Danser le Nosso Baile, c’est s’abandonner au plaisir du rythme, au plaisir d’être ensemble dans une même énergie, au plaisir de se laisser emporter par la danse. Créée en 1997, la Biennale Internationale de Danse du Ceará au Brésil a choisi Henrique Rodovalho pour créer avec des artistes du Ceará, des étudiants en danse ou des compagnies locales une œuvre spécifique pour la biennale 2025. Chorégraphe d’expérience il a misé sur la jeunesse et la diversité pour offrir à la saison croisée France-Brésil ce Nosso Baile aux sensations libératrices.
Quinze jeunes dont on sait qu’ils viennent de Fortaleza, São Paulo et Salvador arrivent un par un sur le plateau. Leurs diversités physiques et leurs habits colorés égayent l’atmosphère. Ils habitent l’espace de leur envie de danser et dégagent un sentiment de liberté rappelant la force de l’enthousiasme de la jeunesse ; la salle Gémier est en éveil, prête à répondre à toute sollicitation. Ils nous attrapent de face mais la danse va se dérouler principalement dans des déplacements de cour à jardin.
Le groupe se forme, s’anime, construits des images ; on remarque l’allure de l’un ou l’autre, ils nous intéressent. La musique aux élans funk et aux références africaines (on pense au kizomba) impose son rythme et provoque les danseurs. Leur endurance va être mise à l’épreuve car aucun moment de répits n’est prévu dans la bande son. De ce groupe va se détacher, des solos, des solos et encore des solos. Le parti pris du chorégraphe est clair mettre en évidence la danse de chacun, certains sont virtuoses d’autres en recherche. Les structures relationnelles entre le groupe et l’artiste en solo sont parfois très justes mais d’autres parfois aléatoires relèvent de la trouvaille.
Les 15 jeunes danseurs réunis dans un même élan sous l’impulsion du chorégraphe Henrique Rodovalho se donnent à la hauteur de leurs moyens techniques. Mais 15 solos, c’est beaucoup même si duo et quatuor viennent ponctuer ce long cheminement dans la danse de l’autre. Cette humanité joyeuse, aux rythmes dans les pieds et aux ondulations du bustes toutes brésiliennes, a du mal à vivre pleinement ce moment de partage que lui offre Chaillot.
L’absence de concept, d’objectif, d’écriture chorégraphique est patente. La danse se crée dans le corps de chacun et ne relève pas d’un schéma mouvement-espace-temps qui permettrait à l’émotion (que chacun doit ressentir c’est certain) de prendre sens. L’engagement des interprètes dans la danse ne relève que d’eux-mêmes ce qui accentue l’aspect démonstration de la proposition.
La salle pourtant s’est laissée embarquée. La jeunesse engagée est toujours belle …
Visuel: © Allan Diniz – Bienal Dança Ceará 2025