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Mother Tongue de Lucía García Pullés : une plaie dans le langage

par Beatrice Lapadat
28.04.2025

Conçu comme un solo fait de « récits intimes » et « normatifs » mettant en scène un « corps palimpseste », Mother Tongue – création signée par l’artiste argentine Lucía García Pullés, aujourd’hui installée à Paris – a été présentée à la Panopée le 25 mars, dans le cadre du Festival Artdanthé organisé par le Théâtre de Vanves avant son arrivée le 7 juin aux Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis.

Mother Tongue et sa fille malpolie 

Au début,  on pense à peine à la langue et à ses muscles. Dans l’obscurité qui domine l’espace, l’on saisit vite le top rouge en latex, ainsi que les shorts noirs, eux aussi du même tissu (création costumes Anna Carraud), que porte l’artiste dont la langue se cache bien, pour l’instant, dans l’empire de sa bouche. Une autre langue, celle qui traverse la parole-texte, se révèle tout de suite, ambiguë et cryptique. En bas de l’enceinte dominée par la présence surplombante de Lucía García Pullés – qui avait présenté en 2022, dans le cadre de [Déca]danse au Théâtre de Vanves, Re.verb, performance intégrée dans la recherche qui précède Mother Tongue – une pancarte lance le premier thème de réflexion offert aux spectateur.ice.s : « Combien de langues il y a dans la bouche ? » 

Bien tirer la langue

Pour tenter d’y répondre, l’artiste commence à mobiliser lentement et subtilement l’organe évoqué dans le titre de la création. Des mouvements curieux et émerveillés, comme si la performeuse découvrait pour la première fois le palais, la glotte et la mâchoire qu’elle héberge dans son corps. Une fois la langue bien tirée devant l’audience, on ne peut pas s’empêcher de se demander : est-ce un acte de transgression, un mobile obscène que la performeuse dessine ? Est-ce juste une exploration anatomique aux visées scientifiques ? Est-ce une enfant gâtée et malpolie, une vieille femme en déclin cognitif ou une femme qui cherche à faire confronter l’audience à la violence de l’inconnu.e ?

Au rythme saccadé de l’environnement sonore électro-dark assuré par Aria Seashell Delacelle dans une synchronie parfaite avec le monde imaginé par la chorégraphe-interprète, la langue devient graduellement le corps entier. Elle ne l’envahit pas, elle le métamorphose tout simplement. On n’y voit plus les modulations d’un corps fait de plusieurs « parties », toutes sous l’emprise des stimuli sonores, mais une langue démesurée qui, par hasard, possède des jambes, des bras tour à tour étirés et contractés, un torse et une tête. Tout dans le réseau corporel de cette entité mouvante est désormais régi par la soumission à cette langue religieusement convoquée, imitée, adorée et incorporée avec le soin et la responsabilité que dégage chaque geste. 

La langue comme espace de subversion

Mais qu’en est-il de l’autre langue, celle médiée par la parole ? Dans un refus obstiné du langage articulé issu de sa propre voix,  Lucía García Pullés étale successivement d’autres pancartes où l’on peut lire : « Ça a coûté combien le Sud? L’accent est cher », « Paladar en français se dit palais, comme celui de Versailles ou de Tokyo » ou « Ça fait quatre ans et onze mille km. qu’on est là ». Lorsque ces phrases sibyllines risquent de créer une certaine frustration chez les spectateur.ice.s-lecteur.ice.s qui sont laissé.e.s. en déchiffrer la signification à leur guise, le geste peut aussi être lu comme un désir de renverser les rapports de pouvoir déployés sur l’axe linguistique lors d’un processus classique de migration: pourquoi faudrait-il réconforter toujours celui qui possède la langue maternelle, la « mère reine » qui renforce les privilèges linguistiques entre tant d’autres, pendant que celui qui sort de la coquille de sa « mother tongue » doit multiplier les efforts pour être cohérent.e, correct.e et compréhensible ? 

Injonctions culturelles

Si la scène opère, pour la performeuse argentine, comme un espace de subversion et de soustraction aux injonctions linguistiques, corporelles et culturelles subies à la suite d’un déplacement géographique, la place de l’autoironie n’en est pas moins importante. Lorsqu’elle reproduit des sons spécifiques à la langue française, comme le « o » ou le « un » – la seule occasion où elle active sa voix dans le spectacle – Lucía García Pullés se met en scène de manière clownesque, soulignant à la fois le caractère ridicule de ses exercices phonétiques et sa propre incapacité à s’y adapter et intégrer ces sonorités étrangères de manière appropriée sur la surface de sa langue-mère. La gravité et les accents sombres sont de retour lorsqu’une chanson mélancolique en espagnol – Penumbras, un cover de Mailen Pankonin d’après le chanteur argentin Sandro, ultra-populaire dans le pays sud-américain dans les années 70 – remplace les sons techno. Vers la moitié de la chanson, la danseuse enlève, dos au public, la veste rouge en latex, comme un abandon de l’hyper-langue qui avait possédé et métamorphosé son corps : on dirait qu’une plaie se fond au sol, avec toute sa texture faite de non-dits et de paroles énigmatiques. Ainsi la performance, fondée sur « la répétition et la saturation », touche-t-elle à sa fin.

Faisant de la polyvalence sémantique du mot « langue » aussi bien un jeu enfantin et une confrontation avec les couches les plus sombres de son identité dépliée entre le Nord et le Sud, Lucía García Pullés, qui a collaboré avec des chorégraphes comme Mathilde Monnier et Volmir Cordeiro, exprime dans Mother Tongue son « besoin de survie et la peur de disparaître » entre révolte, humour et une étrangeté joyeusement assumée. À la place du langage, la langue visqueuse et humide comme interminable rouleau-papyrus porteur des discours du Sud, du Nord, d’ailleurs. 

 

Mother Tongue de Lucía García Pullés, vu le 25 mars dans le cadre du Festival Artdanthé, Théâtre de Vanves 

En tournée le 7 juin dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint Denis , à 21H30 aux Laboratoires d’Aubervilliers

 

Informations et réservations

Visuel : © Oscar Chevillard pour Mother Tongue