal.

La voix est puissante, le timbre lumineux, l’acteur impressionnant et le style impeccable. Américain, Sean Panikkar prononce particulièrement bien cet anglais poétique qui compose le livret de Montagu Slater. L’artiste en état de grâce, parcourt le plateau avec fièvre sans jamais se départir de cette urgence qui broie le marin pris dans un étau impitoyable.

Ovationné à juste titre, le ténor restera dans nos mémoires comme l’un des meilleurs Peter Grimes actuellement sur les scènes et l’on s’en réjouit pour un artiste qui surprend toujours par ses prestations originales et uniques. Nous l’avions déjà beaucoup apprécié en Loge dans l’Or du Rhin à Munich il y a quelques mois.

Des chanteurs et acteurs exceptionnels

La mezzo-soprano Sinéad Campbell-Wallace n’est pas en reste en Ellen Orford et elle impressionne le public par la maitrise des acrobaties vocales imposées par le rôle. Car Ellen a de sacré sauts de registre à assurer dans sa partie, des écarts de notes meurtriers, des changements de style importants. Mais aucun de ses airs ne lui pose le moindre problème et sa belle présence fait le reste, une performance très séduisante et très applaudie, qui force l’empathie à chaque instant.

Andrew Foster Williams était déjà le Capitaine Balstrode à Lyon en 2014 dans la mise en scène de Yoshi Oida. Il passe d’une mise en scène à l’autre, d’un Balstrode attentionné et calme, personnifiant la possibilité de secourir Peter Grimes et de lui apporter la rédemption par l’amitié qu’il lui porte, à un homme tourmenté, attiré sexuellement par Peter comme par l’apprenti et cédant régulièrement à ses pulsions ce qui ruine sa crédibilité dans la communauté villageoise. Belle voix, beau timbre, belle expression scénique, le baryton épouse sans difficulté ce rôle de composition complexe et s’il peut surprendre ceux qui attendent le vieux loup de mer habituel, il séduit tout autant par l’originalité et la qualité de la performance.

Ce sont les trois personnages positifs, tous peu ou prou victimes de leur condition, des préjugés, de leurs désirs inassouvis.

Autour d’eux dans un premier cercle, gravitent les archétypes d’un village portuaire tels que Britten les a observés dans son enfance dans le le Suffolk : la tatie (Auntie) propriétaire de l’auberge, habillée de rouge, perruque rousse, très en verve de Carol Garcia, ses deux « nièces » semblables bonbons roses en tutu, les attractions du « Sanglier » très bien interprétées par Eva Langeland Gjerde et Giulia Scopelliti, brillantes solistes du Lyon Opera Studio, l’insupportable rentière Mrs Sedley, robe fleurie sur vieille peau, parfaitement caricaturée par la wagnérienne Katarina Dalayman (qu’on retrouve avec plaisir), le Swallow, homme de loi rigide qui laisse percer son humanité et son sens de la Justice de Thomas Faulkner, le Ned Keene, drôle d’apothicaire à moitié guérisseur de Alexander De Jong, le pêcheur et méthodiste Bob Boles, plus vrai que nature, du ténor Filipp Varik, qui fait montre d’une très belle voix et d’une présence sur scène de celles qu’on remarque.

Dans cette galerie pittoresque de personnages il ne faut oublier ni celui qui ouvre le bal, le charretier de la basse Lukas Jakobski,  pas plus que Le Révérend Adams, recteur de la paroisse campé par le solide ténor Erik Årman.

Parmi eux, le jeune apprenti John, personnage muet mais très actif dans la scénographie de Loy, est joué par le danseur Yannick Bosc, qui exécute une véritable chorégraphie très évocatrice, en habitué des mises en scène de Christof Loy auxquelles il a maintes fois participé depuis quelques années.

Le deuxième cercle, celui formé par les Chœurs de l’Opéra de Lyon sous la direction de Benedict Kearns, montre un professionnalisme impressionnant et l’extrême qualité du spectacle doit beaucoup à leur omniprésence efficace et inoubliable.

Une direction très inspirée de Wayne Marshall

On ne dira jamais assez à quel point la direction musicale est fondamentale dans une œuvre aussi complexe qui entremêle en permanence plusieurs genres artistiques, des parties orchestrales brutales et sonores avec des mesures élégiaques, romantiques et lyriques, fait intervenir toute sorte d’instruments (dont un orgue et un tambour qui monte sur la scène d’ailleurs), en valorisant chaque pupitre. Britten a composé six « sea interludes », intitulés, Dawn, l’aurore, Storm, la tempête, Sunday Morning, dimanche matin, Passacaglia, passacaille, Moonlight, clair de lune et Interlude qui s’intercalent entre le Prologue et l’acte 1 puis entre les scènes des trois actes.

Cette « respiration » musicale comprend des thèmes à l’orchestration très variée, offrant une musicalité originale qui n’est pas sans rappeler le style de Wagner et de Strauss. Britten a fusionné le mot et la musique avec une maîtrise fascinante qui rend cette œuvre inoubliable et même obsédante par ses leitmotivs particulièrement réussis. Wayne Marshall, grand spécialiste de la musique anglo-saxonne, rend justice à cette partition où se mêlent harmonies et dissonances, et qui, au-delà de la forme, évoque sans cesse et si bien, le destin tragique de l’exclu. Des grandes plages symphoniques, aux obsédants thèmes parfois juste susurrés, des références au folklore britannique aux traditions liturgiques ou marines, on a rarement ressenti avec autant d’émotions, la richesse du chef d’œuvre de Britten.

Une longue ovation accueille le héros du rôle-titre puis l’ensemble des participants avec une intensité particulière à l’encontre des choeurs, de l’orchestre et de son chef. Bravo à tous.

Peter Grimes, du 9 au 21 mai 2025

Une mise en scène de Christof Loy, sous la direction musicale de Wayne Marshall

Visuels : © Agathe Poupeney / Opéra de Lyon