Comment être « au milieu de la vie » (media vita), c’est-à-dire en son cœur, quand les écrans nous détournent de notre vie intérieure ? Comment entendre encore le silence quand le monde bavarde ? Dans une performance corps et poésie, dans la grande salle de la reine blanche, la comédienne Cécile Falcon cherche les réponses à ces questions actuelles. Précieux et cult!
Je suis, pour de bon, à l’extérieur. Non pas dans les paysages, mais dans mon propre extérieur, celui qui existe dans le monde, sans que j’existe moi-même.
Au cœur de la psyché
Cécile Falcon a écrit une ballade sous forme d’un pèlerinage aux nombreuses stations en direction de son propre être. Sans que nous sachions s’il s’agit d’un rêve ou du journal intime d’un voyage, le seule-en-scène onirique mêle avec finesse et élégance théâtre et danse. Nous accompagnons l’odyssée internationale en même temps qu’intérieure d’une femme, de la cour de sa grande maison vide à des chambres d’hôtel à travers la planète (Hong-Kong, Dubaï, Lyon ou Amsterdam…). Elle partage avec nous ses inquiétudes et ses émerveillements. Elle a compris que la vie est une flamme brillante, mais fragile et que la concrétude est toujours trompeuse. De la vanité, la comédienne échappe par une prosodie solide et un magnifique engagement du corps.
As-tu compris que tu ne sais pas ce que tu dis ?
que ton corps ne t’appartient pas ?
que ta langue n’est pas de toi ?
que l’air est celui d’avant ? ou celui d’après ?
que tout coïncide ? que tout existe en même temps ? que tu es déjà dans la mort, sans y être jamais ?
La comédienne est magique, car elle sait saisir son public, bercé par les mots et hypnotisé par sa dance. Elle s’interroge sur ce défi d’être à soi et à la vie. Elle propose un renversement de la pensée commune : C’est en contemplant et en décrivant que je suis au monde. Je dois accepter de me fondre dans une méditation au cœur de la nature et de la vie. Je regarde donc je suis. Beau et édifiant, le spectacle est à ne pas rater.
MEDIA VITA
TEXTE + MISE EN SCÈNE + JEU=Cécile Falcon
REGARD EXTÉRIEUR=François Cervantes
DUREE 1H05
jusqu’au 4 février
crédit photo © Vincent Jolfre